Chapitre 17

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Des hommes débarquent à Canyon, tous provenant des Tertres, à mon grand regret. J'en reconnais quelques-uns, qui m'adressent des clins d'œil chargés de sous-entendus écœurants. Je tente de ne pas réagir, croisant les bras devant la fil de nouvelle main d'œuvres qui fait la queue pour récupérer leur tenus de chantier. De petit tourbillon de sable virevolte de ça de, de là, tandis que les ouvriers se remettent au travail. Je passe ma main sur mon cou par reflexe, et ne peut constater que l'absence de mon collier. Le Borgne va me le payer.

La machine commence à prendre forme sous mes yeux, et je me console en l'admirant avec fierté. Les ouvriers suivent scrupuleusement chaque plans qui leur ont été fournis par mes soins, et des équipes ont été formés pour chaque pièce mécanique.

Je passe mes journées sur le chantier, au cas où les hommes aurait des questions à me poser, et cela arrive plus souvent que je ne l'aurais penser. Il y a des incertitudes, des doutes, des questionnement, et j'y répond avec plaisir. Ce projet me passionne tellement que j'en oublie parfois de manger et de boire, et c'est Rose, attentionnée, qui me ramène toujours de quoi me sustenter en me râlant dessus.

Diego n'est jamais bien loin, perché sur son cheval, patrouillant autour du chantier et surveillant aussi bien les hommes qui m'approchent d'un peu trop près, que les environs. Le malaise qui s'était instauré entre nous après notre discussion, s'est évaporé après l'attaque du train. Je ressens toujours une certaine affection pour lui, bien que cela soit loin de lui suffire. Le savoir non loin me rassure, et je lui réserve mes sourires les plus chaleureux.

Vigo a fait venir des véhicules motorisés qui transportent les charges lourdes, et qui creusent également des tranchées dans le sable à l'aide d'un tractopelle. Ces machines, dont la technologie date de l'ancien monde, et trop beaucoup trop peu utilisées à Aridara, m'intriguent. J'aimerai vraiment qu'on s'en serve beaucoup plus, leur utilité n'est plus à prouver, en témoigne la rapidité avec laquelle elles ont creusé ce sillon et regroupé le moteur.

Voir toutes ces mains, tout ces bras, fabriquer le projet de mes rêves, m'émeut autant que me frustre. C'est pour cela que dorénavant, je n'obéis plus à Vigo.

J'aide un des ouvriers avec une soudure qui résiste. Pouvoir toucher ma création est vraiment grisant. Diego me dévisage, l'air sombre, mais je me contente de l'ignorer. Je veux participer, je veux ajouter ma pierre à l'édifice.

Vigo, accompagné de ses hommes, arrive sur le chantier, les mains sur les hanches. Alors que je pense me faire réprimander, il s'esclaffe d'un rire amusé, et m'applaudit. Je me mets à rire aussi, soulagée par sa réaction. Dans le coin de mon œil, je vois Diego, la mine grave. Il commence à avoir beaucoup de mal à camoufler sa jalousie, en me voyant partager un moment presque complice avec un autre homme que lui. En effet, je n'ai pas souvent eu l'occasion de rire avec lui ces derniers temps.

— Mademoiselle Commonwood ! Vous désiriez tant que ça construire votre projet de vos petites mains délicates ? me demande alors l'investisseur avec un grand sourire.

— J'ai toujours aimé les travaux manuels, je réponds, en revissant un boulon.

— Ma foi, je suis ravie que vous soyez aussi passionnée, je me remettrai surement à vous pour d'autres projets si vous continuez comme ça ! s'exclame-t-il avec bonne humeur.

— Tant que vous êtes partant pour financer les miens ! Je rétorque en riant.

Nous partageons un moment conviviale, puis il tourne les talons et repars vers le village.

Après une journée de travail éprouvante, mais enrichissante, Je me laisse tomber sur mon lit. Je n'arrive pas à effacer mon sourire de mon visage, si bien que les muscles de mes joues commencent à être douloureuse. J'adore ce que je fais, et pour une fois depuis longtemps, Je suis complétement en phase avec moi-même.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant