Chapitre 4

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Sears Tower. Jeudi, 12 juin.

Alex

Une semaine de passé ou un siècle ne fait guère de différence.

Dans la salle d'attente du siège de United Continental située au 101 ème étage de la Tour Willis, anciennement nommée Sears Tower, on n'est plus dans les contes populaires où les personnages principaux n'arrivent pas à faire leur deuil.

Je ne peux m'en prendre qu'à moi. Depuis le début, il était écrit que ça finirait de cette manière mais on ne cesse pas si facilement d'aimer un homme comme Matt Garrett.

En remplissant mon C.V. face à la vue panoramique sur le Loop, il s'agit avant tout de trouver du travail et un salaire. Si possible pas trop mal payé pour que je puisse songer à m'établir seule un jour et si possible assez prenant pour que je n'ai pas une seconde à moi. Perso, je trouve que ça marche très bien puisque, justement, d'après l'annonce, ils recherchent une juriste motivée. Pourvu qu'ils ne bloquent pas sur mon âge ?

J'ajuste la tenue offerte par Joanna pour l'occasion en faisant les cents pas après avoir rendu mon formulaire, même si elle ne me correspond pas vraiment. Une chose est sûre, en ce qui concerne le style, Joanna a un avis critique sur tout : couleur, étoffe, ligne, longueur. Rien n'a de secret pour son œil avisé traquant le moindre de mes défauts ou le plus petit avantage. Bref. En deux temps trois mouvements, elle a trouvé comment transformer la fille bâtie comme une gamine en active élégante de bonne famille. Ça surprend. Encore quelques minutes interminables et la porte s'ouvre enfin dans mon dos.

- Mademoiselle Sand ? Monsieur Van Buren va vous recevoir.

Chaque pas effectué dans le long couloir me semble difficile tellement je ne peux ignorer le fait que mon sort se joue au bout de ce boyau. Olivia toque d'un coup bref à la porte, l'ouvre et s'efface pour m'inviter à entrer avant de la refermer derrière moi. Mon cœur bat plus vite tout à coup. Nous y sommes. 

L'homme en chemise blanche, assis derrière son bureau, ne prend même pas la peine de se lever pour m'accueillir, se contentant d'un vague signe de la main pour me désigner un siège en cuir noir en face de lui.

- Je vous en prie, asseyez-vous, dit-il sans me regarder.

Ni bonjour, ni poignée de main. Pas un regard. L'estomac noué, je prends place dans le fauteuil aussi confortable qu'un siège d'aéroport.

- Je vais être direct, mademoiselle, commence-t-il en m'accordant enfin son attention. Vos aptitudes semblent convenir au poste que nous avons à pourvoir aussi avons-nous eu besoin de vérifier vos antécédents. Personne n'y échappe, si je puis dire.

- Quels antécédents ? En dehors de mes stages, je n'ai jamais travaillé.

Sa main palpe le bureau à la recherche d'un magazine.

- Ce n'est pas tout à fait exact si j'en crois la presse, puisqu'elle fait état de votre embauche chez MHG.Holdings.( De sa place, il me montre le magazine ouvert sur ledit article.)  Précision que vous avez omis de mentonnier dans votre C.V. Ce qui est fort regrettable, décrète-t-il en abandonnant l'objet du délit dans la corbeille à papier.

Je retiens mon souffle, à deux doigts de m'excuser, me traitant secrètement d'idiote pour avoir oublié les articles parus dans tous les tabloïds. Un détail comparé à ce que je viens de vivre. J'essaie de parler d'un ton neutre et calme. Mais je suis tout sauf calme.

- En fait, je n'avais pas encore commencé à travailler pour eux quand j'ai décidé de venir m'installer, ici, à Chicago pour des raisons personnelles.

Effet de VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant