Effet de Vague

chapitre 6

Alex

La petite mort.

C'est tout ce que je voulais. Mourir pour mieux renaître. Toutefois, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi il veut coucher avec moi. Matt Garrett est une vraie célébrité. Canon, riche et extrêmement brillant, il peut avoir tous les mannequins de lingerie qu'il veut. Pourquoi me veut-il, moi ?

L'absence de réponse me fait douter de ses véritables intentions. Cet entrepreneur à l'agenda bien rempli a traversé l'Atlantique pour une soirée avec moi. Je ne comprends pas. Sur le parvis de l'hôtel, il se tient juste derrière moi. 

Suffisamment près pour me faire frissonner.

- Cette nuit, tu n'auras pas froid, me glisse-t-il avec concupiscence. Je couvrirai ton corps de baisers, de caresses, et du mien.

Le programme me colle la chair de poule. J'ai l'impression de vivre un songe tiré de mon imagination, une chose impossible. Mon esprit extrapole la suite. Un instant, je me demande les mots qu'il prononce pendant l'acte, s'il est aussi beau quand il jouit. Ou bien devient-il laid ? Mais la magie du moment ne peut durer éternellement et l'air frais s'infiltre entre nous à l'arrivée de l'Aston.

Un voiturier vient m'ouvrir la portière.

- On va vraiment voir un opéra ?

- Me demanderiez-vous de sauter les préliminaires ? me taquine-t-il en contournant la voiture.

Est-ce que tout ça est bien réel ? La portière claque.

- Attachez-vous, s'il vous plaît, m'ordonne-t-il en coulant un regard sur le côté.

Il a beau l'adoucir, son autorité me colle des frissonnements. Je l'examine avec attention. Cheveux coupés courts dégageant une nuque très virile, sourcils épais, et lèvre inférieure rebondie, il porte le même modèle de costume anthracite bien coupé. Est-ce parce que je sais qu'il est bespoke ? Ce costume semble comme une seconde peau ou une signature. En une fraction de seconde, à défaut d'une meilleure connaissance, on sait que c'est lui. 

Sincèrement, je ne vois pas ce qui devrait me terrifier chez cet homme ou alors, c'est parce que j'ai bu juste la quantité suffisante pour être agréablement détendue.J'étends mes jambes sur la moquette.

- Merci pour ce dîner, dis-je reconnaissante.

- J'ai apprécié moi aussi, répond-il poliment.

Impossible de me concentrer quand il parle. Son accent paresseux me rend folle. Ma mère n'a pas le même ou alors il s'est effacé avec le temps. De surcroît, il a des yeux magnifiques. Quand il est calme et détendu, ses iris ont le saphir des vagues en plein océan, mais dès qu'il s'enflamme un peu, le bleu nuit se teinte de violet. Un violet extraordinaire, lumineux.

J'hésite :

- C'est très généreux de votre part de faire goûter un grand vin à vos invitées.

- D'habitude, j'interdis l'alcool aux femmes qui m'accompagnent.

J'ai bien entendu ?

- Pourquoi m'avez-vous laissée boire alors ?

- Parce que vous ne m'accompagnez pas.

Là, il me prend totalement de court. Mais quel enfoiré ! Et je fais quoi ce soir ? D'accord, je ne ferai jamais partie de ses maîtresses, mais de là à dire que je ne l'accompagne pas, c'est humiliant.

Je tente d'en apprendre plus :

- Qu'interdisez-vous d'autre aux femmes qui vous accompagnent ?

Je ne risque rien à poser la question puisque je n'en fais pas partie.