Entre Ambitions Et Désirs

87

Song : In my room - Chance Peña

Jordan :

Je rejoins ma loge après avoir envoyé un message rapide à Gabriel. Marine est déjà installée à la table, absorbée par l'écran de son téléphone.

"Salut Marine, désolé pour ce matin. J'ai eu un souci avec mon réveil, j'ai fait au plus vite pour arriver," dis-je en m'excusant, un peu mal à l’aise.

"Salut Jordan. Essaie que ça ne se reproduise plus. J'ai vraiment cru que tu allais manquer l'heure. Bon, allons droit au but et parlons de cette interview."

Alors que je consultais mon téléphone pour répondre à Gabriel, je sentis le regard insistant de Marine sur moi. Gêné, je levai les yeux pour lui faire face.

"Oui, c'est vrai... Qu'est-ce que tu en as pensé ?" demandai-je, prenant un air plus sérieux.

Marine posa son téléphone, croisa les bras et me fixa d'un regard perçant.

"Jordan, l'interview manque de dynamisme. Il te faut accrocher ton public dès les premières secondes. Tu sembles trop hésitant. Le public doit sentir ta passion, ton engagement. Je sais que tu en es capable, mais tu dois te lâcher davantage."

Je pris une profonde inspiration, réfléchissant à ses paroles.

"Je vois ce que tu veux dire... Peut-être que je me concentre trop à suivre le cadre, à éviter les erreurs."

Elle acquiesça avec conviction.

"Exactement. Les gens recherchent l'authenticité, pas la perfection. Cela dit, la partie où tu évoques ta vie personnelle a eu beaucoup de succès d’après les réactions. C'est cette spontanéité-là que tu dois adopter tout au long de l’interview, mais sans te perdre, en restant structuré."

Je sentais qu’elle touchait un point sensible. Une part de moi comprenait ce qu’elle disait, mais l’autre craignait de trop m’ouvrir, par peur des réactions.

"D'ailleurs, tu ne m’avais pas parlé de cette histoire... Tu as rencontré quelqu’un, c'est bien ce que j’ai compris de ton interview ?" me demanda-t-elle, surprise.

Je baissai les yeux, un léger sourire aux lèvres, partagé entre gêne et secret.

"Il se pourrait bien que j’aie rencontré quelqu’un. Mais, tu sais, même mes parents ne sont pas au courant. Ils l’ont peut-être découvert aujourd'hui à la radio... enfin, si jamais ils écoutaient," dis-je en soupirant, conscient que mon père n’accorde que peu d'attention à mon travail et à ma vie politique. "Je ne suis pas encore prêt à présenter cette personne. On apprend encore à se connaître."

Gabriel est comme... une bouffée d’air, un moyen de m’échapper de tout ça. Avec lui, c’est une bulle à part, loin du stress de la politique, pensais-je un sourire apparaissant sur mes lèvres en pensant à lui.

Marine me regarda avec un sourire amusé, visiblement surprise de me voir ainsi

"Je vois... Eh bien, peut-être que cet équilibre que tu trouves pourrait t'aider à te montrer plus vrai dans ton travail. Tu sais, les gens veulent voir cette version de toi, pas seulement l'homme politique impeccable."

Je levai les yeux, surpris par sa remarque.

"Tu crois vraiment que c'est ce qu'ils attendent de moi ?"

"J’en suis certaine. Et c’est ce qui te différenciera des autres. Mais bon, on a encore du travail à faire sur ce point," conclut-elle avec un clin d'œil.