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Song : All of us - SYML

Jordan :

Je suis seul dans mon appartement, entouré d'éclats de verre éparpillés sur le sol. Le silence, lourd et étouffant, continue de m'envelopper, tandis que des bouteilles vides jonchent le sol. Peu à peu, je reprends mes esprits, ressentant la douleur dans mes mains meurtries par les éclats. Mon visage trahit la tristesse et l'épuisement accumulés. Avec difficulté, je parviens à me lever, essayant de naviguer à travers ce désordre.

Mon regard se pose sur mon téléphone, éteint et à court de batterie. Ne sachant ni quoi faire, ni où aller, je m'effondre dans le canapé, me laissant envahir par le silence qui devient mon seul refuge. Les souvenirs de la veille me submergent à nouveau : les mots cruels de mon père, ses insultes, ses critiques. Je me sens complètement perdu, sans issue en vue, les larmes menaçant de jaillir à tout moment.

Je me replie sur moi-même, incapable de retenir cette vague d'émotion. Mon cœur se serre à l'idée de continuer ainsi, mais je n'ai personne à qui me confier, personne vers qui me tourner pour apaiser cette douleur. Pourtant, au fond de moi, une petite voix me murmure que je ne peux pas rester là, que je dois trouver une issue à cette spirale destructrice.

Mais mon corps refuse de bouger, comme paralysé. Les sanglots montent en moi, et je me demande pourquoi je suis celui que mon père semble détester tant.

Les souvenirs affluent. Déjà enfant, je devais supporter les violences qu'il m'infligeait, des violences censées me rendre plus fort, plus résistant face aux épreuves de la vie.

"Arrête de pleurer !" hurlait-il, tout en me frappant au ventre, tandis que je le suppliais d'arrêter. Les douleurs des coups et des insultes faisaient partie de mon quotidien. Je peux encore voir cette rage dans ses yeux chaque fois qu'il me regarde. Son souffle imprégné d'alcool emplissait l'air, une odeur si puissante qu'elle m'étouffait presque.

Je supportais tout en silence, dissimulant tant bien que mal les marques pendant des années, essayant de devenir celui qu'il voulait que je sois. Les larmes que je retenais me brûlaient les yeux, mais je savais que pleurer ne ferait qu'empirer les choses. Chaque coup, chaque mot cruel renforçait cette muraille de froideur et de résilience que je construisais autour de moi. Avec le temps, j'ai appris à encaisser sans broncher, à étouffer la douleur, à dissimuler mes émotions derrière un masque impassible.

Les années ont passé, et ce masque est devenu une seconde peau, une armure invisible que personne ne pouvait briser. Mais derrière cette façade, la peur et l'amertume sont restées, cachées mais jamais oubliées.

Aujourd'hui, en repensant à ces moments, je m'interroge sur le chemin parcouru par cet enfant fragile jusqu'à l'homme que je suis devenu. Les souvenirs de ces nuits violentes me hantent encore, mais ils m'ont aussi forgé. Je ne suis plus cet enfant sans défense, mais les cicatrices, bien qu'invisibles, sont toujours là.

Je me demande parfois si ces cicatrices ont façonné ma détermination ou si elles ont simplement enterré une partie de moi que je n'ose plus affronter, mais qui, par moments, refait surface, comme maintenant.

Entre Ambitions Et Désirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant