Chapitre 28

0 0 0
                                    


Je me réveille, étonnement en pleine forme, avec un seul objectif, terminer la prothèse de La Tempête, et enfin rentrer chez moi. Je me remets sur mon petit établi de fortune. Le Borgne est une nouvelle fois parti chasser, me laissant à nouveau seule, sous la modeste surveillance d'un vieil homme et d'un adolescent à une jambe. Plus je les vois, plus je me dis qu'ils forment vraiment une drôle de bande. Le Borgne n'a pas choisi ses hommes pour leur force, mais pour ce qu'ils doivent tous représenter pour lui. Ils semblent presque être une famille, les jumeaux mis à part, qui semblent plus être des gardes du corps qu'autres choses. Le Crayon m'a dégoté une petite batterie alimentée par l'énergie solaire, me permettant d'utiliser plus facilement mon poste à souder. Mais tout ce matériel commence à devenir encombrant à transporter, et les cheveux ont de plus en plus de choses à porter sur leur pauvres dos. La Tempête arrive, avec un immense sourire, impatient de porter le bras que je lui finis la hier.

— Normalement avec ce que j'ai fait, le sable ne devrait pas pouvoir s'infiltrer, je lui dis en lui ajustant la lanière en cuir sur l'épaule.

Il plie et déplie le coude dans un mouvement presque parfaitement fluide, et en fait de même pour chaque doigts de sa main.

— Essaie de prendre le marteau sur la table.

Il pose maladroitement la main métallique sur le manche de l'outil, et replie les doigts dessus, puis le souleva, sous ses yeux ébahi, impressionné par la puissance de son nouveau membre.

— Quand j'aurais appris à maitriser cette main, je pourrais à nouveau faire des explosifs... dit-il en un murmure, contemplatif.

— Des explosifs ?

— Tu crois qu'on m'appelle La Tempête pourquoi ? Je suis un pro de la nitro ! Enfin... Je l'étais...

— Mais c'est extrêmement dangereux...

— Il faut savoir prendre des risques pour survivre tu sais.

— Je déteste les explosions... Je sens mon cœur se serrer en repensant à mon projet qui a voler en éclat.

— Pourtant c'est magnifique... Ce feu, cette lumière...

— Bon, je dois travailler sur ta jambe, je lui dit, plus froidement que je l'aurais voulu, mais avec le souhait de changer de sujet.

— Merci beaucoup Helena, je ne connais peut-être aucun bâtisseur, mais je suis sûr que tu es la meilleure. Il part en boitant, sautillant sur son unique jambe, désormais doté d'un bras flambant neuf.

Je continue à souder, forger et visser la prothèse, mes mains pleines d'huile et de lubrifiant. Je suis persuadée d'en avoir aussi sur mon visage, mais à quoi bon. Je me laverai complétement quand je rentrerai chez moi. Je me sens poisseuse, et le sable se colle sur ma peau transpirante. Je visse le genou de la jambe, et sens un regard sur moi. Je me tourne, et sans surprise, Le Borgne me surveille au loin. Il est revenu de la chasse avec encore des lapins et un serpent. Je ne sais pas pourquoi il me fixe, je n'ai nullement l'intention de partir avant d'avoir fini mon travail, et il le sait. Ma parole de bâtisseuse m'en empêche. Je me repositionne mieux, ma jambe coincée sous mes fesses commence à se remplir de fourmillement. Je vois dans le coin de mon œil La Tempête montrer sa main à son chef, lui montrant qu'il peut à nouveau tenir un révolver. Je me sens mon cœur faire un bond devant la dangerosité de l'acte. Le Borgne lui retire immédiatement de la main, et je en retiens pas le soupir de soulagement. Le jeune garçon ne maitrise pas encore complétement sa main, et aurait pu provoquer un accident.

Au bout de quelques heures, je décide de faire une pause. Je commence à manquer d'acier et d'aluminium, je dois prévenir Le Borgne. Ce dernier dépèce encore les animaux qu'il a chassé, assis devant le feu. Je m'assois à côté de lui, il fait comme s'il ne m'avait pas remarqué. Je positionne mes jambes en tailleur, me mettant un peu plus à l'aise. Il jette les viscères du lapin dans le feu, et je ne me peux m'empêcher de faire une grimace de dégout.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant