Entre Ambitions Et Désirs

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Song : Réflection - The Neighbourhood

Jordan :

Je me déplace avec une certaine prudence, mon regard balayant les alentours comme si je pouvais déceler des intentions cachées derrière chaque sourire poli. Les couloirs de Matignon, pourtant familiers, prennent une teinte différente à cette heure tardive. Les ombres s'allongent, les visages deviennent des masques, et chaque échange de regard semble chargé de sous-entendus.

C'est ici, dans ces couloirs feutrés, que les vraies batailles se jouent. Les discussions en coulisses, les alliances secrètes, les trahisons déguisées en compromis... Tout se passe dans l'ombre, loin des discours publics et des déclarations officielles. Je le sais trop bien, ayant moi-même été témoin – et parfois acteur – de ce théâtre impitoyable.

Mon instinct me pousse à rester sur mes gardes, à ne jamais baisser ma vigilance. Ceux qui le font, ceux qui se laissent séduire par les apparences ou qui se montrent trop confiants, sont rapidement mis à l’écart. Ici, la vulnérabilité est un luxe que personne ne peut se permettre. La moindre faiblesse est exploitée, le moindre faux pas peut être fatal. J'ai vu des carrières s'effondrer en un instant, des vies entières dévastées par une seule erreur de jugement.

Je repense à mes débuts, à l'idéalisme qui me portait alors. Je croyais en la politique comme un moyen de changer les choses, d'apporter un vrai impact. Mais avec le temps, j'ai appris que le pouvoir avait un prix. Il faut savoir jouer le jeu, parfois même au détriment de ses propres valeurs, pour espérer tenir bon.

Alors que je continue de marcher, un visage en particulier attire mon attention. Une silhouette familière, qui se détache des autres par son assurance tranquille. C’est un visage que j’ai croisé plusieurs fois, lors de réunions stratégiques, dans les salons privés où se décident les grandes orientations.

Un sourire énigmatique se dessine sur les lèvres de cette personne, et je ressens un léger frisson. Ce genre de sourire, j’en ai vu des centaines, mais celui-ci semble différent. Plus calculé, plus contrôlé. Il me rappelle que dans ce monde, personne n'est vraiment ce qu'il semble être. Chacun joue un rôle, ajuste son masque selon les besoins du moment.

Je passe devant sans ralentir, offrant en retour un sourire tout aussi mesuré. Une partie de moi se demande ce qui se cache derrière ces regards apparemment inoffensifs. Est-ce de la sympathie réelle, ou une stratégie pour obtenir un avantage, une information, une faiblesse ?

La politique est un monde parallèle, un jeu d'échecs où les pièces sont vivantes, où chaque mouvement est étudié et anticipé. Ceux qui échouent à comprendre cela se retrouvent hors-jeu rapidement. Seuls les plus durs, les plus résilients, restent en course. Et moi, malgré toutes les questions, les doutes, je suis toujours là, avançant un pas après l’autre dans ce labyrinthe de pouvoir.

Mais une question persiste : jusqu'à quand pourrai-je tenir ce rythme, sans perdre de vue qui je suis vraiment ?