FOLLE DE DÉSIR TOME 3

JEUX DE POUVOIRS

Lauren retourna au travail avec un mélange de détermination et de ressentiment. La perte de son père avait laissé un vide immense, mais elle n'était pas prête à se laisser consumer par la douleur. À la place, elle canalisa son énergie dans son rôle de directrice du journal, se jetant à corps perdu dans chaque tâche, chaque décision, avec une froide efficacité. Mais derrière cette façade professionnelle, une autre émotion se frayait un chemin : la colère. Et cette colère était dirigée vers Nayman.
Leur séparation officielle et les récentes manigances de sa mère avaient ravivé en Lauren un désir de contrôle, un besoin de reprendre le dessus dans une vie qui lui échappait. Elle savait que Nayman travaillait encore pour le journal, et l'idée de le voir heureux avec Mentissa, tandis qu'elle souffrait, la rongeait de l'intérieur. Elle décida de lui rendre la vie professionnelle aussi difficile que possible.
Lauren commença par lui confier les tâches les plus ardues, les projets les plus exigeants, et les deadlines les plus serrées. Elle lui envoyait des courriels à toute heure du jour et de la nuit, s'assurant qu'il soit toujours surchargé de travail. Ses collègues remarquèrent cette soudaine augmentation de la charge de travail de Nayman, mais personne n'osa intervenir, de peur de s'attirer les foudres de Lauren.
Nayman, quant à lui, remarqua rapidement le changement.
« Je rêve ou tu me confies pleins de reportages à réaliser dans un court délai ? « lui dit-il en colère
« pas du tout. Mais tu es journaliste non ? Si tu ne veux plus travailler dis le moi et je te remplaces « lui répondit Lauren
« Pas du tout. Mais tu le fais par jalousie, car tu es malheureuse de me voir heureux. Tu n'as qu'à te trouver un nouveau chéri.
« Je ne te permets pas de me parler de la sorte. Je suis ta patronne, et tu me dois le respect. Quand à ma vie sexuelle ne t'inquiète pas pour moi.
« Ah oui ? Tu ne trouveras jamais personne comme moi qui puisse te faire grimper aux rideaux.
« N'en sois pas si sûr. Va faire ton travail ou sinon tu en subiras les conséquences.
Lauren du se contrôler pour ne pas lui sauter dessus. Nayman savait comment lui parler pour la rendre folle de désir.
Les semaines passaient, et il se retrouvait à passer de plus en plus de temps au bureau, souvent jusqu'à tard dans la nuit. Les heures supplémentaires s'accumulaient, et il rentrait chez lui épuisé, incapable de consacrer du temps à autre chose qu'au travail. Pourtant, malgré la fatigue, Nayman refusait de laisser Lauren l'abattre. Il s'accrochait, conscient que sa résistance était la seule chose qui le maintenait à flot.
Cependant, cette situation affectait de plus en plus sa relation avec Mentissa. Ils avaient commencé leur histoire avec des espoirs simples, mais Nayman n'était plus que l'ombre de lui-même, accablé par les exigences incessantes de son travail. Il essayait tant bien que mal de rester présent pour Mentissa, mais il sentait que quelque chose clochait. Le temps qu'ils passaient ensemble était souvent marqué par son épuisement et ses absences mentales.
« Nayman, tu ne peux pas continuer comme ça, » lui dit un jour Mentissa, alors qu'il s'écroulait de fatigue sur le canapé, à peine rentré du travail. « Ce que Lauren te fait subir n'est pas normal. Tu dois te défendre, lui parler, ou envisager de partir. »
Nayman soupira, passant une main lasse sur son visage. « Je sais, Mentissa, mais je ne veux pas lui donner la satisfaction de me voir craquer. Elle cherche à me briser, et je refuse de lui donner ce pouvoir. »
Mentissa posa une main réconfortante sur son épaule. « Mais à quel prix, Nayman ? Notre relation en souffre aussi. Nous ne nous voyons presque plus, et quand c'est le cas, tu es épuisé. Je ne veux pas te perdre à cause de ce travail. »
Nayman la regarda, réalisant la vérité dans ses paroles. Il savait qu'il devait faire un choix, mais il n'était pas prêt à abandonner si facilement. Pourtant, la fatigue accumulée et la pression commençaient à éroder ses certitudes.
Malgré les tensions, Mentissa restait patiente, consciente des efforts que Nayman faisait pour maintenir leur relation à flot. Et, à mesure que les semaines passaient, quelque chose d'inattendu se produisit : leur lien devint plus fort, plus résilient. Ils réalisèrent qu'ils s'aimaient profondément, au-delà des difficultés.
Un soir, alors que Nayman, enfin libéré de son travail, retrouvait Mentissa pour un dîner en tête-à-tête, il prit une décision. « Mentissa, je ne veux pas que Lauren dicte ma vie, ni la nôtre. Je suis prêt à passer un cap avec toi, à construire quelque chose de solide. Je suis fatigué de cette guerre d'usure avec Lauren. »
Mentissa sourit, les larmes aux yeux. « Moi aussi, Nayman. Je suis prête à avancer, avec toi. »
Ce fut un moment charnière pour eux. Ils décidèrent de prendre leur relation au sérieux, d'emménager ensemble et de commencer à construire un avenir commun. Cette décision fut accueillie avec joie par la famille de Nayman, qui voyait en Mentissa une personne capable de le rendre heureux après les tumultes de sa relation avec Lauren. Pour eux, Nayman avait enfin trouvé une stabilité qu'ils espéraient depuis longtemps.
Lauren, de son côté, n'était pas restée indifférente aux changements dans la vie de Nayman. Elle apprit rapidement que lui et Mentissa avaient franchi un cap, et cette nouvelle l'atteignit plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle avait cherché à le pousser à bout, espérant qu'il craque sous la pression, mais au lieu de cela, il s'était rapproché de Mentissa. Cette réalisation l'ébranla, la confrontant à ses propres échecs et à la solitude qu'elle avait elle-même créée.
Un soir, après avoir appris que Nayman et Mentissa allaient emménager ensemble, