Chapitre 12

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Le Borgne, assit devant le feu éteint de leur camps de fortune, ouvrait et fermait son briquet d'un geste répétitif et machinale, l'esprit vaguant vers de nouveaux plans pour se faire de l'argent. Le Crayon était encore parti seul, à Echozéphyr, faisant fonctionner ses relations pour avoir des informations.

Le Borgne réfléchissait à une prochaine attaque, facile, ne nécessitant pas d'explosifs. Leur dernière avait été échec, et les autres commençait à ne plus lui faire confiance. Il devait regagner leur foi. Et ce n'était pas chose aisée. Il pensa alors à attaquer un train transportant des citoyens, pour les dépouiller de leur bourse. Ce genre d'attaque n'était pas ce qu'il préférait, et s'en prendre à des innocents le révulsait. Mais c'était cependant la façon la plus simple de récupérer un peu d'argent. Les fonds de Canyon leur avait permis d'acheter des tentes et des vivres, mais il ne leur restait plus grand-chose.

Lucas a laissé son bras et sa jambe pour des morceaux de toiles, des piquets et des boites de conserves, songea-t-il, avec une colère qu'il n'adressait qu'à lui-même. Il repensa au ranger et son lance-grande. Il lui fera la peau un de ces jours, mais ils avaient autre chose à faire avant.

Il leva la tête en direction de la Tempête, qui tentait de se lever à l'aide d'un morceau de bois qui lui servait de canne. L'adolescent se débattait avec son propre corps pour effectuer une action qui, dans un état normal, demandait peu d'effort. Le Borgne ne pouvait s'empêcher de le trouver lamentable, et éprouva un sentiment de pitié, qu'il réprouva immédiatement, ne souhaitant pas mettre le garçon mal à l'aise si celui-ci croisait son regard.

Le Macchabé s'installa à coté de lui, et enfila une pincé de tabac dans sa bouche qu'il commença à mastiquer.

— Le gamin fait des progrès, dit-il, en regardant d'un œil fier La Tempête, qui avait réussi à se dresser sur sa jambe.

— Ce n'est toujours pas suffisant, grogna Le Borgne. La culpabilité l'habillait désormais en permanence de son manteau de jugement et de honte.

— Chaque chose en son temps, il doit réapprendre à se déplacer, c'est pas simple pour lui tu sais.

— Tu le couves trop Mac.

— Et toi tu es trop dur avec lui. Si j'avais pas été comme ça avec vous quand vous êtes venu me voir dans mon cabinet à Atlante, complétement variolé, vous seriez surement mort ! Vous étiez tellement jeunes et innocents... Il se mit à repenser au passé, comme un père se souvenant de l'enfance de ses fils, un brin de nostalgie dans le regard.

— Ton cabinet ? Tu avais vidé un caveau familiale dans le cimetière et tu te l'étais approprié ! souligna Le Borgne en mettant une tape dans le dos du vieil homme, ramenant celui-ci à la réalité.

— Il n'empêche que c'est grâce à moi que vous êtes encore en vie ! Tu me dois au moins ça Ed... Il se tue, ne terminant pas sa phrase, évitant de prononcer le vrai prénom du Boss.

Celui-ci lui lança un regard glacial. Il n'autorisait plus personne à l'appeler par son prénom. Celui-ci évoquait beaucoup trop de chose douloureuses, il était préférable de l'oublier.

Le Borgne se leva et alla voir La Tempête. Le jeune adolescent était essoufflé, et il sautillait sur son unique jambe, s'aidant de son bâton pour trouver son point d'équilibre.

— Je vois pas comment je pourrais m'enfuir en courant avec ça, dit-il à l'approche de l'homme blond.

— Tu n'auras pas besoin de courir, le cheval le fera pour toi.

— Et me tenir à un cheval sans tomber ? Même s'il me reste ma cuisse, je peux tenir les reines que d'une seule main, et mon bras gauche n'est vraiment pas le plus musclé.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant