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Je suis trop contente de vous postez un chapitre ce soir ! Je viens de finir l'écriture à l'instant après multiples hésitation et réflexions sur l'idée et les tournures. J'ai hésité à vous le publier hier soir mais je n'étais pas satisfaite de ce que j'avais écrit, j'ai donc repris pendant plusieurs heures afin de satisfaire l'idée que j'avais en tête et j'espère que celle ci vous plaira. Bonne lecture 💕

Song : I love you - billie eilish

Gabriel :

Je l'avais attendu, attendu un message, pendant des heures, mais rien. Je lui avais envoyé un message : "Félicitations M. Bardella pour ces résultats d'élection, on fête ça quand tu rentres ? Je t'aime. Gab." J'étais seul dans l'appartement de Jordan, les lumières de la ville envahissant l'appartement plongé dans la pénombre de la nuit. J'étais là, à l'attendre, mais rien. Les larmes montaient à mes yeux. J'étais si heureux de sa réussite, mais si déçu de ma défaite et qu'il ne soit pas là avec moi. Le sentiment de défaite m'envahissait. J'étais allongé sur le canapé, les jambes recroquevillées contre mon torse, essayant tant bien que mal de me raisonner, mais c'était impossible.

Il était rentré tard ; je ne l'avais pas entendu, plongé dans le sommeil par la fatigue de la tristesse et des jours accumulés. Il était là, assis au bord du canapé, un bout de plaid recouvrant ses jambes, la tête posée sur l'accoudoir avec une main et l'autre main posée sur mes jambes. Je sentais qu'il m'aimait et que ces élections n'avaient rien changé. Je sentis Jordan se réveiller peu à peu. Je me redressai afin de m'approcher de lui et de lui poser un baiser dans le cou.

"Toutes mes félicitations, M. Bardella !" lui dis-je.

"Merci, Gab ! Je t'avais dit que je te battrais !" me dit-il, un sourire moqueur aux lèvres.

"Tu devrais plutôt me remercier de t'avoir laissé gagner ; je sais que tu es fils unique et que tu n'as jamais eu l'habitude de perdre !" dis-je en rigolant.

"Je t'aime", me dit alors Jordan, un sourire aux lèvres et un regard amoureux.

"Moi aussi, je t'aime", lui dis-je avant de venir presser mes lèvres contre les siennes.

Je sentis son téléphone vibrer frénétiquement. Je m'écartai de lui afin qu'il puisse décrocher.

"Oui, j'écoute !"

"Bonjour Jordan, c'est Marine. On t'attend de pied ferme au QG aujourd'hui pour les interviews. Tu arrives quand ? Les journalistes sont déjà là ! J'espère que tu es en route !"

"Eh bien... comment dire... Il se pourrait que mon réveil n'ait pas sonné ce matin, Marine..."

"Jordan, dépêche-toi de venir dès que tu peux ! Ce n'est pas le moment pour le futur Premier ministre d'arriver en retard dès le lendemain des élections !"

"Ah oui, carrément, Monsieur le futur Premier ministre, tu me voles carrément mon poste !" m'exclamai-je en rigolant.

"Je sortais avec le Premier ministre ; chacun son tour, maintenant à toi de sortir avec le Premier ministre !" me dit-il en rigolant.

"En tout cas, je te souhaite bon courage et j'espère que tu as un bon psychologue, car pour ce poste, Jordan, tu vas en avoir besoin !" lui dis-je en soupirant.

"Pourquoi tu dis ça ? C'est l'une des plus belles réussites d'une vie pour une personne qui fait de la politique, tu le dis toi-même", me dit-il, perplexe.

Je sens alors les larmes monter à mes yeux, ma gorge se serre de plus en plus, les sanglots refaisant surface comme hier.

Je sentis les bras de Jordan s'enlacer autour de moi. Son odeur si rassurante m'envahit.

"Oui, c'est l'opportunité d'une vie, surtout en politique, un poste que tout le monde souhaite atteindre. Ce poste suscite souvent la jalousie des autres, mais il est si ingrat : devoir gérer les médias, les conférences, l'image du président et tant d'autres choses. Quand j'ai été nommé par Macron pour devenir ministre, ça a été l'honneur de ma vie, mais aussi beaucoup de responsabilités. J'ai voulu montrer que tout est possible, que tout le monde peut atteindre ses objectifs, même en étant jeune, gay, et engagé. Mais tu le sais aussi bien que moi, Jordan : ce poste attire beaucoup de critiques, et on m'a critiqué sur tout ce qui était possible. On a critiqué mon passé, mes études, mon travail, mes relations, ma famille, ma sexualité. On m'a critiqué, insulté, fait passer pour ce que je ne suis pas simplement parce que j'aime les hommes. Tout a toujours été ramené à ma sexualité ! Je ne pouvais pas être autoritaire, je ne pouvais pas être qui je voulais, je ne pouvais pas fréquenter qui je voulais parce que j'aime les HOMMES et que je l'assume. Mais c'est comme ça depuis que j'ai 14 ans : les insultes, les moqueries, les humiliations. J'ai passé des nuits à travailler, sauté des repas, des événements familiaux, j'ai sacrifié des relations, des amitiés pour construire mon statut. Et j'avoue que j'ai l'impression de ne pas avoir fait assez pour la France. Hier, au moment des résultats, Solène a quitté mon bureau sans un mot, et ça m'a retourné ; je n'ai pas trouvé les mots ni la force. Je suis si déçu de la défaite, mais si heureux pour toi. C'est un sentiment horrible. Te voir réussir est la plus belle chose, mais me voir échouer après tant de sacrifices me fait si mal !"

"Je suis désolé, Gabriel..." me dit alors Jordan à voix basse.

Les sanglots résonnent dans la pièce, entourés par le silence. Un silence à la fois si doux et amer, enveloppé par l'odeur et l'amour de Jordan, si réconfortant.





Entre Ambitions Et Désirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant