Entre Ambitions Et Désirs

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Song : Blue Hair - TV girl

Gabriel :

La journée avait été interminable. Après avoir affronté une marée de journalistes à l’Élysée, je m'étais enfin réfugié dans mon bureau. Pourtant, certaines choses restaient inchangées.

Il était 8h15. Mon café fumant trônait sur mon bureau, un réconfort quotidien. Heureusement qu'elle était là. Je m'installai rapidement, laissant le murmure familier de la télévision remplir l’espace en attendant l’interview de Jordan Bardella.

Solène fit son apparition, son énergie habituelle illuminant la pièce. Elle me salua avant de s’appuyer nonchalamment contre la porte.

— Tu attends pour l’interview de Bardella ? demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

— Oui, répondis-je en prenant une gorgée de café. J’ai envie de savoir ce qu’il a à dire sur ses projets. Et puis, voir ce que celui qui va me remplacer a dans le ventre.

Elle roula des yeux avec une intensité qui aurait fait trembler n’importe qui.

— Et dire qu’ils ont élu ce clown ! Sérieux, un vrai guignol. Il est juste là pour faire le beau devant les caméras.

Un rire m’échappa malgré moi. Solène était rarement aussi virulente, mais quand elle se lâchait, elle ne faisait pas dans la demi-mesure.

L’interview commença, et j’écoutais distraitement tout en m’attaquant à un dossier urgent. Jusqu’à ce qu’un changement dans le ton de Bardella attire mon attention. Je me redressai, soudainement alerte. Solène, toujours là, pianotait sur son ordinateur tout en gardant une oreille sur l’interview.

Sur l’écran, Jordan répondait à une question plus personnelle.

— Allez-vous exposer davantage votre vie privée, présenter la personne avec qui vous vivez, si elle existe ? Quels sont vos projets futurs ?

Il réfléchit un instant avant de répondre d’une voix calme mais assurée :

— Il est vrai que, lorsqu’on est une figure publique, tout le monde pense tout savoir sur nous. Cela a été le cas avec mes anciennes compagnes. Certaines ont été traquées par les journalistes. Je ne sais pas si la personne avec qui je vis souhaiterait être exposée à ce genre de pressions. Si cela devait arriver, ce serait une décision commune. Tout le monde a droit à sa vie privée. Comme on dit : vivons heureux, vivons cachés. Je ferai tout pour la protéger, elle et notre amour, de ce monde parfois cruel.

Un léger sourire adoucit ses traits avant qu’il ajoute, les yeux brillants :

— D’ailleurs, si elle m’écoute, je voudrais lui dire ceci : "Je sais que tout le monde nous observe, mon amour. Mais je veux que tu saches que je t’aime."

Ces mots me frappèrent de plein fouet, une chaleur diffuse envahissant ma poitrine. Jordan, si secret d’ordinaire, se dévoilait devant la France entière. Mon cœur s’emballa à cette déclaration inattendue et si sincère. Je sentis mes joues s’étirer en un sourire, une émotion mêlée de fierté et de soulagement.

Solène ne manqua pas de remarquer ma réaction.

— Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça, Gab ? lança-t-elle avec malice.

Je balbutiai, cherchant mes mots :

— Rien, je trouve ça... touchant. La personne avec qui il partage sa vie a beaucoup de chance.

Solène pouffa de rire.

— Sérieusement ? Moi, je suis sûre qu’il dit ça pour le show, juste pour attirer les médias ! Franchement, tu t’imagines sortir avec Jordan Bardella ? Entre nous, c’est un non catégorique. Sa voix, sa tête… tout chez lui m’irrite !

Je laissai échapper un rire sincère.

— Tu es incroyable, Solène. Le gars se livre pour une fois, et toi, tu trouves encore le moyen de l’enterrer.

Elle haussa les épaules avec une moue moqueuse.

— Oui, mais imagine un peu… sortir avec Bardella ! Non seulement c’est une idée saugrenue, mais tu crois qu’il est à la hauteur ? Moi, je l’imagine psychorigide, maniaque… un type coincé comme dans un mauvais film. Pas sûr qu’il assure sous la couette, si tu vois ce que je veux dire.

Je faillis m’étouffer en riant. Si seulement elle savait… Si elle savait comme il était tendre et passionné, comme il pouvait être à la fois si fort et si vulnérable. Mon esprit dévia malgré moi vers nos moments d’intimité. Ses mains sur ma peau, ses murmures pleins de douceur, sa chaleur contre moi. Un frisson me parcourut tandis que mes joues prenaient une teinte rouge trahissant mes pensées.

— Tu deviens tout rouge, Gab. Tu caches quelque chose ?

— N’importe quoi ! m’empressai-je de répondre, esquivant son regard.

Mais au fond, je savais que ma façade ne tiendrait pas éternellement. Solène finirait bien par comprendre… et peut-être que, ce jour-là, je serais prêt à tout lui dire.