Mayrie, Thulmar, centre-ville, J-(-90), nuit
La ruelle était déserte, la nuit s'était installée depuis longtemps maintenant. L'air humide et lourd de particules fines témoignait de la pollution ambiante. Les réverbères étaient inutiles tant leur lueur fut faible. L'odeur de détritus mélangé à celle du métal prenait la gorge de quiconque l'inhalait.
May n'avait jamais aimé, pendant les quelques mois où elle avait du effectuer ce trajet, marcher seule à cette heure. Il lui était arrivé de nombreuses fois de se faire agresser en plein jour, la nuit ne lui inspirait donc pas confiance.
D'autant plus qu'aujourd'hui, elle ne rentrait pas dans son assiette, elle était désespérée et confuse. Marchant, elle semblait livide, comme les rare cadavres parfois adossés au pied des immeubles. L'espoir naissant qu'elle était sensée ressentir était bafoué par la peur et l'angoisse. La pression nouvelle qu'elle ressentait l'atterrait.
Plus tôt ce soir-là, après une interminable attente, le Gérant avait appelé Camilla dans le trou lui faisant office de bureau. Mayrie sentant sa compagne faible avait insisté pour l'accompagner, de peur que le grossier personnage n'en fasse qu'une bouchée.
- Monsieur je suis... commençait péniblement Camilla.
- Assis, la coupa-t-il sèchement à l'image d'un chien aboyant.
Les jeunes femmes firent ainsi, pourtant, May ne put s'empêcher de fusiller l'homme du regard.
- ô femmes... pourquoi me compliquer la vie, ô grand pourquoi, s'écriait tragiquement le Gérant. Est-ce que je ne vous ai pas déjà offert tout ce que je pouvais ? Le revenu, la renommée, l'honneur... Et, malgré ma grande générosité, rien. Pas un effort de rendu. Je vous ait sortit de votre misère ! hurla-t-il soudainement faisant sursauter les deux jeunes femmes lui faisant face. Sans moi, vous ne seriez rien ! RIEN ! continua-t-il avant de se mettre à ricaner grassement, faisant rebondir l'entièreté de son large corps.
Camilla gémit de peur et se remit à larmoyer silencieusement. May, elle, était révoltée. Il était impensable pour elle de le laisser faire. Elle pensait vraiment prendre Camilla sous son aile en la logeant. Mais malgré ses revenus plus élevés, elle avait encore du mal à subvenir à tous les besoins de ses 3 frères. Alors avec une jeune femme et d'ici quelques mois un nourrisson en plus, elle aurait besoin de plus de ressources.
- J't'aurais bien fichue à la porte, à bouffer aux chiens. Vu la chienne que tu es à te faire mettrez en cloque aussi vite, continuait cyniquement l'homme.
May n'y tenait plus mais se convainc qu'elle devait garder ce travail, aussi misérablement soit-elle ou ses collègues considérées, si elle voulait aider Camilla.
- Le soucis, vois-tu, c'est que je suis en sous-effectif de filles. Et oui, les belles dames ça court plus les rues, soit trop maigres, soit malades, soit laides... la marchandise est rare et prisée. Les maisons closes nous entourent, heureusement que les militaires aiment la boissons, mon bar rembourse les potiches qu'il me manque. Donc c'est tant mieux pour toi ma puce, je dois te garder. Ça m'embête bien mais bon j'aurais pu avoir pire que toi. Et qui sait, certains fantasme peut-être sur les grosses !
S'en suivis un long rire aigre sonnant comme le cri d'un vieux corbeau. May étant plus lucide que son amis était profondément choquée par les propos du burlesque individu. Quand les Hommes avaient-ils perdus leur humanité ? N'y tenant plus elle se leva furieuse et d'un coup sec, frappa de toutes ses forces sur la table en bois, coupant court le cynique ricanement du Gérant.
- Oh, une rébellion ? Tu sais que tu es belle comme un ange quand tu es énervée chérie ? Aller, assied-toi et garde ta fougue pour mes clients.
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IRON FAT BOY
RomanceCette guerre tuait plus que des Hommes, elle tuait des âmes. De par sa longueur, sa cruauté, son étendue, sa mortalité, mais surtout son absurdité. Comment une question morale avait pu engendrer la mort de nos frères, de nos sœurs, de nos pères ? C...