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Song : Dark Paradis - Lana del rey

Jordan :

Je me tiens devant la maison de mes parents. Après près de deux heures de route, je suis enfin arrivé. Ils vivent dans cette maison depuis mes trois ans, et ici résident tous mes souvenirs, qu’ils soient bons ou mauvais. Ma mère m’accueille, un grand sourire aux lèvres, heureuse de me voir après trois mois d’absence.

"Jordan ! Je suis tellement contente de te voir ! Comment vas-tu ? Chéri, Jordan est arrivé !" me dit-elle joyeusement.

"Bonjour Maman, je vais bien, merci. Et toi, comment vas-tu ?" lui demandai-je timidement.

À cet instant, une boule d’angoisse se forme dans mon ventre en entendant les pas de mon père approcher. Cet homme qui m’a tant fait souffrir, mais que je ne peux jamais vraiment haïr, simplement parce qu’il est mon père. Un homme dur et indifférent, pour qui ma vie, mon travail, mes choix ne sont jamais à la hauteur. Mais je prends sur moi, pour ma mère.

"Bonjour Jordan !" me lance-t-il d'une voix sèche.

Je me force à sourire. "Bonjour, Papa."

Nous échangeons quelques banalités, mais l’atmosphère est tendue. Je sens le regard de ma mère qui se pose sur nous, inquiète mais espérant secrètement que tout se passe bien.

"Alors, raconte-moi," insiste mon père, "comment ça se passe au travail ? Tu as enfin décroché un vrai emploi ?"

Je me crispe, mais je m’efforce de rester calme. "Je suis toujours en préparationpour les élections, Papa. Les choses avancent, doucement mais sûrement."

Il soupire, visiblement déçu, comme s’il s’attendait à une réponse plus glorieuse. Ma mère intervient rapidement, changeant de sujet pour alléger l’atmosphère. "Jordan, viens dans la cuisine. J’ai préparé ton plat préféré !"

Je la suis, reconnaissant de cette échappatoire. En entrant dans la cuisine, je sens les arômes familiers qui me rappellent tant de souvenirs d’enfance. Le repas est servi et l'interrogatoire commence.

"Écoute, même si tu n'as pas un emploi stable, j'espère que tu vas bientôt nous présenter une femme. Je compte bien devenir grand-père un jour ! Regarde ton cousin Vincent, qui a ton âge : lui, il a monté son entreprise, il est marié avec la petite Élodie, la fille des Dupont, et ils ont déjà deux enfants. J'ai même entendu dire qu'ils allaient se marier l'année prochaine," me lança mon père sèchement.

"C'est bien beau de travailler, mais si tu ne construis rien à côté, ne viens pas te plaindre si tu te retrouves tout seul."

"Mais laisse-le, chéri," intervint calmement ma mère. "Il construit sa vie à son rythme. Tant qu'il atteint ses objectifs, c'est le principal. D'ailleurs, j'ai regardé le débat que tu as fait à la télé contre M. Faure et M. Attal. Franchement, tu as été super, mon Jordan !"

Rien que d'entendre son nom, j'ai senti des papillons dans mon ventre en repensant à notre soirée passée ensemble et à celles à venir.

"Ah oui, c'est sûr, tu l'as bien remis à sa place, ce petit Attal," s'esclaffa mon père. "À vouloir trop exposer sa vie, il n'a que ce qu'il mérite. Il ferait mieux de se trouver une nana pour se détendre au lieu de se lamenter," dit-il en riant bruyamment.

Je regardai mon père, embarrassé par ses propos. Je devais ignorer ce qu'il disait.

"Ça suffit, chéri, je pense que ce n'est pas le moment de parler de ça," répliqua ma mère.

"Rho, ça va, je plaisante ! Et toi, Jordan, tu nous caches quelque chose ? Tu as l'air tendu, tu n'as pas trouvé quelqu'un récemment ?" reprit mon père en souriant.

L'alcool commençait déjà à faire effet, et nous n'étions qu'au début du repas. Ça allait être long.

"Non, papa, je n'ai personne en ce moment, et c'est très bien comme ça. Je suis très pris par mon travail," répondis-je fermement.

"Oui, oui, ton travail... Trouve-toi un vrai boulot, et là, tu pourras parler," répliqua mon père.

À ce moment-là, la sonnerie de mon téléphone retentit, me sauvant d’une discussion qui devenait de plus en plus désagréable. Je m'excusai rapidement et me levai de table pour répondre. C’était un message de Gabriel. Juste en voyant son nom, je ne pouvais m’empêcher de sourire.

"J’espère que tout va bien chez toi. On se voit demain ?"

Mon cœur fit un bond. Son message tombait à pic. Je répondis rapidement, espérant échapper à cette ambiance tendue.

"Oui, avec plaisir. Besoin de m’évader un peu."

Je retournai à table, mais mon esprit était déjà ailleurs, loin de cette table et de ces conversations pesantes. Je pensais à Gabriel, à ses yeux rieurs, à sa voix douce qui m’apaisait toujours. J’avais vraiment besoin de le voir ce soir.

"Qui c'était ?" demanda mon père d'un ton suspicieux.

"Un ami," répondis-je simplement, sans vouloir en dire plus. Mon père n'avait pas besoin de savoir. Ma mère, elle, sembla lire dans mes pensées. Elle me lança un petit sourire complice, comme pour me dire qu'elle comprenait.

"Tu sais," continua mon père, comme s’il n’avait pas entendu ma réponse, "la vie, c'est pas juste travailler ou sortir avec des amis. Faut construire quelque chose de solide."

"Je sais, papa," dis-je doucement, tentant de mettre fin à la conversation. Mais dans ma tête, tout était déjà clair. Ma vie, je la construirais à ma manière, avec ou sans leur approbation.

Entre Ambitions Et Désirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant