LE POIDS DE LA HAINE

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Les semaines qui suivirent l'accident furent un véritable enfer pour Nayman. Le monde qui l'entourait semblait s'effondrer, et il ne pouvait s'empêcher de ressasser sans cesse les événements de cette nuit fatidique. La douleur de la perte de Mentissa était insupportable, mais ce qui le rongeait encore plus était la colère. Une colère froide et implacable, dirigée vers une seule personne : Lauren.
Dans son esprit, tout était clair. Si Lauren n'avait pas eu besoin d'aide cette nuit-là, si elle n'avait pas été sur cette route, Mentissa serait encore en vie. Pour Nayman, il n'y avait pas de doute : c'était la présence de Lauren qui avait conduit à cette tragédie, et cette pensée le hantait jour et nuit.
Chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait le visage de Mentissa, et une vague de rage déferlait en lui. La douleur se transformait en haine, et cette haine était entièrement dirigée contre Lauren. Elle était devenue, dans son esprit, la personnification de tout ce qui avait mal tourné dans sa vie. Il se souvenait de leurs débuts, de leurs moments de complicité, et ne pouvait s'empêcher de se dire que sa plus grande erreur avait été de tomber amoureux d'elle.
Lauren, de son côté, était en chute libre. La mort de Mentissa avait été un choc, mais ce qui la détruisait vraiment, c'était de savoir que Nayman la tenait pour responsable. Depuis la mort de son père, la vie de Lauren n'avait été qu'une succession d'épreuves. Elle avait perdu son amour, son entreprise était sous pression à cause de la concurrence, et maintenant, elle devait porter le fardeau de la culpabilité pour la mort de Mentissa l'épouse de l'homme qu'elle aima plus que tout au monde.
Elle errait dans son grand appartement vide, les souvenirs de son père et de sa relation avec Nayman se mélangeant dans un tourbillon de douleur et de regret. Les nuits étaient les pires. Seule, confrontée à ses pensées, elle revivait sans cesse cette nuit fatidique. Elle se demandait ce qu'elle aurait pu faire différemment, comment elle aurait pu éviter ce drame.
Annabelle, autrefois son amie, ne manquait pas une occasion de lui rappeler que tout cela n'était que le fruit de son propre karma. Pour Annabelle, la déchéance de Lauren n'était que justice. Leur amitié s'était détériorée depuis longtemps, et Annabelle, jalouse de la réussite de Lauren par le passé, savourait maintenant chaque instant de sa chute. Ses mots cruels, distillés sous couvert de bienveillance, étaient autant de coups de poignard que Lauren encaissait en silence.
Nayman, quant à lui, refusait de se laisser consoler. Sa mère, Monica, voyait son fils s'enfoncer dans une douleur qui semblait ne jamais s'apaiser. Elle tentait, avec tout l'amour maternel qu'elle possédait, de lui redonner goût à la vie. Elle l'encourageait à sortir, à reprendre ses activités, à s'entourer de sa famille. Mais rien n'y faisait. Nayman était devenu un homme de marbre, fermé au monde, refusant toute consolation.
Monica, désemparée, s'inquiétait de plus en plus pour lui. La lumière qui avait autrefois illuminé son regard avait disparu, remplacée par une froideur qui la terrifiait. Elle ne savait plus quoi faire pour l'aider. Son fils, autrefois si plein de vie, était en train de se perdre, et elle était impuissante à l'en empêcher.
C'est Norma, la sœur de Nayman, qui finit par lui proposer une solution. Voyant son frère s'enfoncer dans le chagrin et la colère, elle lui suggéra de venir passer un moment à la campagne, loin de la ville et de ses souvenirs douloureux. Norma vivait dans une maison tranquille, entourée de nature, et elle espérait que ce changement d'air pourrait apaiser un peu son frère, lui permettre de se ressourcer.
Nayman hésita d'abord. L'idée de quitter la ville, de s'éloigner de tout ce qu'il connaissait, ne lui plaisait guère. Mais la perspective de continuer à croiser Lauren, ou même simplement de se rappeler constamment de tout ce qu'il avait perdu, finit par le convaincre. Peut-être que l'isolement pourrait l'aider à retrouver un semblant de paix intérieure.
Lorsqu'il arriva chez Norma, l'atmosphère tranquille de la campagne l'accueillit avec une douceur inattendue. Le chant des oiseaux, le murmure du vent dans les arbres, et la sérénité de l'endroit étaient en contraste frappant avec la tourmente intérieure qu'il vivait. Norma l'accueillit avec chaleur, ne posant pas de questions, respectant son besoin de silence et d'introspection.
Les jours passèrent, et peu à peu, Nayman commença à ressentir les effets apaisants de la nature. Il passait ses journées à se promener dans les bois, à marcher pendant des heures, laissant ses pensées vagabonder. Mais chaque fois qu'il croyait trouver un peu de calme, le visage de Mentissa lui revenait en mémoire, et avec lui, la colère refaisait surface.
Norma, bien que discrète, veillait sur son frère avec une attention constante. Elle voyait les luttes qu'il endurait, et elle savait que le chemin vers la guérison serait long et difficile. Mais elle espérait que, loin de tout, Nayman pourrait commencer à faire son deuil, à accepter la perte de sa femme et à envisager un avenir sans elle.
Pendant ce temps, à New York, Lauren continuait de s'enfoncer. Sa carrière, autrefois brillante, était en chute libre. L'entreprise souffrait de plus en plus de la concurrence, et ses décisions devenaient erratiques. Elle était rongée par la culpabilité et la solitude, incapable de trouver un moyen de se racheter aux yeux de Nayman, ou même aux siens.
Les nuits étaient longues, et l'idée que Nayman la haïssait pour ce qui était arrivé à Mentissa la hantait. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais regagner sa confiance, ni son amour. La douleur qu'elle ressentait était insupportable, et elle se demandait parfois comment elle pourrait continuer à vivre ainsi.

FOLLE DE DÉSIR TOME 3 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant