Chapitre 26

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— Vous ne me ferez pas changer d'avis !

Mon grognement fait écho à celui de mon dragon. Il ne loupe pas une miette de mon altercation avec le général Adrian, directeur de la maison Extremis.

Son bureau est aussi désordonné que lorsque nous nous y sommes introduits. Les quelques fenêtres toujours ouvertes laissent place à la lumière du début de journée. La brise s'engouffre dans la pièce soulevant les rideaux blancs au passage.

Je contourne la petite table d'appoint et me plante devant son bureau tout en m'appuyant sur celui-ci. Il est en chêne, un bois majestueux tout comme son poste. Je dépose l'écusson de mon uniforme devant ses yeux.

— Je suis votre meilleure arme, je n'ai pas le temps de me soumettre à vos caprices de protecteur, lancé-je amer.

Ma permission de sortie pour une mission de surveillance dans le nord de la nation m'a été retirée. Mission jugée trop dangereuse, je suis censée profiter de ma vie et satisfaire les désirs de mon futur époux.

— Et pourtant vous n'avez pas le choix, ajoute-t-il.

Son demi-sourire ne fait que nourrir la rage qui pulse dans mes veines. J'ai envie de lui arracher son air suffisant pour qu'il comprenne où est sa place.

— Faites attention au ton que vous employez avec moi général... Je n'ai pas envie de devoir vous rappeler la hiérarchie qui régit notre monde.

Il se tend une demi-seconde avant de reprendre contenance. Il est agacé de la situation et je vois également une lueur de fierté naître au fond de ses iris. Son irritation vient peut-être du fait que la prise de pouvoir de son frère le place au-dessus du roi. Ce qu'il ne sait pas, c'est que je n'ai pas dit mon dernier mot.

— Dans cette académie, vous devez vous plier à mes ordres, ajoute-t-il tout en bombant le torse.

Sa démonstration de pouvoir mal placé ne fait que m'amuser. Il n'est rien ni personne, mais apparemment, il aime vivre dans ses rêveries remplies d'espoir.

— Vous êtes mignon, jouer au roi vous amuse ? Vous aimez assouvir votre pouvoir sur la couronne dans cette enceinte juste parce que c'est le seul terrain de jeu où c'est accepté ?

Il me fait pitié.

Une chose est sûre, il n'a rien compris aux règles du jeu. Il faudrait que je lui apprenne un de ces jours. Son sourire s'élargit de plus belle. Il pense que je viens d'admettre de n'avoir aucun pouvoir au sein de sa précieuse école. Il n'a donc rien compris.

Imbécile.

L'orgueil est le premier des sept péchés capitaux et c'est le sentiment le plus utile qui soit. Il procure un certain statut. S'il y a bien une chose à laquelle les gens réagissent, c'est à ça. On a tous notre place dans ce monde comme des pièces sur un échiquier. Les pions peuvent se battre toute leur vie pour essayer de devenir roi, mais seuls ceux qui sont nés pour l'être peuvent comprendre ce que signifie cette position. Le général Adrian n'a rien compris à sa place sur cet échiquier. Mon père m'a appris une chose, si je veux maintenir ma place, je dois déplacer les pions rapidement. Aujourd'hui, je vais en déplacer un, et cela va me demander un grand sang-froid.

— Vous êtes si intelligente, Princesse Mia.

Je suis à deux doigts de lui trancher la gorge. Il ne connaît pas mes capacités, mais comment pourrait-il les connaître ? Il sort de son bureau uniquement pour aller voir mon père, son roi.

Le prix de la loyauté [envoyé en maison d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant