Ligne directe

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Ne pars pas, je t'en prie

Reste assise en face de moi dans ce wagon

Je te chercherais à tout prix

Je parcourrais le pays puis la planète

Rien que pour ton visage

Pour t'apprécier avant que le train ne s'arrête

Tu es le parfait métissage

Qui nourrit un brasier craché par un dragon

Qui vient de m'habiter

En te voyant pour la toute première fois

Et qui ne cesse de grandir

À mesure que je t'imagine avec moi

Je suis prêt à brandir

Toutes les épées, à porter tous les fardeaux

De Besançon jusqu'à Bordeaux

Tant que de ton cœur je demeure l'invité

Mais le train se faufile

De rail en rail et chaque seconde est panique

Le chemin de fer se défile

Et tes mains s'éloignent de plus en plus des miennes

Voilà de l'arsenic

M'empoisonnant tandis que toi, prête à descendre

Tu noies mon cœur sous diluviennes

Pluies qui veulent réduire mon feu à des cendres

Garde moi, je t'en prie

Ne contraint pas mon amour à une station

Je veux une ligne directe

Mes yeux dévorant les tiens jusqu'au terminus

Un feu en stagnation

Pleure et rapetisse au point d'en être minus

Regarde moi, je t'en supplie

Même si pour toi, je ne deviens qu'un insecte

Me l'accorderas-tu

Cet amour sur lequel en secret je m'acharne

M'apporteras-tu réconfort

Dans ce train qui veut nous rapprocher du charnier

Tes jambes immobiles

Des ailes te portant hors du mal qui nous tue

Et mon cœur n'est pas assez fort

Pour te suivre au-delà d'un simple amour mobile

Pourrais-je t'en parler

Cette passion rythmée aux airs de Bob Marley

Ainsi qu'aux vibrations des rails

Qui pour un amour frustrant me foudroie et sème

Des graines d'une flore

Qui n'attendent que ma demande pour éclore

Pourtant les risques me tiraillent

Je préfère remords à la mort elle-même

La précipitation

Ne mène nulle part hormis à l'accident

Que je n'oserais provoquer

De peur d'un scandale capable de te choquer

Cette parole intime

Une noblesse d'âme à jamais anonyme

Ne créera pas d'incident

Ou tout du moins jusqu'à la prochaine station

Une nouvelle gare

Le dévoile et je souffre de t'imaginer

Te lever sans me deviner

Rêveur de toi avant que tu prennes bagages

Fin de notre ménage

Je vivrais sans que mon cœur puisse se défendre

J'en reviendrais tôt ou tard

Au jour fatal où mon brasier redevint cendres

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