Chapitre 24

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Le Macchabée nous réveille avec une petite bonne humeur qui me fait grimacer. J'ai beaucoup de mal à émerger, cela me rend grognon. Rose et moi avons eu froid toute la nuit, et sommes complètement engourdies. Je me lève avec difficulté, imitée par Rose, qui se masse le cou en faisait la moue. Nous avançons toutes les deux d'un pas maladroits jusqu'à l'entrée de la grotte où j'ai été déposée à mon arrivée. Il y a six chevaux, et le Crayon et Le Borgne sont manifestement en train de mettre toutes leurs affaires sur le dos des canassons, aidé par le Poisson et le Mollusque.

— Vous allez monter avec les jumeaux, nous dit Le Crayon, en nous voyant arrivés. Ils vous vous surveilleront de près.

Rose et moi nous échangeons un regard anxieux. Avec leur façon de me déposer au sol quand je suis arrivée, je n'ai pas vraiment envie de partager un cheval avec l'un d'entre eux.

Le jeune garçon, appelé La Tempête arrive, on peut l'entendre avant de le voir, le son du bâton qui lui sert de béquille raisonnant dans les parois caverneuses. Rose, qui ne l'a pas encore vu, affiche une mine empli d'effroi en voyant l'état de l'adolescent. J'ai moi-même, à nouveau un affreux sentiment de culpabilité, et me surprend à en vouloir à Diego. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a utilisé un lance grenade. Le Macchabé se dirige vers lui d'un pas rapide, le soutient jusqu'à un cheval, et l'aide à monter dessus. Il ne peut tenir les reines que d'une seule main, et j'ai presque envie de monter avec lui pour l'aider à se tenir, mais ça serait très mal venu de ma part. Je ne peux m'empêcher de me sentir responsable, même si je n'étais pas là quand c'est arrivé. Et puis, après tout, je ne le connais pas. Le Crayon nous fait signe de s'approcher. Le Poisson et le Mollusque montent sur leur chevaux respectif, et nous aident à monter chacune derrière l'un deux. J'ignore si je suis derrière le Poisson ou le Mollusque, mais je ne veux pas me tenir à lui. Je n'ai cependant pas d'autres choix, quand, une fois sur son cheval, Le Borgne, qui ouvre la marche, nous guide en dehors de la grotte.

La lumière du jour se reflétant sur la couleur pâle du sable m'éblouit et je suis obligée de me protéger les yeux avec mon bras. Je me suis trop habituée à l'obscurité de notre caverne. Le vent, vestige de la précédente tempête, est encore là, mais beaucoup plus faible. Nous avançons les uns derrière les autres, Le Borgne en tête de cortège. Le Crayon ferme la marche, surveillant les alentours d'un œil averti, le fusil à la main. Nous marchons dans le désert pendant des heures, avant de faire une pause pour manger.

— Nous établirons un camps plus haut, il nous faut une vue d'ensemble, nous dit Le Borgne.

Sa bande acquiesce. Je n'arrive vraiment pas à savoir à quel endroit d'Aridara nous nous trouvons, je ne sais même si nous sommes à l'Est, à l'Ouest, à Nord ou au Sud. Rose et moi mangeons ce qu'on nous donne, du pain, une boite de lard froide, et un peu d'eau tiède. Je me remets à peine de notre longue marche, que nous repartons dans le désert, gagnant les hauteurs de l'immense plaine sableuse. Le soleil se couche sur nous, nous enveloppant de sa douce lumière rose et orange.

Les hommes montent leur tente en toile, les fixant dans le sable avec difficulté, le vent leur compliquant la tâche. J'observe autour de moi, et mon regard tombe sur La Tempête et Le Macchabé qui se démènent avec la tente de l'adolescent. Je décide de me lever pour aller les aider. Ils ne me disent rien quand je saisis le tissus et leur maintiens tendu, pendant que le vieil homme le fixe du mieux qu'il le peut sur le piquet en bois. Le Borgne vient à son tour nous assister. Il ne parle pas non plus, et se concentre sur sa tâche.

— Mac, tu dormiras avec La Tempête, tu laisseras ta tente aux filles, dit-il, quand nous en finissons enfin le montage.

— Quoi ? Pourquoi tu ne le fais pas toi ? dit-il alors, indigné.

Les Forgeurs de Monde: T1 L'Eau et le FerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant