Treekson, Thulmar, Côte ouest, J-(0), matinée
Le géant d'acier grondait tel un monstre. La machinerie créait une atmosphère grave à cause du son grave en émanant. Les poulies et moteurs puissants vrombissaient et faisaient écho sur les parois solides de métal gris, résonnant comme l'aurait fait la terre lors de la fin des temps.
Treekson n'aimait pas particulièrement cette ambiance même si il se sentait plus à sa place sur cette ville mouvante qu'a Thulmar. Ici il pouvait se rendre vraiment utile et commencer à zéro sur un continent qui lui serait inconnu et où il serait inconnu. Peut-être ne serait-il plus Commandant là-bas, qu'importe, il souhaitait juste laisser son passé derrière lui et passer à autre chose.
- Commandant Bass ? interpella un jeune officier, s'adressant à son supérieur
- Je vous écoute.
- Votre escouade est complète, vous pouvez la rejoindre.
- Merci, vous pouvez disposer
D'un signe de tête protocolaire, le jeune homme saluait son supérieur hiérarchique et partit en direction d'un couloir sombre simplement éclairé d'une lanterne à la lueur faible.
Treekson quant à lui avançait vers la grande porte ayant permis l'entrée des passagers, il y vérifia qu'elle fut bien étanche, surveillant les hommes de main effectuer les derniers contrôles techniques.
Il faut dire que cette porte une fois désolidarisée du tunnel, se retrouverait immergée dans sa totalité, il lui fallait alors résister à la pression exercée par l'eau.
Inspectant la porte, Treekson vit une sorte de renfoncement dans le mur, entre un tuyau de plus d'un métré de rayon et la paroi froide de la coque du bateau. Intrigué, il décrochait un lanterne du mur et la pointait vers l'ouverture. Celle-ci était si petite et étroite que seul un enfant ou une personne très maigre aurait pu s'y glisser.
C'est ainsi qu'il la reconnu, May, recroquevillée dans cette espace exiguë et froid. Elle était d'une pâleur extrême et semblait ne respirer que peu.
Troublé, le jeune homme ne remarqua pas qu'un des technicien l'avait suivi et observait aussi la jeune femme.
- Dois-je appeler les gardes Commandant ? demandait l'homme inquiet.
- Non, veuillez disposer, vous et vos collègues. La porte à été étanchéifiée ?
- Oui Monsieur, tout est près pour le départ.
- Bien, laissez moi je vous prie, ne parlez d'elle à personne, c'est un ordre, lui soufflait Treek le regard toujours rivé sur la jeune femme.
L'homme s'en alla aussi vite qu'il fut arrivé derrière Treekson. Appelant ses collègues, il déguerpi au pas de course, intimidé par la froideur et l'autorité du jeune Commandant.
Une fois seul, Treekson attrapait le bras de Mayrie et l'attirait vers lui. Puis d'un mouvement il la portait, attentif à une potentielle réaction. Mais rien, sa peau était froide et ses reflexes absents. Elle était certainement en hypothermie sévère.
Dépassé par la condition de la jeune femme, il se pressait d'emprunter les couloirs exiguës du navire, il pris soin de ne pas passer par la grande salle -salle principale où avait été accueillit les passagers et assignés à leurs départements- il ne voulait rencontrer personne.
Il savait que s'il tombait sur un de ses supérieurs, il prendrait pour son grade d'aider une inconnue des registres des passagers.
Se faisant discret, il avançait discrètement mais au pas de course. Puis, enfin arrivé devant la salle des ascenseurs, il en empruntait un. Un ascenseur industriel pouvant accueillir plus de 50 personnes.
- Reste avec moi May, tu n'as pas fait tout ça pour rien. Priait-il pendant que les étages défilaient.
Son attachement à la jeune femme qu'il ne connaissait que très peu le troublait.
« - 76 » annonçait une voix robotique lorsque l'ascenseur eut atteint le dernier étage du bateau.
