Dimanche, 18 mai.
Alex
Le week-end traîne en longueur avec ce sentiment étrange de ne plus rien avoir à faire après des mois de dur labeur. Une broutille seulement, j'ai les pieds en compote. J'ai passé une grande partie de mon samedi à courir comme une malade pour éviter de penser. Courir sans musique. Où avais-je la tête ? Autant dire que je ne suis pas pressée de sortir du lit.
– Alex ? Tu es réveillée ?
– Fous le camp !
– Bouge ! Tu as une livraison.
– Arrête tes conneries. On est dimanche.
J'ouvre un œil. Une tête blonde en bataille a pris appui contre le mur de ma chambre. La brindille en pyjama n'a pas l'air plus réveillée que moi. Je tape dans mon oreiller.
– Il est quelle heure ?
– À peine neuf heures.
– Qu'est-ce que tu fiches debout ?
– Il fallait bien que quelqu'un ouvre la porte, marmonne-t-elle en bâillant.
Je sors du lit et jette un coup d'œil dans ma glace au passage. Atroce. On dirait que je me suis battue avec un ours. La sono et la voix d'Ellie Goulding guident mes pas au radar vers le salon. Margo est assise en tailleur sur notre tapis devant une grande boîte damassée ivoire entourée d'un luxueux ruban de satin bleu. Pour moi ?
– Ce n'est pas une erreur, proclame-t-elle en bâillant. Le livreur m'a remis une carte pour « Alexiane Sand », ajoute-t-elle en me tendant une enveloppe blanche.
J'ouvre l'enveloppe en premier :
C'est une chose merveilleuse que l'instinct.
William Shakespeare est mon auteur préféré.
Peut-être vous attendez-vous à des excuses ?
Je n'ai pas envie de m'excuser.
C'est quoi cette connerie ?
J'ai du mal à réaliser que tout ça est bien réel. J'ôte le couvercle. La boîte contient une brassée de roses d'un blanc crémeux au parfum d'églantine étonnamment capiteux. Un petit sourire moqueur naît sur mes lèvres. Deuxième chance ?
– Wouah... pas ordinaire comme bouquet, s'exclame Margo en découvrant le contenu. Ces roses proviennent d'un jardin, pas d'un fleuriste.
– Tu as raison, ce n'est pas banal.
Comment a-t-il eu mon nom et mon adresse ?
– En tout cas, faire livrer les roses d'un jardin un dimanche matin, le geste est grandiose, proclame Margo. C'est qui ?
Je retourne la carte entre mes doigts.
– La carte n'est pas signée.
– Un admirateur inconnu ? Tu dois bien avoir une idée.
Elle n'a pas besoin de le savoir. Pas pour l'instant du moins. Je n'ai aucune envie d'entendre ses commentaires sur Garrett ou pire, sur la fille coincée dans ses bouquins. Pour elle, de bien des manières, je sors du couvent.
– Je ne suis pas assez réveillée pour réfléchir. Tu veux un café ?
– On n'a plus de café, bougonne-t-elle.
VOUS LISEZ
Effet de Vague
RomanceEffet de Vague met en scène un industriel pharmaceutique américain au passé sombre et bien enterré et une jeune avocate pénaliste française de vingt ans, sortie major avec trois ans d'avance de sa promotion dont le rêve est de travailler à la Cour P...