Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le Fer

Chapitre 5

Je regarde mon reflet dans mon psyché. Ma peau est rouge, griffée et irritée par le sable. Je saisie le pot d'aloe vera sur mon bureau, et je m'en badigeonne sur tout le visage, replace ma tignasse brune et positionne mes lunettes de protection sur mon front. Je ne les quitte plus à présent. J'ai une mine épouvantable, mais cela n'est rien en comparaison des douleurs musculaire qui m'électrisent à chaque mouvement. Avoir autant lutté contre la tempête et avoir aidé un vieil homme m'a épuisé.

— Je peux entrer ? Demande mon père en frappant à la porte.

— Oui, c'est bon.

Jim ouvrit la porte, un sourire plein de fierté étirant ses lèvres.

— Lewis veut te parler, il t'attend à la mairie.

— Qu'est-ce qu'il me veut ?

— Je ne sais pas, peut-être te remercier.

— D'accord, j'y vais...

Je ne suis pas vraiment sûre de vouloir me donner en spectacle suite à ma mésaventure d'hier. Malgré tout, si le maire souhaite me voir, il est bien la seule personne que je dois surtout pas esquiver. Alors, avec le pas lent, je sors de la maison. Le vent souffle encore, balayant la rue et le sable qui s'est déposé sur le rebord des fenêtres et sur le porche des habitations. Je remonte légèrement mon foulard pour protéger ma peau irritée, et baisse la tête. Je ne sais pas pourquoi je me sens si honteuse, si stupide. Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes de me laisser piégée par quelque chose d'aussi habituel pour les habitants du désert que l'était les tempêtes de sables. Je repense à Lewis, coincé dans les sables mouvants, et je songe qu'à côté de lui, je m'en sors tout de même plutôt bien.

J'arrive d'un pas nonchalant devant la mairie, et monte rapidement les marches, évitant de croiser le regard interrogateur de Diego qui me tient la porte tandis qu'il sort du bâtiment. Je me contente de le saluer d'un signe de tête. Nous ne sous sommes pas reparlé depuis notre promenade, et jusqu'à maintenant, je m'en étais parfaitement accommodée. Le revoir me tord le ventre. Je sais que maintenant que nous nous sommes croisées, nous allons devoir parler de ce qui se passera entre nous. J'en frissonne d'avance. Je croise les conseillers, et Dean Coulson, l'archiviste pour lequel craque Rose. C'est un jeune homme plutôt grand, les cheveux acajou en bataille, le visage recouvert de tâches de rousseurs, et des grandes lunettes rondes. Il est plutôt mince, et habillé d'une petite chemise bleue marine orné d'un nœud papillon rouge à poids blanc. Quand il croise mon regard, il me gratifie d'un grand sourire et ne bafouille pas en me disant bonjour. Rose a peut-être raison, peut-être que le coup de cœur est réciproque. Je lui rends son bonjour aussi chaleureusement que le peu mon humeur maussade, et lui sourit en hochant la tête.

— Ah ! Helena ! Ravi de te revoir ! Un homme chauve et imposant arrive vers moi, arborant fièrement une étoile dorée à cinq branches sur sa chemise kaki. Le Shérif Bradley Leclerc.

— Bonjour Shérif, justement je cherchais...

— Viens avec moi, Lewis aimerait te parler.

Il m'emmène dans la même pièce où j'avais présenté son projet la veille, mais cette fois-ci elle est aménagée autrement. Une longue table trône au milieu de la pièce et sont disposés autour, plusieurs chaises en bois vernies. Le Maire m'attend au bout de celle-ci, à ses coté ses trois conseillers, qui me regardent avec un grand sourire. Le même sourire, la même expression, les mêmes yeux pétillants. Qu'est-ce qui leur arrive ? Le Maire se lève et me salue avec entrain, trépignant d'une excitation que je ne lui connais pas.

— Helena, je suis vraiment content que tu te présentes à nous ce matin ! Tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir n'est-ce pas ?

En effet, je me le demande, et rien qu'à voir son regard me dévisager avec fierté, je crains le pire. Je sens ma bouche devenir pâteuse a force de la garder ouverte, alors je la ferme et je déglutis, avec une difficulté certaine. Amy se leva à son tour, et se dirige vers moi, une plaque en verre à la main et me la tend, m'éclairant le visage de ces dents parfaitement alignés. Je ne comprends absolument rien.