Chapitre 16

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J'ai passé la journée avec le mage Gabriel à réparer mon corps. Lorsque la nuit tombe, je peux enfin sortir de l'infirmerie. J'ai encore l'épaule endolorie par le choc d'hier, mais je n'ai plus besoin de la mettre dans une écharpe.

Je traverse le pont, à tâtons, et je m'assois sur le bord, au milieu de cette nuit paisible. Le calme est rare à l'académie, surtout après une telle vérité déballée.

Je respire et apprécie le moment tout en contemplant le ciel étoilé.

La charge sur mes épaules est toujours aussi lourde malgré le soutien du royaume de Moler. Entre la rébellion contre le général Gyle, les dragons non liés, Wyatt, je ne sais même plus où en est notre plan. Je n'ai même pas annoncé la bonne nouvelle à Théa et Deamon.

Un problème à la fois...

Un problème à la fois.

Mais lequel est le plus important ? Les dragons non liés sont très dangereux, et d'après ce que j'ai vu imprévisible. Mais mon père et ma famille sont torturés. Ils doivent être sauvés, c'est mon devoir, par loyauté envers eux. Mais ma loyauté va également à ce royaume et à tous ses habitants. Si ma loyauté va à tout le monde, comment vais-je pouvoir choisir ?

Arhhhh.

Mon flot de pensées s'arrête instantanément lorsque j'entends des pas derrière moi. Je glisse ma main sur ma cuisse droite pour attraper une dague avant de me retourner et de la mettre sous la gorge de la personne qui s'approche.

J'aperçois Wyatt sous sa cape bleue, qui lève les mains en signe de paix.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Je rengaine ma dague, car il n'est clairement pas une menace. Puis, soyons honnêtes, Wyatt ne me servirait à rien dans mes deux problèmes. Il ne connaît pas son père, il n'a pas grandi avec lui. Il n'a aucune correspondance avec lui. Il a juste le mauvais nom de famille, de toute évidence. La haine que j'ai envers lui est uniquement liée à son père, et j'ai trop d'honneur pour tuer quelqu'un qui n'a pas comploté contre ce royaume.

— J'avais besoin d'air, comme toi apparemment, lâche-t-il avec dégoût.

Je ne peux pas lui en vouloir, j'ai été si insupportable avec lui qu'il ne peut que me détester. Ce qui me va très bien au passage puisque je ne l'apprécie pas non plus. Ce n'est pas parce qu'il est loyal envers mon royaume, pour l'instant, que je me dois d'être gentille avec lui.

Je m'apprête à partir lorsqu'il m'agrippe le bras pour me retenir. Mais pour qui se prend-il à me forcer à faire quelque chose ?

— C'est vrai ?

— Sois plus claire, Wyatt. Je ne suis pas d'humeur à jouer ce soir, je lui réponds sur un ton dur avec une pointe d'exaspération.

Il me dévisage du regard comme s'il voyait un autre aspect de ma personnalité. Il mémorise chacun de mes traits de visage, à la recherche de quelque chose. Je ne suis pas une bête de foire qu'on dévisage.

— Tu as trente secondes pour baisser les yeux avant que je commette l'impardonnable.

Il détourne son regard pour le reporter sur le ciel devant lui.

— Elle montre les crocs... souffle-t-il à lui-même.

— Pardon ?

Il se ravise et implore mon pardon en me regardant une fraction de seconde dans les yeux. Je n'en reviens pas que ses yeux soient aussi gris avec des taches blanches. C'est si déstabilisant, du fait de sa rareté évidemment.

Le prix de la loyauté [envoyé en maison d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant