Black Record Store

Chapitre 3 - Un chien sur la vitrine

8 avril

James descendit de la voiture rouge de sa mère, puis il attendit qu'elle sorte à son tour et verrouille les portières. À l'autre bout du parking, la clinique privée Saint Andrews se dressait, blanche et menaçante dans la lumière du matin. Ils ne dirent aucun mot en longeant les voitures garées là, ni en entrant dans le hall. Aucun son ne sortit de leurs lèvres avant qu'Euphemia ne se tienne face à la secrétaire de l'accueil et décline son identité.

La secrétaire les orienta vers la salle d'attente. Une petite pièce carrée, deux fenêtres et une porte. Des murs beiges, un sol carrelé de blanc. Euphemia s'assit sur une des chaises disponibles et attrapa un magazine de voyage qui traînait sur la table basse au centre de la pièce.

- Maman, je...

- Jaimie, soupira Euphemia, notre accord tacite de ne pas en parler peut-il continuer s'il te plaît ?

- On en parlera après le rendez-vous alors ?

Sa mère fit une moue un peu agacée mais James soutint son regard.

- D'accord, après.

- Euphemia Potter ? appela une grande femme, portant une blouse blanche et des cheveux blonds tressés. Je suis la docteure Pomfresh.

- C'est moi.

Elle se leva et James la suivit dans le couloir. Il tendit la main à la docteure Pomfresh.

- James Potter, je suis son fils.

La docteur hocha la tête et les guida à travers les couloirs de la clinique. Son bureau était au bout d'un couloir peint de vert clair. Elle s'assit sur son fauteuil en cuir, leur faisant face. James et Euphemia prirent place.

- Votre médecin traitant souhaitait que je vous rencontre suite aux résultats de votre mammographie et de votre biopsie.

Euphemia hocha la tête. James avait envie de prendre les mains de sa mère, de la serrer dans ses bras, et plus encore, de remonter le temps pour profiter de sa mère sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Mais, la docteur Pomfresh n'avait pas ces considérations. Elle vivait dans le monde réel. Celui froid et aseptisé du monde hospitalier. Celui où sa mère venait de recevoir un diagnostic de cancer du sein.

- Vue le positionnement et la taille de la tumeur, je vous propose un processus de chimiothérapie. C'est un traitement médicamenteux qui va permettre de détruire les cellules cancéreuses au mieux, ou de freiner leur croissance.

Elle sortit différents schémas pour essayer d'expliquer clairement la situation.

- La chimiothérapie est un traitement qui peut effrayer, mais elle permet vraiment une augmentation significative de la durée de vie des patientes et réduit les risques de récidives.

Assis sur sa chaise, James restait calme et écoutait calmement les explications de la doctoresse. Intérieurement, il hurlait. Il avait une seule envie : se lever, attraper sa chaise et la balancer à travers la vitre. Il voulait détruire tout ce bureau à la hache, puis il sortirait pour aller exploser les machines qui avaient décidé que sa mère était malade.

S'il détruisait tout, alors cette réalité n'existerait plus.

Il refréna ses envies de violence et le rendez-vous prit fin.

- On va boire un café ? proposa James.

- Je suis fatiguée Jaimie, soupira Euphemia. On peut prendre un café à la maison ?

- Oui, on peut rentrer. Tu veux que je conduise, maman ?

- Oui, merci.

Sur le chemin pour retourner à la maison de ses parents, James lança sa playlist de musiques joyeuses. Ni Euphemia ni lui n'étaient dans l'état d'esprit pour ça, mais s'ils écoutaient quoi que ce soit d'un peu triste, ils allaient fondre en larmes.