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Coucou !! Bonne lecture !!













                                          Neila



Planque, Moscou – 04h32

Le silence n'était plus pesant. Il était tranchant.
Je m'étais assise contre le mur, les genoux repliés, le manteau encore sur le dos.

Elio, lui, tournait en rond. Encore. Comme un animal en cage. Pourtant il était libre, maintenant. C'est ce que je me disais. Mais lui, je crois qu'il n'y croyait pas encore.

— Tu vas te tuer à force de marcher, finis-je par dire.

Il ne répondit pas tout de suite. Il s'arrêta. Me regarda. Son regard, c'était pas celui d'avant. Il y avait une fissure, quelque chose de rugueux, de cabossé.

— J'arrive pas à dormir, lâcha-t-il.

— T'as le droit de t'effondrer, tu sais.

Il eut un rire amer.

— J'ai pas le luxe de m'effondrer, Neïla. Pas avec tout ce qu'il reste à faire.

Je ne bouge pas. Je savais qu'il était comme ça. Depuis toujours. Fier. Réticent. Mais cette fois, c'était différent. Il y avait eu la cellule, la trahison, la peur. Et moi. Je l'avais vu nu, au sens brutal du terme. Dans sa chute. Dans sa vulnérabilité.

— Tu sais que t'étais pas obligé de le faire seul, Elio.

— Si, j'étais obligé. Parce que chaque fois que je laisse quelqu'un entrer, ça finit mal. J'ai voulu te tenir à l'écart pour te protéger. Et j'ai fini en taule.

Je me redressai un peu. Mon cœur battait fort, mais je ne voulais pas flancher.

— Et moi j'ai choisi de venir. Personne ne m'a obligée.

— Je sais. Et c'est ça le pire, murmura-t-il.

Il s'assit enfin, face à moi. Ses coudes sur ses genoux, les yeux dans les miens. Il avait l'air épuisé. Brûlé de l'intérieur. Mais il restait là. Présent.

— Quand j'étais là-bas, dans le noir... je pensais à toi. À ta voix. Aux choses qu'on n'a pas dites. À celles qu'on a fait semblant d'oublier.

Je baissai les yeux.

— Moi aussi, je pensais à toi.

Un silence. Il battait comme un second cœur entre nous.

— Tu m'as sorti de là, Neïla. Et maintenant... je ne sais même pas comment te remercier. Je ne sais même pas si j'en ai le droit.

Je le regardai enfin, bien en face.

— J'ai pas fait ça pour que tu me remercies, Elio. J'ai fait ça parce que je crois encore en toi.

Il cligna des yeux, comme si mes mots lui faisaient plus mal que tout le reste.

— Même après tout ce que j'ai fait ?

— Surtout après.

Il me tend la main. Juste ça. Une main tendue. Hésitante. Presque fragile.

Je la prends sans réfléchir. Je sens ces doigts caresser le dos de ma main.

Et dans cette pièce glaciale, au milieu des ombres et des silences, il y eut enfin une vérité. Simple.

Silencieuse. Mais vivante.







                                      Le lendemain.






𝖊𝖑 𝖈𝖆𝖕𝖔[ terminer ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant