Chapitre 13

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Au même moment, chez Gallagher's

Matt

Enfin, je la vois.

Alex vient d'entrer avec trois hommes jeunes dont l'un d'eux n'est autre que Karim Kabbani en veste noire sur tee-shirt blanc col en V et jean noir. Elle tire une chaise et s'assoit. De là où elle est, elle ne peut pas nous voir. Moi par contre oui.

Trente huit jours que je ne l'avais pas vue et, pour la première fois, je parviens à me détendre. Tout mon corps sent sa présence. Ça, c'est nouveau ou alors je n'avais pas remarqué à quel point nous étions connectés. Est-ce qu'elle sent la mienne de la même manière ? Possible. Son regard bleu balaye la salle comme si elle cherchait d'où venait un courant d'air. Le mien s'attarde...

Jupe plissée nude sous le genou qu'elle porte avec un haut noir d'été asymétrique aux lignes fluides pour jouer le contraste et des talons très sexy, elle rayonne d'une élégance nouvelle. Elle est transformée, plus femme.  Bien trop attirante. Apparemment, c'est elle qui anime la conversation et eux qui lèvent des sourcils, charmés. Comment fait-elle pour ne pas sentir ma présence ? Se lever et venir me rejoindre ? Lève-toi, allez, bébé !

Je jette un coup d'œil à mes frères autour de la table.

- Quoi ?

- Vas la voir, me presse nonchalamment Rob.

- Idem, souffle Paul.

J'écarte mes couverts au-dessus de ma viande, perplexe.

- Et quoi ? Vous voulez aussi que j'aille saluer son copain et que je la laisse avec lui comme si je cautionnais le fait qu'on ne soit plus ensemble ?

Rob me regarde brièvement avant de fixer Alex.

- Il est temps que vous ayez une conversation, préconise-t-il, ou alors ce mec va finir par l'avoir.

Je soupire intérieurement avec la sensation qu'une fissure vient de s'ouvrir en moi et que cette fissure s'étend si rapidement qu'elle va finir par me fendre en deux.

- Quand j'irai la voir, ce sera en tête-à-tête. Et, bon Dieu, sans aucune possibilité de fuite pour elle. Je veux qu'elle écoute ce que j'ai à lui dire.

- Tu veux dire que tu vas l'enlever et la séquestrer ? rigole Paul tout en dégustant son Pinot noir. Je suis ton avocat, préviens-moi. La prise d'otage en théorie, ça coûte cher.

- C'est malin ! Tu ne connais pas Alex. En ce moment, c'est un oiseau craintif à approcher avec délicatesse mais il suffirait que je la coince pour qu'elle se transforme en tigresse. En plus, elle fuit ce qu'elle ne comprend pas. Si je rate mon coup, il n'y en aura pas d'autre.

Je reprends une grande gorgée de vin pour tromper le feu dans mes poumons qui me brûle la poitrine depuis que je l'ai en face moi. Quelques mètres à peine nous séparent. Je pourrais la toucher, la sentir, retrouver son odeur mais je ne bouge pas, me contentant de sourire pour exploiter la douleur contre la douleur. Je sais. Ça paraît absurde.

Quand j'y pense, notre histoire est absurde depuis le début. C'est l'une des raisons pour lesquelles, je voulais lui offrir le Petit Prince de St Exupéry. Ce livre nous correspond. Pour comprendre l'absurdité, il faut savoir rester un enfant, voir avec le cœur.

Ce qui me dérange le plus dans le fait de tomber amoureux, c'est de tomber par hasard, le fait qu'on ne choisit pas et qu'on n'a plus qu'à faire avec. J'aime trop le contrôle et ce n'est pas ce que je veux. N'en déplaise à ma mère, si Alex et moi devons être ensemble malgré nos différences, alors je veux qu'elle me choisisse tous les matins au réveil. Qu'elle soit à mes côtés pour bâtir ce que j'entreprends. Qu'on s'engueule ou pas, qu'on soit d'accord ou non, je ne veux plus d'abandon. Jamais.

Effet de VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant