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Song : W.D.Y.W.F.M? - The Neighbourhood

Gabriel :

Il est 8h30. Solène est repartie travailler après m'avoir apporté mon café. Le silence s’installe dans le bureau, juste troublé par le bruit léger de la cuillère qui tourne dans ma tasse quand j’entends la porte s’ouvrir.

C’est Jordan.

Il s’approche de moi, visiblement tendu. Je le connais bien maintenant, suffisamment pour reconnaître ce froncement de sourcils, cette manière de se tenir droit, presque raide.

"Gabriel, il faut qu'on parle."

Je le fixe, surpris par le ton direct, presque brusque. J’essaie de contenir ma surprise, de ne pas laisser transparaître l'agacement qui monte en moi. "Bonjour, pour commencer, Monsieur Bardella," lui dis-je avec un calme maîtrisé. "Je sais que la politesse n'est pas votre point fort, mais j'ose espérer que vos parents vous ont tout de même appris les bases. Reprenons cette discussion de manière plus courtoise, si vous le voulez bien."

Je le vois hésiter, ses yeux se baissent légèrement avant de se redresser pour croiser les miens. "Bien sûr, Monsieur Attal. Bonjour Monsieur le Premier ministre. Comment allez-vous après le débat d'hier ? Je voulais discuter avec vous à propos de nos échanges par messages hier soir."

Sa voix est plus posée maintenant, mais il y a toujours cette nervosité sous-jacente que je ne peux pas ignorer. Je me penche légèrement vers lui, gardant mon regard ancré dans le sien. "Bonjour, Monsieur Bardella. Merci, je vais bien, et j'espère que c'est pareil pour vous. Cependant, une question me taraude depuis hier. Face à face, vous vous permettez d'être insolent, mais par message, vous êtes doux comme un agneau. Pourriez-vous m'expliquer pourquoi ?"

Je le vois déglutir, mais il ne perd pas contenance. Sa réponse est plus douce, mais je perçois un tremblement dans sa voix, quelque chose qu’il essaye de contenir. "Écoute, Gabriel, je suis désolé pour hier soir, mais laisse-moi t'expliquer. J'ai vu ta story il y a deux jours avec Stéphane, ton chien, et un enfant. Puis hier soir, ton BeReal avec un verre à la main, toujours avec Stéphane. Ça me perturbe énormément. Tu m'as dit que vous étiez séparés et que vous n'aviez que des relations professionnelles. Alors pourquoi continuer à le voir en dehors du travail ? Ça me rend dingue."

Je laisse un sourire, presque moqueur, s’étirer sur mes lèvres. "Donc tu me surveilles sur les réseaux sociaux ?" Les sourcils levés, je l’observe, intrigué par cette jalousie qu’il peine à dissimuler.

"Non... enfin, peut-être un peu, mais je ne sais pas comment te le dire autrement. Ça me perturbe de te voir si proche de Stéphane, de voir que vous passez autant de temps ensemble," balbutie-t-il.

Je prends une profonde inspiration, laissant un silence pesant s’installer avant de répondre, la voix plus dure qu’auparavant. "Jordan, cette relation avec Stéphane ne te concerne pas, et je n'ai jamais dit que nous n'entretenions que des relations professionnelles. Notre relation s'est terminée par nécessité, mais nous avons gardé une amitié. Nous avons partagé près de dix ans ensemble, on ne peut pas effacer ça du jour au lendemain, ni cinq ans de PACS et des projets communs."

Je sens une pointe de colère monter en moi, mais je la contiens, préférant rester dans le contrôle. "Nous dînons l'un chez l'autre en toute amitié, sans aucune connotation amoureuse. Quant à la photo que tu as vue sur BeReal, je précise que Solène n'a pas pu être là à cause de son travail. Et pour celle avec l'enfant, c'est mon neveu Raphaël, dont Stéphane est le parrain. Comme tu peux le comprendre, nous avons un passé ensemble, et cela ne disparaît pas si facilement," répondit-il, visiblement irrité.

"Je te confirme donc qu'entre Stéphane et moi, il ne se passe plus rien. Mais au fond, qu'est-ce que cela peut te faire ? Est-ce que cela te donne le droit de te mêler de ma vie sentimentale simplement parce que nous avons discuté amicalement à Strasbourg ?"

"Sur ce, bonne journée, Monsieur Bardella. J'ai du travail qui m'attend, et je suppose qu'il en va de même pour vous."

Je partis, laissant derrière moi Jordan abasourdi par ma réponse

Entre Ambitions Et Désirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant