Chapitre 5 : Incontrôlable gestes

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Les caméras venaient de s'éteindre. Et le débat prit fin. Jordan et Gabriel se leva pour se serrer la main en guise de bonne foi. Tous les deux semblaient être fier de leurs représentations.

- Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais, beau travail, monsieur Attal. S'exclama Jordan avec un sourire.

- Merci, il est vrai que j'ai étais bien meilleur que vous avec mes idées concrets. Répondit Gabriel avec un sourire taquin.

Jordan fronça les sourcils tout en gardant le même sourire. Il était même un peu étonné de la réponse de son rival. Car en temps normal, c'est Jordan qui se lançait tous les mérites. Bardella regardait Attal avec une légère hésitation avant de prendre la parole.

- Je tenais à m'excuser par rapport à hier et..

Bardella fit couper.

- Allons discuter ailleurs. S'exclamait Attal.

Gabriel engagea le pas. Il entendit un simple « oui » assez discret derrière lui. Il pouvait sentir la présence de Jordan qui le suivait. Le Premier Ministre trouvait toujours surprenant la manière dont Bardella changeait de costume, entre celui du Président du RN, et celui du simple, Jordan Bardella, l'hors norme politicien.
Les deux politiciens marchèrent côte à côte. Bardella préférait suivre Attal sans dire un mot. Jusqu'à qu'ils arrivent à la loge d'Attal.

- Veuillez m'excuser une minute. Fit Gabriel à Jordan.

- Je vous en prie.

Le Premier Ministre entra dans sa loge puis referma la porte. Cela aura durer moins d'une minute avant que Bardella ne voit une petite ribambelle d'hommes en costume sortant de la loge de Gabriel.
Jordan se fit la réflexion qu'il n'avait pas autant de monde qui l'attendait dans sa loge à lui. Le Premier Ministre se tenait prêt de la porte, faisant un signe de la main au Président du RN de rentrer.

- Pardon. Commençait Attal. Mais nous sommes jamais trop prudent, il vaut mieux parler des choses personnelles en privé.

- Je suis d'accord. Répondit Bardella.

- Est-ce que vous voulez boire quelque chose ? Proposa Attal. Après les débats je suis toujours assoiffé.

- Alors juste de l'eau, s'il vous plaît, je ne vais pas pouvoir rester très longtemps.

Gabriel acquiesça d'une simple geste de la tête avant de partir vers le mini frigo pour prendre deux bouteilles d'eaux.

- J'ai réfléchi, et je tenais à m'excusez pour hier à l'entraînement. Commença Jordan. Ce n'était pas correct de ma part de vous charriez sur les résultats des élections, vous semblez aussi être épuisé, je n'aurais pas du vous faire cette remarque. Nous ne partageons pas les mêmes idées, mais j'aurais dû avoir un peu plus de tact à votre égard. J'ai du respect pour vous.

Bardella se sentait plus léger de lui avoir présenté ses excuses. Lorsqu'il avait tord ou qu'il allait trop loin, il savait le reconnaître. Il regarda Gabriel dans l'attente d'une réponse mais celui-ci préférait le regarder avec un simple sourire.

- Quoi ? Demanda Jordan d'un air amusé. Je sais reconnaître quand j'ai tord.

- Ce n'est pas ça. Ria légèrement Attal. Nous sommes en pleine campagne pour les élections, vous comme moi sommes débordé par le travail, mais la chose qui vous préoccupez, est notre conversation à la salle hier ?

Jordan sentait de la chaleur monter dans ses joues. Il but une gorgée d'eau fraîche dans l'espoir d'atténuer le malaise qu'il avait en lui à cet instant. Gabriel n'avait pas visé juste, mais presque. Ses excuses faisaient parties d'une des nombreuses tâches qu'il avait à accomplir.

- Oui, enfin, non. Répondit Jordan quelque peu embarrassé. J'ai préférais... être sincère quoi. Alors, je vous présente. mes excuses.

Bardella n'avait absolument pas la même éloquence face à Monsieur Attal que devant des millions de français. Et il venait de s'en rendre compte. Cela n'avait pas échappé non plus à Attal.

- J'accepte vos excuses, c'est assez honnête de votre part. S'exclama Gabriel. Mais croyez moi, pour moi c'était déjà oublié. Il est vrai que je manquais d'un peu de sommeil, je n'aurai pas non plus vous parlez ainsi.

- Nous sommes quittes alors. Ria légèrement Bardella.

- Nous le sommes.

Les deux hommes échangèrent un regard avant de boire une gorgée d'eau en même temps. Jordan regarda sa montre.

- Vous m'excuserez, je dois déjà partir. Fit Jordan.

- Je dois me remettre au travail aussi. Merci pour cet échange, c'est rare de ne pas parler que de politique avec un politicien. Ria légèrement Attal.

- C'est vrai, je me faisais la même réflexion. Ria également Jordan.

Les deux hommes se serra la main et Gabriel raccompagna jusqu'à la porte, son rival politique.
Bardella allait s'en aller avant de se retourner vers Attal.

- Au fait, Léopold fait de réel progrès, il prend énormément de confiance en lui, je tenais à vous le signaler aussi.

- C'est gentil, merci, merci pour lui. Fit doucement Gabriel.

Les deux hommes se regardèrent une nouvelle fois avec un sourire. Comme si l'un ne voulait pas que l'autre s'en aille. L'ambiance avait quelque peu changé entre le début du débat et cet échange dans la loge. Ils en avaient conscience tous les deux. Du moins pour Attal.
Bardella sentit que quelque chose était différent. Mais il aurait été incapable de dire quoi. Il ne connaissait pas ce genre de chose et il ne savait pas encore lire les effets que son corps lui envoyé.

- Vous faites l'entraînement demain ? Demanda Gabriel.

- Mhh, je pense que oui, ça me fait du bien. Sourit Jordan. Vous venez aussi ?

Attal hésita. Il savait qu'il avait encore une tonne de travail à faire et que ses conseillers et collaborateurs les plus proches avaient besoin de sa présence à Matignon. Ce n'était pas le moment de relâcher un instant tous les efforts et le travail menait chaque jour. Les jours, les heures et les minutes étaient compté.

- Je pense que oui.

Décidément, Attal était incapable d'écouter la raison des plus raisonnable. Son cerveau lui disait une chose, sa bouche en disant une autre.

- Très bien. Alors à demain.

Jordan fit un clin d'œil à Attal avant de s'en allait.
Lorsqu'il tourna les talons, il ferma un instant fermement ses yeux. Il regratta instantanément son geste.
Mais qu'est-ce qu'il lui avait passé par la tête pour faire ce genre de signe ? Sa loge n'était pas très loin, mais suffisamment pour qu'il se repasse en boucle l'échange de quelque minute avec le Premier Ministre.
Pendant ce temps, Gabriel rentra dans sa loge, refermant la porte derrière lui. Il se demanda « qu'est-ce qu'il vient de se passer ? » le Premier Ministre ne faisait pas allusion qu'au clin d'œil. Mais également à tout ce qui s'était passé dans la loge. Rien de très impressionnant en apparence. Mais Gabriel sentait ces choses-là. L'atmosphère n'était pas la même que d'habitude. Il se passait quelque chose. Quelque chose de bon. Quelque chose qu'il n'avait pas senti depuis longtemps. Mais malgré ça, il préférait penser que rien d'inhabituel venait de se passer. Il était quand même face au Président du RN, de son parti opposé.
La petite bouteille d'eau de Jordan était resté sur la table, mal bouchonnée. Il l'a fixa un instant. Ce détail le fit sourire.
Il secoua sa tête comme pour faire sortir ce sourire et ses pensées positives de la tête. Il ne devait pas oublier que l'homme qui lui avait envoyé de bonne ondes était ni plus ni moins, un adversaire du camp adverse. Il ne pouvait pas ressentir de la sympathie plus qu'il en avait de pour son adversaire.
N'était-il pas préférable que Gabriel marque ses distances avec le Président du Rassemblement National ? Cela semblait être la meilleure chose à faire, du moins pour le moment. Jusqu'à que les derniers résultats ne tombent. Et pourtant, Gabriel aimait sincèrement assister aux entraînements de boxe de son petit frère.
Mais il aimait également voir Bardella d'une autre manière que dans la vie professionnelle. Il appréciait le voir en privé.

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