J'arrive enfin chez moi. Fatiguée. Fatiguée de cette journée, de ce que j'ai découvert à propos de ma sœur. Fatiguée de ne pas comprendre ce qu'il se passe en moi. Fatiguée de penser. Je ne pense qu'à une chose, aller dormir. Mais je n'ai pas le temps de passer le pas de la porte que Marina arrive en trombe vers moi, le visage paniqué.
- Amore je suis désolée, je ne savais qu'ils venaient. Ils m'ont fait la surprise.
Je reste figée par la fatigue. De quoi elle parle ? Devant mon incompréhension, Marina enchaine.
- Mes parents Amore ! Tu n'as pas vu leur voiture devant la maison ?
Je me retourne et à travers la porte encore ouverte, je vois en effet la voiture de mes beaux-parents. J'étais tellement dans mes pensées que je n'y ai même pas fait attention. Tu parles d'une enquêtrice !
- Tu es sûre que ça va Amore ? Tu es toute pâle, en me caressant la joue.
- Ça va, je suis juste fatiguée. Ils restent jusqu'à quand ?
- Le week-end.
J'acquiesce avec un léger sourire. J'adore mes beaux-parents mais ce n'est vraiment pas le moment. Je n'ai aucune envie de faire la conversation à Henri ni de l'entendre analyser les derniers matchs de l'OM dans les moindres détails. Ou d'entendre Lucia se plaindre des prix en hausse de son épicier « qu'elle connait pourtant depuis 30 ans ». Mais bon, je n'ai pas trop le choix et c'est aussi ça le mariage, faire des concessions. Mon lit me parait bien lointain à présent. Je prends Marina dans mes bras et lui embrasse le front. Elle met sa tête dans mon cou et inspire profondément, je la sens sourire.
- Je vais juste prendre une douche.
- Dommage que mes parents soient là, je t'aurai bien rejoins, me dit-elle de son regard lubrique.
Le rose me monte aux joues. Elle sait que je ne suis pas à l'aise avec ce genre de choses quand nos familles sont à la maison et elle le fait exprès. Elle rit à pleines dents en voyant ma réaction. Qu'est-ce que j'aime ce rire. Elle m'embrasse et retourne dans le salon en me mettant une petite tape sur les fesses. Je rougis de plus belle.
Ça fait plusieurs minutes que l'eau ondule sur ma peau. J'ai l'impression de me laver de tout ce que j'ai vécu aujourd'hui et ça me fait un bien fou. Des images de la journée me reviennent : l'exposition de Sophie, la galerie, son dossier, la cible criblée de balles, Marion... Non, non, ne pas penser à elle. Je sens des frissons me monter dans le corps, des frissons chauds. Je revois son visage s'approcher du mien. Je ressens à nouveau ce désir dans mon ventre. Il faut que ça cesse, je ne peux pas me permettre de penser à ça. De ressentir ça. Sans réfléchir, comme pour me punir, je tourne le mitigeur et me retrouve assaillit d'eau froide. Je pousse un léger cri mais au moins, ça m'a remis les idées au clair.
Nous sommes attablés tous les quatre autour de notre table de salle à manger. Marina a fait une très belle table pour l'occasion et sa mère nous a concocté ses spécialités. Comme d'habitude, il y a beaucoup trop à manger. La table regorge de différents plats italiens, pâtes à la sauce tomate avec des boulettes, salade de poulpe, antipasti, pizza et j'en passe. Comme à son habitude, Lucia m'a servie de tout et vérifie attentivement que je ne laisse pas une miette. Elle a toujours eu un côté maternant très poussé avec moi mais celui-ci s'est exacerbé depuis la mort de ma mère. Comme si il fallait qu'elle comble un vide. Vide qu'elle ne comblera évidemment jamais mais je trouve ça attendrissant qu'elle essaye.
- Allez ma fille, mange que tu es maigre !, me dit-elle.
- Enfin maman, lasciala ! Elle mange si elle a faim ! Basta, répond Marina.
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Non, je n'ai rien oublié
Mistério / SuspenseElsa Crenn, Commandant de police de 35 ans, revient à Nice après quinze ans d'absence pour intégrer la Brigade Criminelle en tant que directrice adjointe. Dès son arrivée, une nouvelle enquête s'ouvre. Une femme a été retrouvée morte avec une mysté...