Chapitre 6

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Joanna Sand

Au même moment, l'Indépendance Day d'Alex

Alex


- Alexiane !

La voix stridente de Joanna m'appelle depuis le bas de l'escalier.

Mon esprit rebelle prend le temps de contempler la chambre de jeune fille de ma mère autour de moi. Ma vie semble tellement échapper à mon contrôle ces derniers temps que m'astreindre à suivre un programme fait partie des rares choses encore en mon pouvoir.

Donc...

En plus de la course quotidienne sur Ohio Beach, je me suis inscrite dans une salle de kick-boxing féminin avec la volonté farouche de devenir plus endurante tout en me défoulant. Pour la première fois de mon existence, la course ne suffisait pas à me libérer du stress.

L'entraînement est incroyable. En frappant les boucliers de kick-boxing au lieu de frapper bêtement dans le vide comme le font les adeptes de boxe française ou autres MMA débiles, non seulement mes réflexes s'améliorent et j'apprends à me défendre seule, mais j'évacue ma colère et arrive enfin à vider ma tête.

Un vrai défi.

Plus calme, j'ai aussi trouvé dans les tiroirs de ma mère un vieux Nikon professionnel datant de l'An Pèbre. L'appareil ne me quitte plus. Pas que je sois une pro de la photo, non, ma mère ne m'a jamais montré celles qu'elle prenait lors de ses voyages, ni cherché à m'initier, mais petit à petit, grâce aux conseils avisés de Clive, passionné de photographie de rue, j'ai appris à voir la vie à travers un angle nouveau. Obturateur, capteur, ouverture, ISO..., avec lui, j'ai fait connaissance avec un nouveau vocabulaire. Et bizarrement, j'ai mieux cerné ce que Matthew pouvait rechercher avec les siennes.

Voir la vie par petits bouts permet d'occulter le reste autour.

Qu'importe si le monde déplaît, ce qui vient se cogner au centre de l'objectif devient beau.

Depuis, j'instaure une routine : des photos pour chaque jour "Après lui". Je saisis tout ce qui retient mon regard : la bruine du matin accrochée au balcon de ma chambre, la couleur du ciel juste avant l'orage sur le lac, les reflets de l'eau aux premières lueurs du jour, mes Nike frappants le bitume... En noir et blanc. Ces tons de gris sont aux couleurs de mon moral.

- Xiiiiane ! insiste Joanna d'une voix pressante. Tu vas nous mettre en retard.

Mon regard tombe sur mon écran. Je ferais mieux de remettre à plus tard mes recherches sur Google. Impossible d'en apprendre plus sur mon géniteur avec le site de Cambridge. L'université délivre des tas d'informations mais rien de personnel sur les anciens cantabrigiens. Rien. Nada. Je ne sais même pas dans quel collège de l'université il était et il y en a pas moins de trente-et-un différents dont trois n'acceptent que les femmes. Ce qui ramène mes recherches à pas moins de vingt-huit possibilités. Arrrgh. Pourtant quelque chose me dit que je dois commencer par là. L'endroit où nos pères se sont rencontrés. L'université.

- J'arrive !

Au moment où je vais pour éteindre l'ordi prêté par Clive, le chiffre 1 s'inscrit sur Jabber. Encore un message groupé envoyé par Margo. Même si c'est stupide, je ne peux résister à replonger dans ma vie d'avant. Alors, je joue bêtement les voyeuses avec ma messagerie instantanée.

[Quel silence assourdissant, dis-moi.

Tu es fière de toi ? ]

Effet de VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant