Chapitre 29

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— Attendez ! Attendez ! Je dois voir s'il est vivants s'il vous plait ! lâchez-moi !

Je hurle et me débats, mais je suis trainée hors du camps, les mains des jumeaux me tenant fermement les bras. Ils n'ont toujours pas prononcé un seul mot et leur silence le glace le sang. Une fois assez loin du camps, ils prennent leur chevaux et me mettent un sac sur la tête en m'attachant les mains, et me posent sur l'un d'eux comme un vulgaire sac. Mon souffle se coupe, mais mes larmes, eux ne cessent de couler. C'est le chaos dans ma tête. Est-ce que je l'ai tué ?

Nous chevauchons pendant plusieurs longues minutes dans le désert. Au bout de quelques heures, ils s'arrêtent. Je sens que le soleil se lève, la chaleur habillant peu à peu ma peau avec sa chaleur familière. Ils me posent brusquement dans le sable et me retire le sac. La lumière m'aveugle pendant quelques secondes avant que je puisse les voir face à moi, la mine grave. Le Poisson, ou le Mollusque, je suis incapable de savoir duquel il s'agit, se penche alors vers moi et me dit d'une voix grave et caverneuse :

— Tu continues tout droit, et dans deux jours tu seras chez toi.

Il a le visage d'une dureté et d'une froideur extrême, comme une statue qu'on aurait modeler avec rage. Il me tend une flasque d'eau et un ridicule morceau de pain, puis ils s'en vont en me laissant seule et perdue au milieu de l'immense désert d'Aridara.

Je les regarde partir, complètement seule, sans mes lunettes, sans sa veste, sans rien. Je me relève et entreprends ma marche incessante vers Canyon, espérant ne croiser ni bête sauvage, ni autre bandit de grand chemin. J'ai une boule au ventre, et le cœur en berne. Ne sois pas mort s'il te plait.

Le soleil est encore bas, je ne souffre pas encore de sa chaleur, ainsi j'en en profite pour marcher au pas de courses, dans une vaine tentative de gagner du temps. Je suis terrifiée, et je m'en veux d'avoir blesser aussi gravement le bandit. « Il l'a mérité » j'essaie de me convaincre, sachant pertinemment que personne ne mérite ça. Je mens, et les larmes qui ne cessent de couler sur mes joues me prouvent.

Marcher rapidement dans les dunes de sables n'est pas une mince affaire. Je sens les muscles de mes cuisses et de mes mollets tirer, réclament une pause. Je me laisse tomber dans le sable, et ramène mes jambes contre moi. Je les enroule de mes bras et y dépose ma tête pour essayer de reprendre une respiration plus régulière. Le soleil s'élève encore et encore dans le ciel, et bientôt l'air devient irrespirable. Le vent chaud du désert qui transporte les grains de sable m'irrite les voies respiratoires, et je suis partie sans foulard pour se protéger le visage. Ils ne m'ont surtout pas laisser le temps de me préparer... Je pense à la prothèse que n'ai pas pu finaliser, à l'expression de stupeur mêlée à de l'incompréhension qu'ont affiché les visage du Crayon et du Macchabé, et de cette volonté de ne pas me tuer, malgré ses blessures, l'ordre de me ramener chez moi qu'a prononcé Le Borgne. Il ne m'en en veut pas, du moins pas assez pour me tuer, ni me blesser. Mais les jumeaux n'ont pas complétement obéi, ils devaient me ramener chez-moi saine et sauve, et au lieu de ça, m'ont abandonné dans le désert, à la merci de ma triste pingre destinée.

Je continue d'avancer tant bien que mal, les rayons du soleil me brulent la peau, ma propre sueur me pique, et surtout, ma gorge devient sèche. Je prends une petite gorgée d'eau, essayant d'économiser mes ressources, et avance tête baisser, mes cheveux me protégeant légèrement. J'ignore l'heure qu'il est, mais je comprends rapidement que le soir arrive, et avec lui, le froid presque polaire de la nuit.

La panique de mourir de froid me gagne aussitôt. Il n'y a pas de grotte dans les environs, que des dunes à pertes de vues. Je ramasse quelques branches de bois sec, mais pas suffisant pour faire un feu de bois. Je les conserve tout en continuant d'avancer, avec l'espoir d'apercevoir un abri quelque part.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant