Le Langage du Monde

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Un jeune homme chemina dans le désert

Après un rêve chez lui quai Césaire,

Des images pour qu'il quitte Paris

Et se rende au Sud où l'eau se tarit.

Mais des contraintes, des milliers d'obstacles

Avaient changé le cours de sa débâcle.

Il escalada un saillant rocher

Ainsi son cœur vint à s'effilocher :

<< Pourquoi mon Père m'as-tu abandonné ?

Pourquoi ces rêves que tu m'as donné ?

Mon âme a fait l'effort de t'écouter !

Or, tu punis, et j'en suis dégoûté ! >>

Le vent souffla fort et les larmes churent

Perdus dans le tort, les espoirs s'en furent.

<<Mais pourquoi donc fais-tu couler ta rage ? >>

Le jeune homme fut surpris par le tapage.

Une voix avait rompu le silence

Et portait le doux ton de délivrance.

<< Mon Père ? Est-ce toi ? Veux-tu converser ?

- Pour qui tes larmes sont-elles versées ?

Je n'ai jamais connu ce paternel

Que vous autres louez en éternel.

- Ta voix n'est donc pas celle de mon Guide

Qui dans le cœur de tout homme réside ?

- De ce Père je n'ai jamais eu vent...

Ne faut-il pas en tant que bon parent

Rester proche de sa progéniture ?>>

L'homme, vexé, suivait les Écritures :

<< Il l'est ! Il se trouve auprès de nos âmes !

- Pourtant voilà ici que tu le blâmes...

D'habitude, tu le loues et l'encenses,

Aujourd'hui, tu dénonces son absence.

N'est-ce pas là une vaine complainte

D'un enfant éloigné de la voie sainte ?

- Toi qui n'est pas mon Père, d'où viens-tu ?

Quel vent tient la voix dont tu t'es vêtu ?

- Je suis d'ici, d'ailleurs et d'autre part,

Je suis air, sable, cobra ou guépard,

L'arbre ou la plante qui vient y ramper,

Ou bien le rocher que tu as grimpé.

Je suis le nuage, l'eau des rivières,

L'orgue, le blé, le produit des rizières,

La catastrophe quand la Terre gronde

Car tu entends le Langage du Monde ! >>

À ces mots, des grains de sable volèrent

Peignant au ciel un système stellaire,

Et l'homme sourit aux constellations.

Il avait de tout temps fait la ration

Des contemplations du cycle des choses

Qui en concert travaillent en osmose.

<< Ah ! Mes chers aïeux, la vue est splendide.

En ces lieux je suis arrivé candide.

J'ai perdu celui qui traçait ma voie

Pour construire mon chemin de ma foi.>>

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