Les portes s'ouvrirent avec un bouquant monstrueux et le jeune homme observait rapidement l'environnement : une grande salle toute d'acier, des lits alignés les uns aux autres en 5 lignes de 12.
Assis sur chacun d'entre eux, de jeunes gens se trouvaient, dépités, sans émotions, tenant leurs pauvres effets personnels.
Se reconcentrant sur son but, Treekson courut vers un des lit non occupé et entreprit d'y coucher la jeune femme.
- Quelqu'un saurait m'aider ? J'ai besoin de couvertures et de tout ce que vous pourriez avoir de chaud. Interpellait Treekson.
Tous levèrent la tête mais seul une dizaine se levèrent, les autres ne devaient pas parler la langue local. Une jeune femme aux cheveux blonds et aux habits noirs accourue avec la couverture de son lit, suivie des quelques bonnes âme du département.
- Que lui arrive-t-il ? demandait la jeune femme blonde.
- Elle est en hypothermie, elle a passé, à mon avis, une bonne partie de la nuit dans le froid.
Treek avait reconnu la voix de Mlle Griffin mais fit semblant de ne pas le relever.
- En même temps, fallait faire la queue comme tout le monde, grognait un jeune métisse aux cheveux mi-longs et fait de dreadlocks.
- Je saurais retenir votre manque de compassion jeune homme, votre nom ? demandait Treek en emmitouflant May dans les couvertures fournies par les passagers.
- Euh... Benz, Zalig Benz. Mais c'est pas ce que je voulais dire, je pensais pas mal, je...balbutiait le jeune homme gêné
- Cessez, rendez-vous utile et aidez-moi pour pardonner votre stupidité.
Voyant l'uniforme militaire et l'autorité de ce qu'il prenait comme un officier, Zalig partit chercher un oreiller dont il enlevait la house et qu'il aspergeait de l'eau d'une gourde qu'il trouva au pied d'un lit. Il appuyait ensuite la taie sur un conduit sifflant.
Revenant avec la taie vers le groupuscule formé autour de la jeune femme inconsciente, Zalig posait le bout de tissu chaud tu le front de cette-dernière.
- Débrouillard à ce que je vois, observait Treekson troublé par la rapidité de réflexion du jeune homme.
- Bah c'est la guerre dehors, il faut bien. Répliquait Zalig en haussant les épaules.
- Que quelqu'un lui frictionne les mains, repris Treekson de nouveau concentré sur sa tache principale.
Après de longues minutes de labeur à s'agiter autour de la jeune femme, celle-ci fit trembler ses paupières et ouvrit péniblement les yeux.
Le remarquant, Treekson lui pris les mains et demandait concerné :
- Mayrie, tu m'entends ? Tu es sauve, tu as réussi, tu es à bord !
Son enthousiasme surpris les passagers environnants mais ils n'en firent rien, soulagés de ne pas avoir de mort sur la conscience avant même le départ du navire.
- Treek ? C'est bien vous ? J'avais peur de ne jamais vous trouver dans ce monstre. Commençait difficilement la jeune femme étourdie.
- Vous êtes là c'est le principal.
Treek en voyant le si gracieux visage de Mayrie se ranimer, sentit en lui grandir un attachement à cette femme ayant tout bravé pour sortir sa famille de la misère.
Il fut tant ému qu'il en oubliait de lâcher ses mains encore froides. IL ne se rendit même pas compte que tous le dévisageait.
Seule Legan laissait paraitre un léger sourire, certainement touchée par un moment si doux dans un milieu si hostile.
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IRON FAT BOY
RomanceCette guerre tuait plus que des Hommes, elle tuait des âmes. De par sa longueur, sa cruauté, son étendue, sa mortalité, mais surtout son absurdité. Comment une question morale avait pu engendrer la mort de nos frères, de nos sœurs, de nos pères ? C...