Chapitre 19

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Il est midi, et le soleil est à son zénith, étouffant de toute sa chaleur l'air aride du désert. J'ère seule dans le désert, un sac à dos sur le dos et un foulard sur la bouche. Je porte mes lunettes de protection baissées sur mes yeux qui me protègent des rafales de sables qui surviennent de temps à autre. Je cherche encore et toujours Rose. Cela fait déjà quatre jours que ma meilleure amie a disparu, et les habitants sont de moins en moins nombreux à assister aux battus. Les pensées à son sujet deviennent de moins optimiste, et ça me met à terre. Seuls Dean, les Fenneghan, et moi nous acharnons, malgré nos espoirs qui s'amenuisent heure après heure. Je refuse de lâcher.

Diego mène encore certaines des recherches, Il ne laisse rien au hasard. Je n'arrive pas à me l'admettre, et pourtant cela devient de plus en compliqué : Rose s'est volatilisée. Aucune trace de la jeune femme n'a été trouvé depuis. Aucune piste, aucun indice. Le vide laissé par mon amie m'a creusé un trou béant dans la poitrine.

Je me demande sans cesse où elle peut être et si elle va bien, ne pouvant m'empêcher de m'en vouloir de ne pas être allée chercher mon plan elle-même. J'aurais dû y aller, ça serait surement moi qui serait portée disparus, et pas Rose. Je préfèrerai être loin d'ici, mais pas Rose. Je veux échanger ma place avec la sienne. Je ne supporte plus de ne pas savoir si elle est encore en vie ou non. Rose est un soleil, sans elle, je n'y vois plus rien. Elle est mon phare dans la nuit, elle me guide, et m'aide à prendre les meilleurs décisions. Rose, merde, où est-tu ?

Je continue d'arpenter le désert à l'est, laissant le sable qui s'est accumulé en épaisse dune se faufiler dans mes bottes. Je crie son nom pendant des heures, si bien qu'à la fin de la journée, je suis très souvent aphone. Je n'ai jamais eu de réponse. Je doute en avoir une un jour.

Encore une journée sans elle. Je vide le sable accumulé dans mes bottes sur le porche de la maison, et rentre chez moi, bredouille. J'échange un regard perdu avec mon père, qui ne sait plus quoi faire pour me rendre mon sourire. Alors qu'il ne suffirait qu'une petite femme blonde. Jim aussi est inquiet. Il a toujours considéré Rose comme sa deuxième fille, mais il est bien trop fatigué pour se perdre dans le désert. Et je sais qu'il s'inquiète également pour ma santé mentale, mais ça, c'est le cadet de mes soucis.

J'entre dans mon atelier et m'y enferme, travaillant sur les plans d'un projet que m'a demandé le maire. Il veut que je lui construise un nouveau moteur pour sa vieille camionnette rouillée, vestige d'un autre temps. La mécanique n'est pas mon domaine, mais en tant que bâtisseuse, je dois savoir tout faire. Et, pour être honnête, c'était le second domaine qui m'intéressait le plus.

J'en étudie la nomenclature, me concentrant sur la création plutôt que sur les milliers de scénarios macabres qui me traversent l'esprit dès que je ne suis plus occupée. Je dois continuer à vivre, ne serait-ce que pour être présente quand elle reviendra, si elle revient.

Les nuits sans sommeils, à pleurer sur mon oreillers, se cumulent, et me laissent dans un états léthargique pour le reste de la journée. Je me sens partir, la tête tombant sur mon bureau. Je lutte pour rester éveillée, mais la fatigue l'emporte. Je m'endors, la tête sur mon bras qui tient encore mon crayon.

Je sens une main se poser sur mon épaule, et cela me réveille en sursaut. Mon père me regarde, inquiet. Il fait déjà nuit. Je frissonne. Je suis en débardeur et la température est descendue drastiquement.

— Tu devrais aller te coucher, il est tard, me dit-il, à voix basse, en me posant une couverture en laine sur le dos. Cela soulage le froid de mes bras.

Je ne discute pas. Je me lève et suis mon père dans la maison, entre dans ma chambre et m'écroule dans mon lit, enroulée dans la couverture, sans prendre la peine de retirer mes vêtements.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant