Chapitre 24 : Un jour sans toi

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C'est seul que Jordan fit le chemin du retour jusqu'à l'hôtel. Un mélange de tristesse et de confusion l'envahissait. Il ne savait plus comment réagir, ni comment apaiser le tumulte de ses pensées. Il en voulait à ce monde impitoyable de la politique qui lui avait arraché l'homme avec qui tout semblait si parfait, dans ce cadre idyllique de la Corse. Ses vacances n'auraient plus jamais le même goût sans lui.
Mais il ne pouvait pas se laisser abattre, car une autre responsabilité l'attendait : son équipe de boxe, qu'il devait diriger avec la même passion, même si le cœur n'y était plus.

De retour à l'hôtel, le premier à venir à la rencontre de Jordan fut Léopold. Le petit garçon l'attendait visiblement avec impatience, les yeux pleins d'espoir.

- Mon frère est parti ? Demanda-t-il innocemment.

Cette simple question résonna douloureusement en Jordan, comme une lame invisible plantée en plein cœur.
À cet instant, l'image du Premier Ministre refit surface, plus vive que jamais. Ce dernier instant volé, ce baiser discret échangé dans la voiture, à l'abri des regards, sur ce parking. Une scène gravée dans sa mémoire, teintée à la fois de douceur et d'amertume.

- Oui, mais tu le reverras très bientôt. Répondit Jordan d'une voix rassurante.

Jordan se forçait à maintenir un sourire, même si son cœur se serrait face à son petit frère. Léopold, désemparé, fixait Jordan, l'air perdu, les bras ballants, comme si le monde venait de s'effondrer autour de lui. Le Président du RN savait déjà qu'il allait devoir redoubler d'attention pour ce garçon qui vivait chaque séparation comme une trahison, un coup de poignard silencieux.

Léopold, immobile, laissa son visage se déformer sous le poids de la tristesse, et bientôt, des larmes silencieuses commencèrent à rouler le long de ses joues. Jordan ne lui laissa pas le temps de sombrer davantage dans ce chagrin. Il se pencha, le souleva doucement et le serra contre lui, sentant le petit corps trembler sous l'émotion.

- Ne pleure pas, mon grand. Murmura Jordan avec tendresse, sa voix adoucie par l'affection qu'il éprouvait.

- Je ne voulais pas qu'il parte. Sanglota Léopold, enfouissant son visage dans le cou de Jordan, cherchant un refuge contre cette douleur qui le dépassait.

Jordan resserra son étreinte, essayant de lui offrir, à travers ce geste, tout le réconfort qu'il pouvait.

- Moi non plus. Chuchotait Bardella.

Jordan tentait de consoler Léopold du mieux qu'il pouvait, lui murmurant des mots doux et rassurants tout en caressant tendrement l'arrière de son crâne. Ils restaient là, immobiles, à la porte de l'hôtel, enveloppés dans une bulle de silence pendant de longues minutes, comme si le temps s'était arrêté pour eux.

Cependant, la curiosité naturelle des autres enfants ne tarda pas à prendre le dessus. L'un après l'autre, les jeunes boxeurs de l'équipe s'approchèrent discrètement, intrigués par cette scène inhabituelle. Ils savaient que quelque chose de particulier s'était passé, et l'absence de Gabriel se faisait déjà sentir. Finalement, l'un d'eux se risqua à poser la question que tous avaient sur les lèvres :

- Ça y est ? Il est parti Gabriel ?

Jordan, toujours calme malgré le poids de la situation, hocha lentement la tête avant de répondre :

- Oui.

Un soupir collectif d'incrédulité et de tristesse parcourut le groupe.

- Oh non ! S'exclamèrent-ils en chœur la petite troupe tristement.

Jordan jeta un regard à cette petite équipe qui lui faisait confiance. Il savait qu'il allait devoir être fort, et principalement pour Léopold.

Les enfants adoraient Gabriel, et en si peu de temps, ils s'étaient tous profondément attachés au jeune Premier Ministre. « On ne voulait pas qu'il parte ! » S'exclama l'un d'eux, la voix teintée de regret. « Est-ce qu'il va revenir ? » Demanda un autre avec inquiétude. « Mais nous, on l'adorait ! On veut qu'il revienne ! » Ajouta un troisième, exprimant le chagrin partagé par toute la petite troupe.

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