La pointe du village s'efface
Dans un brouillard de fin de semaine
La Grande Fontaine perd sa face
Le temps que la brume se dissipe
Ces moments quand la météo cloisonne
Les hauts lieux dont je suis le disciple
Parmi lesquels mes souvenirs foisonnent
Voilà qu'a disparu mon petit village de campagne
Il faut sortir pour en retrouver les morceaux
Un gigantesque puzzle de compagnes
Ici, des chansons douces et clairsemées
Là, des jeux et jouets en monceaux
Plus loin des souvenirs rayés comme mes CD
Marchons un peu histoire de les connaître
Ma maison, celle où j'ai grandi, ma complice
C'est ici que l'on m'a vraiment vu naître
En face, le lavoir, le petit vestige de chez nous
Rustique, poussiéreux, une abîmée bâtisse
L'eau y est fraîche et sale, le fond plein de gadoue,
Les moustiques y volent mais ce n'est pas délabré
C'est un arc de triomphe, un colosse,
Fierté de village, un palais marbré
Dont la beauté rongée jusqu'à l'os
N'enlève rien à son charme travaillé
Les arômes forts d'un vieux cépage
Bien que certaines préfèrent le railler !
Continuons, là, l'église,
Simple, ma foi sobre, mais gardienne,
Son coq là-haut perché guidant la brise
Glissant par les fenêtres de ces vallons.
Des ragots, des guenilles,
Des dialogues de salons,
Des fagots, des chenilles.
Ah, ma foi, cette cloche,
Le son si particulier de sa voix le matin
Emballe l'air frais d'une croche
Et c'est elle qui portait le clan,
Des mémoires figées dans la pierre
Chaque mot, du chêne chaque gland
Chaque mort, chaque goutte perdue
Chaque naissance, comme son lierre
Qui de son ancienneté fait une vertu.
Il reste beaucoup à voir.
Heureux qui comme moi, y eut droit
À son petit village, nid de laine
Duquel il faudra un jour s'envoler. Au revoir.
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Poésie
PoetryUn recueil un peu fourre-tout qui regroupe tous mes poèmes non-canon trouvables dans d'autres recueils ainsi que des inspirations poétiques. Si vous désirez lire de la poésie en toute détente, je pense que vous pourrez trouver ici votre bonheur.