Prologue

6 0 0
                                    


Le Borgne et la Tempête se tenaient sur le bord de la parois rocheuse, à plat ventre, surveillant le contre-bas. Le Borgne remonta son foulard et en couvrit sa bouche et son nez. Le vent transportait le sable jusque dans son œil, le contraignant à rabaisser son chapeau, réduisant ainsi son champs de vision. Il grogna d'inconfort. La Tempête, qui en avait fait autant, tourna ses yeux noirs vers lui et fronça les sourcils.

— Tu ne t'y fera jamais, pas vrai ? se moqua-t-il.

Un grognement, ce fût la seule réponse qu'il reçut. Le Borgne n'était pas un grand bavard, et d'autant moins quand celui-ci était incommodé. Ils reçurent une poignée de cailloux. Le signal. Le Crayon était un peu plus bas, à couvert derrière un amas de grosse pierre en calcite. Le convoi se rapprochait, avec lui, tout un tas d'armes qui leur sera très utile. Ils quittèrent le versant escarpé et la Tempête déposa ses « petits jouets » sur le trajet de la caravane, avec un entrain enfantin. Le Borgne fronça les sourcils, scrutant le moindre écart qui pourrait mettre en péril leur plan. Le Poisson et le Mollusque était de l'autre côté, et attendaient le signal de leur chef. Le Borgne monta sur un rocher abrupt, plaqua une main sur le dessus de son chapeau qui manquait de s'envoler, et jeta un regard au Crayon, toujours planqué. Celui-ci lui fit un signe de tête, et le Borgne y répondit. Ils entendaient le bruits des roues qui écrasaient les cailloux, et la respirations haletantes des Bufflameaux qui tiraient le véhicule. Ils passèrent le point de rupture qu'ils avaient délimités.

— MAINTENANT !

Le Poisson et le Mollusque se jetèrent sur la route, obligeant le convoi à dévier sa trajectoire. Il y eu une explosion, puis deux, puis trois, et les Bufflameaux, terrorisés, se cabrèrent, avant de faire demi-tours, tordant et brisant leur liens en métal, abandonnant ainsi leur charge. Le conducteur du convoi leva les mains, tandis que Le Borgne, le Poisson et le Mollusque s'approchèrent, leurs armes pointés vers lui. Les autres véhicules arrivèrent, et tous s'arrêtèrent. Le Mollusque prit l'homme en jouc, lui plaquant le canon de son révolver sur le front.

— Vous allez tous sortir calmement, où on lui fait sauter la cervelle, ordonna alors Le Borgne.

Les autres hommes s'exécutèrent, levant leurs mains en descendant de leur véhicule. Le Poisson et le Crayon commencèrent à récupérer leur dû, remplissant leur grand sac en tissus d'armes, de fusil et d'autres munitions en tout genre. La Tempête les rejoignit, la démarche pleine de dédain. Il avait toujours cette manie de paraître détaché et amusé par toutes les situations. Le Borgne, quant à lui, était inquiet. Le plan se déroulait bien, trop bien, et il savait qu'à tout moment, un des hommes allaient tenter de les avoir dès qu'ils baisseraient leur gardes. Ils devaient faire vite.

— Si tu voyais toutes les grenades ! S'exclama La Tempête, depuis l'un des véhicules. Une vraie mine d'Or !

— On n'a pas toute la journée, souligna Le Borgne, surveillant comme il le pouvait tous les otages, de son œil valide.

Le Poisson sauta d'un des véhicules et brandit le sac en signe de victoire, ses yeux affichant nettement le sourire qu'il cachait sous son bandeau. Mais ce qui devait arriver, arriva. Un des hommes, que Le Borgne ne pouvait pas bien surveiller, caché derrière une des caravanes, sorti son arme, et tira. Par chance, il loupa sa cible. Le Borgne sorti son révolver à son tour, et tira sur l'homme, le tuant sur le coup. Les autres ne tardèrent pas à se rebeller, baissant leur main et sortant leurs armes.

— On se replie ! cria le Crayon, protégeant sa tête de ses mains.

Le Mollusque exécuta l'homme qu'il tenait en jouc, et rejoignit le Borgne, qui courait jusqu'à leur chevaux. Avant de monter dessus, il regarda en arrière, s'assurant que tout le monde l'avait bien suivi, puis une fois qu'il en fût assuré, s'enfuit en tête de cortège, forçant la bête à aller au triples galops.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant