Chapitre 9✓

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Les semaines passèrent, et je me sentais au bord du gouffre. Chaque jour était une lutte contre cette douleur incessante qui pesait sur mon cœur. Mes nuits étaient agitées, peuplées de rêves brisés, et mes journées n’étaient guère mieux. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même, errant sans but, mon esprit constamment hanté par ce qui s’était passé entre Junior et moi. Mes parents remarquèrent mon état, leur inquiétude grandissant de jour en jour. Ils tentaient de me parler, de comprendre, mais je ne pouvais pas leur raconter ce qui me tourmentait. C’était trop douloureux, trop intime.

Un soir, après une énième tentative de me faire sortir de ma chambre, ils décidèrent de me forcer à aller à une fête dans le quartier. Ils pensaient que cela me ferait du bien, que cela m’aiderait à retrouver un semblant de normalité. Au début, je résistai, mais voyant l’inquiétude sur leurs visages, je cédai finalement. Leur amour pour moi était palpable, et je ne voulais pas ajouter à leur peine.

À contrecœur, j’enfilai ma plus belle robe, une robe que j’avais autrefois choisie avec tant de soin pour les occasions spéciales. En me regardant dans le miroir, je tentai de me convaincre que ce soir, je pourrais oublier, ne serait-ce qu’un peu, la douleur qui me rongeait. Je pris une profonde inspiration et sortis de la maison, me dirigeant vers la plus grande demeure du quartier, celle où se déroulait la fête.

Mon cœur se serra quand je me retrouvai devant les grandes portes de la maison Witcher. La surprise me paralysa un instant. Tout en moi criait de fuir, de tourner les talons et de m’en aller. Mais avant que je ne puisse faire un geste, une jeune fille apparut devant moi, son sourire éclatant adoucissant quelque peu la tension qui m’habitait.

Elle était magnifique, une blonde aux yeux clairs, avec une silhouette élégante et gracieuse. Sa gentillesse se lisait sur son visage, et malgré mon appréhension, je ne pouvais m’empêcher d’être touchée par son accueil.

— Ne sois pas timide! dit-elle en prenant doucement ma main dans la sienne, son accent chantant trahissant ses origines italiennes.

Je notai qu’elle insérait sans le vouloir des mots italiens dans ses phrases françaises, ajoutant un charme désarmant à son discours.

— Mi chiamo Francesca, se présenta-t-elle avec enthousiasme, son sourire ne quittant pas son visage.

Francesca. Un prénom aussi mélodieux que son accent. Malgré ma réticence, je sentis un léger sourire se former sur mes lèvres. Son énergie était contagieuse, et pour la première fois depuis longtemps, je me sentis un peu moins lourde.

— Et toi? Comment tu t’appelles? continua-t-elle, son regard doux planté dans le mien.

J’allais répondre, mais avant que je ne puisse dire un mot, une voix familière résonna derrière moi. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.

— Kemishe?

Je me figeai sur place, reconnaissant instantanément cette voix. C’était Junior. La tension monta en flèche, mes émotions se mêlant dans un tourbillon de confusion et de douleur.

Francesca, ne semblant pas remarquer mon malaise, me tira doucement par la main, m’entraînant vers l’intérieur de la maison.

— Vieni, vieni! Je veux te présenter quelqu’un! dit-elle avec un enthousiasme innocent, ne réalisant pas le chaos qui se déroulait en moi.

Je la suivis, incapable de refuser, mes pensées tourbillonnant autour de Junior, cette voix qui m’avait tant manqué, mais qui maintenant ne faisait que raviver la douleur.

Francesca s’arrêta finalement au milieu du grand salon, se tournant vers moi avec un large sourire.

— Kemishe, je te présente Junior, dit-elle en se penchant pour déposer un baiser sur la joue de Junior. Mon fiancé.

Le monde s’écroula à nouveau sous mes pieds. Francesca souriait, innocente, joyeuse, tandis que moi, je me sentais tomber dans un abîme sans fin. Junior, lui, resta figé, son expression troublée alors que nos regards se croisaient. Je pouvais voir l’angoisse dans ses yeux, cette même douleur que j’avais vue ce jour-là au restaurant. Mais rien ne pouvait atténuer la souffrance qui se déversait en moi à cet instant précis.

Je fis un effort surhumain pour ne pas éclater en sanglots, pour ne pas laisser voir à Francesca à quel point j’étais brisée. Elle ne méritait pas ça. Je pris une grande inspiration, essayant de rester maîtresse de mes émotions, alors que la réalité de cette situation m’écrasait de tout son poids.




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