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Song : space song - Beach House

Jordan :

Cela fait quatre jours que Gabriel est parti avec Solène. Chaque jour qui passe alourdit un peu plus mon cœur, car je le sens de plus en plus éloigné de moi. J’ai beau recevoir des nouvelles quotidiennes, des photos, des vidéos, cela ne remplace en rien le fait de le voir en face de moi. Quatre jours que nos conversations me manquent, que son sourire me manque, sa voix, son odeur... tout de lui me manque. L’idée de ne pas l’avoir près de moi me terrifie et me laisse dans une grande vulnérabilité.

Le travail continue, mais je n’ai pas vraiment la tête à ça. Je fais les choses machinalement, à moitié absent, et mon malaise devient de plus en plus visible. Marine l’a d’ailleurs remarqué, et elle ne tarde pas à essayer de comprendre ce qui ne va pas.

« Ça va, Jordan ? Tu as l’air préoccupé ces derniers jours. Il se passe quelque chose ? » me demande-t-elle, visiblement inquiète.

Si elle savait, pensais-je. Si seulement je pouvais lui dire à quel point Gabriel me manque. À quel point son odeur m’apaise, sa présence me rassure et me fait tout oublier, même mes plus grandes angoisses. Si elle savait que ses regards me font me sentir unique, précieux, chaque fois que je suis avec lui. Mais je ne peux pas le lui avouer. Jamais. Que penserait-elle si elle découvrait que je fréquente Gabriel, le Premier ministre en personne ? Que dirait-elle en apprenant que moi, son bras droit, suis éperdument amoureux de celui qui se trouve de l’autre côté de la barrière politique ?

Je n’ose même pas y penser. Alors, je lui réponds quelque chose de vague, un mensonge de plus, car à ce stade, qu’est-ce que ça changerait ?

« Non, non, ça va, » murmurai-je. « Juste un peu de fatigue, ça finira par passer. »

Marine me dévisage un instant, visiblement peu convaincue, mais elle n’insiste pas. Tant mieux. Je n’ai pas la force de discuter davantage. Alors qu’elle retourne à son travail, je me laisse envahir par un mélange de frustration et de tristesse. La solitude me pèse de plus en plus, et l’absence de Gabriel m’est insupportable.

Soudain, mon téléphone vibre. Je l'attrape d'un geste automatique, m'attendant à une énième photo ou vidéo. Mais non, c'est un message. Un message de mon père, encore une fois. Il m'envoie des nouvelles de Gabriel Attal, toujours accompagnées de ses innombrables commentaires. Une boule se forme dans ma gorge, les larmes montent, inévitables. Je décide de rentrer chez moi plus tôt que prévu.

De retour chez moi, épuisé, je sens à peine mon téléphone vibrer à nouveau. Je n'y prête pas attention, convaincu qu'il s'agit encore de messages de mon père. Je me débarrasse rapidement de mon costume, l'échangeant contre un jogging plus confortable. Sans réfléchir, je m'installe dans le salon, une bouteille de whisky à portée de main. Je remplis un verre, le porte à mes lèvres et le vide d'une traite, espérant que l'alcool atténuera un peu ma peine, comme on avale un médicament dans l'espoir de trouver un semblant de réconfort.

Le silence s'installe, pesant. Le whisky me réchauffe d'abord, mais ne parvient pas à apaiser l'agitation intérieure. Je me sers un autre verre, puis un troisième. Mes pensées deviennent floues, mes paupières lourdes. Peu à peu, la fatigue s'empare de moi. Le whisky et la lassitude combinés créent un cocon où mes soucis s'estompent, où le monde autour de moi perd de son importance. Je m'effondre sur le canapé, sombrant dans un sommeil profond, lourd, presque irréel.

Dans mes rêves, je me perds dans des souvenirs confus, des conversations avec mon père, des bribes d'actualités qui tournent en boucle dans ma tête. Tout devient brouillard, jusqu'à ce que plus rien ne fasse vraiment sens.

Entre Ambitions Et Désirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant