Chapitre 14

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Cela fait maintenant un mois que le chantier a commencé, et malgré moi, je commence à trouver le temps longs. Certains ouvriers se plaignent de ne pas être assez nombreux, et que la chaleur étouffante les contraint à prendre beaucoup de pause. Je fini par me décider à en parler à Vigo ; il nous faut plus de monde.

Je parcours l'allée centrale poussiéreuse de Canyon, déterminée. Je sais que je vais encore devoir lui demande de débloquer des fonds, mais je n'ai pas le choix. Je me languis de voir mon projet sur pied, et les conditions de travail des ouvriers ne facilite pas les choses. Je franchis la porte de la mairie et je monte à l'étage, essuyant le regard inerte des hommes de l'investisseurs. Ils sont tellement immobiles qu'on dirait des automates. C'est presque effrayant, pourquoi un homme tel que lui à besoin d'autant de discipline parmi sa garde rapproché ? Je chasse cette question, j'ai besoin de toute ma concentration pour lui demander plus de moyen. J'arrive à son bureau, et je le vois quelque peu dérangé. Je songe à tourner les talons avant qu'il ne me voit car il n'a pas l'air d'humeur pour ce genre de discussion, mais il me remarque.

— Helena ? Vous vouliez me voir ? me demande-t-il, le ton presque trop doux. Je ne m'aventure pas à lui demander ce qui lui arrive.

— Oui, j'aimerais... vous parler du chantier, mais ça peut attendre...

— Non, je vous en prie, dites-moi. Il me fait un sourire étrange que je soupçonne d'être forcé.

— Les hommes se plaignent de la chaleur, et du sous-effectifs... Ils aimeraient avoir quelques bras supplémentaires.

— Oh, ce n'est que ça. Bien sûr, mais je vous laisse les recruter sur ce coup-là, vous trouverez vos hommes aux Tertres, je dois m'absenter et voir quelqu'un.

Sa gourmette brille d'une lueur étrange tandis qu'il caresse son tatouage en forme de lune sur sa main, du bout des doigts. J'acquiesce.

— Très bien, merci beaucoup Monsieur Morggen.

Je le salue et je repars. L'homme d'ordinaire plein de confiance et d'enthousiasme a l'air profondément perturbé. Cependant je ne le connais pas assez bien pour lui poser des questions sur sa vie.

Je rentre chez moi, quand j'aperçois une petite tête blonde au loin, en train d'aider ses parents à organiser leurs étals à l'extérieur de l'épicerie. Je fais donc un détour pour la voir.

— Rose ? Elle tourne la tête vers moi, avec un grand sourire.

— Helena ! Comment va le chantier ?

— C'est un peu au ralentit... Et toi le laboratoire ?

— C'est presque terminé, j'ai vraiment hâte ! Elle trépigne.

— Bon, je vais préparer mes affaires, je dois aller aux Tertres demain.

Elle s'arrête et me regarde en plissant les yeux. Elle se demande certainement pourquoi je dois me rendre dans ce maudit village mal fréquenté.

— Je dois recruter du monde, je lui explique, avant qu'elle ne pose la moindre question, et les ouvriers en recherchent de travail, ça ne manque pas là-bas.

— Et donc, tu as l'intention d'y aller seule ?

— Pourquoi, tu veux m'accompagner ? Je lui demande alors.

— Oui, je viens avec toi, rendez-vous à la gare demain matin, me dit-elle à la hâte.

— Je vais prendre nos billets !

Les Tertres, sont un groupement de petites bicoques regroupées en un village, construit dans un cimetière marin de l'ancien monde. Certains bâtiments ont été construit dans des épaves de bateaux, et des habitations entre les côtes du squelettes d'une baleine bleue gigantesque. C'est le village qui marque le plus le passé de la région d'Atlas, autrefois un immense océan.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant