Chapitre 10

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Rose et moi sommes emmenées par l'ascenseur jusqu'au 300e et dernier étage de la haute tour. Le groom nous dirige ensuite dans un salon chic et épuré, à l'image du reste de la Tour, et nous indique de patienter. Mes cheveux commencent à sécher, et les boucles se définissent beaucoup mieux que laver à l'argile. Ils paraissent en bien meilleur santé. Il y a un petit buffet rempli de gourmandises sucrées et de boissons gazeuses en tout genre dans un coin dans la pièce. Rose se laisse tenté par un loukoum, moi, je goute un macaron à la fraise qui m'attire avec gourmandise et me fait saliver. Ce que c'est bon.

Un jeune homme d'environ notre âge, petit, rondouillet, arriva vers nous. Il est blond et les cheveux brillants sont plaqués sur sa tête. Il a le visage naturellement rouge. Il est habillé dans un costume élégant entièrement blanc, avec des épaulettes à frange argentées.

— Mesdemoiselles, suivez-moi, Monsieur Morgen va vous recevoir, leur dit-il avec révérence.

Rose et moi nous échangeons un regard intrigué, puis suivons l'étrange jeune homme, qui nous emmène jusqu'à une double porte en bois peinte en blanc. Il frappe avec le heurtoir en or en forme de trèfle et patiente quelques secondes. Un deuxième homme, habillé de la même manière, ouvre la porte, et se fige sur le côté avec un salut presque militaire, pour nous laisser passer. Nous pénétrons dans un immense bureau blanc et éclairé par des murs entièrement vitrée. De l'extérieur on ne voit que des volutes nuageux camouflant la cité. Un homme d'une cinquantaine d'année, mince et grand, les cheveux poivre et sel peigné élégamment dans un mouvement naturel, nous tourne le dos. Il porte un costume bleu canard à rayures noires, et regarde l'extérieur, une main dans le dos faisant claquer une montre à gousset en or sertie de pierre précieuse.

— Monsieur, vos invitées sont là, leur signale le blondinet.

— Merci Gus, tu peux disposer. Le petit homme fait un salut révérencieux, puis s'éloigne en marche arrière jusqu'à la porte, que le deuxième homme referme en nous laissant seuls.

Notre hôte se tourne alors vers nous. Ses cheveux ne suivent pas le mouvement, parfaitement immobiles sur son crâne. Il arbore une épaisse moustache, poivre et sel elle aussi, parfaitement brossée, dont les pointes remontent en faisant une boucle raffinée. Avant que nous arrivés, il était la seul couleur présente dans ce blanc persistant.

— Mesdemoiselles, enchantés, je suis Vigo Morgen. Approchez, approchez, je ne vais pas vous manger.

Rose et moi avançons d'un pas timide jusqu'à l'immense bureau en quartz blanc. Je suis complétement décontenancée, n'ayant aucune idée de qui j'ai à faire. Pourtant, je dois me montrer confiante et affirmée. Je me lance alors.

— Bonjour Monsieur Morggen, je suis Helena Commonwood, et voici mon amie et associée, Rose Fenneghan. Je désigne ma meilleure amie qui se tient timidement à ma droite, la tête basse.

— Le plaisir est pour moi, dit Rose, rouge comme une pivoine.

— Venez, nous allons nous assoir confortablement, ce sera mieux pour discuter.

Il contourne son bureau et nous emmène dans un coin de l'immense pièce, où sont disposés de gros et moelleux canapés en tissus blanc, remplis de coussin gris en soie. Nous nous asseyons maladroitement, comprimées dans notre corsage. Il se laisse tomber dans celui qui nous fait face, se penche vers la table basse en marbre et nous sert une étrange liqueur ambrée.

— Un peu de bourbon ? propose-t-il en plongeant ses yeux noisette dans les miens.

— Euh... Rose me lance un regard furtif, comme pour avoir mon approbation.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant