Chapitre 1

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Matt Garrett

MHG Center. Esplanade de la Défense.


Dix minutes que la déflagration a retenti.

Et presque autant à supporter le sifflement strident de l'alarme dans tout le bâtiment. Putain mais c'est quoi ce bordel ? Avec mon frère, nous échangeons un regard. Rob est aussi démonté que moi. Jamais on a eu affaire à une telle attaque. Manhattan hier soir et maintenant Paris ? Est-ce que je vais encore devoir perdre quelqu'un ? Pitié, que je n'ai pas à revivre ça.

Tout à coup, mon ventre se noue. Pas Elle.

Je ne sais pas pourquoi mais, c'est à Elle que je pense en premier.

Nonobstant mes craintes de la voir étendue quelque part, blessée ou sans vie, au moment où la sirène arrête de hurler, le vacarme fait place à un silence gêné entre mon frère et moi tant le spectacle est évident : nos deux portables collés l'un à l'autre sur l'îlot central de la cuisine.

Un blanc et un noir.

Trop près pour que ce soit un hasard. Mes épaules s'affaissent, mon cœur bat plus fort, mon corps se contracte. Pas besoin de faire un dessin, je comprends tout de suite le message.

Alex m'a abandonné.

Je savais qu'elle était jeune. Certes, je le savais. Mais je n'avais jamais anticipé à quel point elle pouvait faire n'importe quoi. Ni qu'elle me rangerait si facilement de côté. Absurde. Irréfléchi. En définitive, elle est comme les autres.

Qu'est-ce que je suis con !

On y est. Je n'avais jamais pensé à l'avenir avant Alex et puis tout m'a paru évident. J'avais brusquement besoin de parler à quelqu'un et de sa présence à mes côtés pour continuer.  Et surtout, j'allais devoir apprendre à faire confiance. Ça, c'était le plus dur.

J'ai détesté ça. J'ai regretté mon passé à chaque fois que je la regardais. J'ai répugné chaque parole de ma confession, chaque seconde... lui avouer que j'avais baisé en regardant d'autres femmes se faire violer m'a donné la gerbe. Je n'osais même pas imaginer ce qu'elle en pensait. Comment aurait-elle pu aimer une ordure pareille ?  Mais j'étais sûr de mon instinct. Certain.

Amour ou pas, si cette personne existait, c'était Elle

Alors je l'ai fait. J'ai avoué et non admis. Parce que dans "admettre" j'aurais clairement pu la manipuler. Je fais ça tout le temps, manipuler les gens. Au lieu de quoi, j'ai avoué sans l'orienter dans son jugement.

J'ai pris cette décision pour elle. Cette fille courageuse au regard magnifique qui est devenue quelque chose d'encore mieux à mes yeux en quelques semaines seulement. Pour qu'elle me choisisse en toute liberté. Moi. Le vrai moi. Pas le costume gris pété de tune.

Le Guerrier.

Et le comble, c'est qu'elle était presque arrivée à me contaminer avec ses idées de seconde chance. J'y ai cru. J'ai cru que nous étions dans le même camp. Mais voila, soutenir ce en quoi l'on croit est une chose, passer à l'acte en est une autre.

Une telle folie ne pouvait pas durer.

En y réfléchissant bien, elle est revenue sur sa décision. Elle a pris peur, ou pire, elle n'a pas eu le courage de me l'annoncer en face et a décidé qu'elle méritait mieux que moi. C'est vrai que je suis flippant, insensible, égoïste et tout ça, mais j'aurais préféré entendre ses arguments de sa bouche.

Effet de VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant