Chapitre 15

10 4 0
                                    

Il doit y avoir des centaines de personnes autour de moi, vu les bruits de pas qui frappent le sol. Je peine à ouvrir les yeux. Tout mon corps me fait mal. J'ai l'épaule en écharpe, je la sens maintenir mon articulation. Je tente de me relever lorsque deux mains me maintiennent au lit.

— Tu ne bouges pas, exige Théa tout en me tendant une tasse.

— Je n'ai pas mon mot à dire à ce que je vois, lancé-je sur un ton sarcastique tout en adressant un sourire crispé par la douleur.

La pièce est remplie de bruit sourd. Je ressens les crépitements des lumières, le bois qui crie sous les chaussures des soldats. Toutes ses sensations remplissent mon corps comme pour combler un vide.

— La dragonne est... dis-je en soutenant leur regard ?

— La dragonne ? demande Deamon tout en faisant apparaître deux barres sur son front.

Nous n'avons pas participé au même combat hier ? Ou c'était ce matin. Je ne sais pas l'heure qu'il est ni combien de temps je suis restée inconsciente. Je balaye la pièce du regard, mais je n'ai aucun indice déterminant pour répondre à toutes mes questions.

— Je ne me suis pas mise dans cet état toute seule, ajouté-je en mettant un pied par terre pour vérifier si mes jambes me tiennent toujours.

À ma grande surprise, les membres inférieurs de mon corps ne sont pas si endommagés. J'aperçois quelques contusions, je ressens beaucoup d'hématomes, mais rien de cassé, une chance, vu comment mon bras me lance. De toute évidence, il n'a pas tenu le choc.

— Non... euh oui elle est morte, chuchote Théa tout en me caressant le dos de manière affectueuse.

— Qu'est-ce que tu me caches ? Je te préviens, je perds déjà patience.

Je commence à me demander ce qui ne tourne pas rond dans cette pièce. J'ai éliminé une menace pour l'entièreté du royaume. J'ai fait mon devoir, et l'on me traite comme un bébé qui vient de naître.

La dragonne est morte. L'ennemi n'est plus là. Je ne vois pas ce qui peut être plus terrible que ça.

— Tu étais...

— Morte, faut le dire. Tu étais morte, achève Deamon. Tu étais allongé sur le sol, aucun battement de cœur à l'horizon. Le rugissement d'Onenty était clair pour nous. Tu étais partie.

Je ne comprends pas. Comment puis-je être assise devant eux alors ? Il doit se tromper, car je ne suis clairement pas immortelle. La preuve en est que mon corps a du mal à se rétablir. Si je pouvais défier la mort, mon corps serait déjà guéri.

— Pourtant, je suis ici, alors je me suis accrochée à la vie, dis-je exaspérée de tous ces mystères.

— Le mage nous a affirmé qu'une seconde de plus et tu ne serais jamais revenue, m'assure Théa dans un soupir qui laisse échapper toute son inquiétude.

— Je suis là.

Je lui prends les mains en voyant ses larmes monter à ses belles petites joues rouges.

— Mon cœur bat et je suis toujours la même, ajouté-je pour les rassurer tous les deux. Et si l'on repartait à l'académie, j'ai un professeur à malmener.

Je les entends rire aux éclats.

— Oui, toujours là, lance Deamon avec un sourire franc.

Le prix de la loyauté [envoyé en maison d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant