Treekson, Thulmar, Siège Gouvernemental, J-(-90), après-midi
Après que le Dirigeant lui ait expliqué pendant une longue heure tous les aspects techniques de sa mission, lui ait parlé de comment il comptait infiltrer sa fille à bord et résumé en long et large un interminable discours sur son regret à laisser son adorable petite fille partir seule en mer entourée par les simples gens du « peuple », Treekson avec son esprit très tranché, avait déduit que cette homme avait un comportement trop étrange et contradictoire pour déporter une part non-négligeable de sa population, et cela en pleine guerre.
Après cette entrevue impromptue, il avait eu une pensée pour Legan, qui prise de court allait certainement, avant de s'en sortir pour faire changer d'avis son vacillant père, souffrir d'une angoisse pure comme tous ces gens du « peuple » quittant leur pays natal. Elle allait s'en sortir. Il la connaissait sans vraiment lui avoir parlé, pourtant, comme à beaucoup, elle lui inspirait un sang-froid remarquable, presque surhumain.
Mais les pensées emmêlées du jeune homme se redirigèrent vers le Dirigeant. Il était en réalité, au contraire de sa fille, d'une impulsivité choquante. Comment pareil homme avait-il pu redresser un pays entier avec seulement quelques Conseillers ? Ne serait-il en fait qu'une image charismatique que le vrai cerveau du pays veut donner ? « Etrange conclusion pour une première rencontre » pensait Treekson.
Les deux hommes n'avaient pas beaucoup échangé, la discussion se résumait au Dirigeant faisant de longues tirades et Treekson acquiesçant. Pourtant, ce dernier aurait mis sa main au feu que quelque chose clochait chez son supérieur, ce n'était qu'une question de temps pour qu'il comprenne quoi.
Apres cet instant de confusion, le jeune homme se rappelait qu'il avait programmé un rendez-vous quelques jour plus tôt avec un des Hauts-Fonctionnaires pour parler encore plus en détail de la Traversée et de son rôle. Un certain Ewart, Conseiller Ewart.
Il n'avait aucune idée de qui il avait à faire. En effet les Hauts fonctionnaires faisaient parties d'une convoitise populaire - richesse, notoriété, reconnaissance... -, chaque citoyen avait déjà rêvé pour sur de devenir un des leurs, comme un fantasme. Certain y sont parvenus et étrangement, sont de ceux étant peut ou pas médiatisés ou reconnus. Ewart devait être de ceux-ci.
Il était honoré d'avoir des fonctions reconnues par le Dirigeant mais il redoutait une telle responsabilité si Legan faisait effectivement partit du convoi. Plusieurs mois pour rejoindre Steamland, allait-il la maintenir saine et sauve ? Il le fallait.
Sortant enfin de sa rêverie, Treekson se dirigea vers la sortie de l'immense amphithéâtre. Lorsqu'il s'approcha de la gargantuesque porte en métal qui scellait la salle, deux gardes armés lui ouvrir de façon théâtrale. Lui-même habitué aux armes et apparat de combat, il ne put s'empêcher de se sentir ridicule face à ces mastodontes d'au moins 2 mètres préparés à donner leur vie pour leur Dirigeant.
Quoiqu'abordant un bon mètre 90 il restait un commandant très jeune et il avait connaissance du fait que cet apriori lui portait préjudice. Il en était d'ailleurs complexé malgré une assurance paraissant à toute épreuve.
Ainsi sortit en ayant bien fais l'effort de se tenir droit et en abordant un air assuré face aux gardes, Treek se retrouvait dans l'immense couloir de l'Immeuble Gouvernemental. Il marchait d'un pas déterminé faisant claquer ses bottes noires impeccablement cirées sur le sol en marbre blanc. Les très hautes fenêtres faisaient passer une grande partie de la lumière ce qui donnait à l'endroit un côté idyllique malgré la misère de la capitale aux alentours.
L'air était encore lourd de l'animation qu'avaient créer les nombreux militaires venus assister à la conférence quelques temps au part avant. Treek se sentait aussi déterminé que mal à l'aise sa position secrète et atypique le rendait assez isolé.
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IRON FAT BOY
RomanceCette guerre tuait plus que des Hommes, elle tuait des âmes. De par sa longueur, sa cruauté, son étendue, sa mortalité, mais surtout son absurdité. Comment une question morale avait pu engendrer la mort de nos frères, de nos sœurs, de nos pères ? C...