Chapitre 9

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Alex

Je voudrais être à dimanche.

Dans mon lit avec mes bouquins pour ne plus réfléchir. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter un week-end ? Cet homme est bien trop lunatique pour moi. De quoi a-t-il peur enfin ?  J'étais plutôt fière de moi en essayant autre chose. J'ai pensé un temps que j'avais fait vachement de progrès là-dessus. Sauf qu'en fait, non. Lorsqu'on s'amuse, tout doit rester facile et léger. Alors pourquoi ai-je le sentiment qu'avec lui, si je réfléchis, je risque de paniquer ?

J'en profite pour le regarder déambuler nu dans la chambre. Le Room Service a dressé le petit déjeuner sur la terrasse, laissant ouverte la grande baie du coin salon. C'est une si belle journée. Un ciel bleu d'azur, le tremblement des feuilles luisantes dans les grands magnolias en fleurs accompagné d'une légère odeur de citronnelle. Comment peut-il être aussi ombrageux ?  Le voir se pencher en avant pour fouiller dans son sac me coupe le souffle. Qu'est-ce qu'il est bien foutu ! Et ce dragon...

– Vous n'êtes pas obligée de me reluquer, balance-t-il en remontant un boxer noir sur ses fesses.

Un peu déroutée par cette nouvelle intimité, j'abaisse les yeux sur le bikini qu'il a déposé sur le lit. Aucun risque d'erreur, ce n'est pas le mien. Quatre triangles minuscules ornés de sequins gris foncé avec des liens à pampilles. Ce truc doit coûter une fortune. 

– Vous m'avez acheté un maillot ?

Il a un moment d'arrêt.

– Je pensais qu'on pourrait profiter du jaccuzzi.

Ah. Encore du sexe donc.  L'envie me prend de le tester.

– Vous ne connaissez pas ma taille.

– Pensez-vous. Un merveilleux 90C et un small plutôt sexy en culotte, lâche-t-il rayonnant de confiance en lui.

Je me renfrogne :

– Je ne suis pas une de vos maîtresses, monsieur Garrett. Vous n'avez pas à m'acheter quoi que ce soit.

Matt part d'un petit rire sournois.

– Ça va peut-être venir....

Oh, le salaud.

Comme si j'en mourrais d'envie, prête à le supplier à genoux de m'intégrer à son club très fermé de beautés  hyper sélectionnées. Rien à voir avec moi. Grâce à lui, en moins de cinq secondes, je viens de découvrir mon amour-propre. Lorsque je reprends mes esprits, Garrett s'est installé à un petit bureau près de la baie vitrée avec son MacBook Pro. La fenêtre est ouverte sur le parc. Étrangement, le bruit extérieur qui remonte de la terrasse où les autres clients prennent leur petit déjeuner m'apporte une impression de solitude bienfaisante.

J'en ai marre. Pourquoi je supporte ça ?

La lumière du jour nimbe sa plastique parfaite. Bien entendu, Garrett fait comme si je n'étais pas là. J'en profite pour admirer son dragon. Étrange. Les mecs tatoués sont plutôt cool en principe. Patrick ne se serait jamais fait un tel tatouage, trop snob pour en avoir rien que l'idée. J'examine les détails, quand tout à coup, dans les rayons du soleil, je remarque le dessin des reliefs et je me rappelle ce que j'ai senti sous mes doigts.

Concentre-toi, Alex !

Le tatouage est là pour cacher une cicatrice. J'en suis sûre. Mais quoi ? Et pourquoi cette réaction dans la douche ? Le soleil rase son dos. Chaque ligne est parfaitement éclairée. Les ombres en soulignent les contours. Je scrute la peau par transparence. C'est une longue scarification brune surélevée, profondément adhérente, bifurquant en ses bords par de petits prolongements en « pattes d'écrevisse ». La forme oblongue et cylindracée guide mes pensées vers mes cours de sciences criminelles...

Effet de VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant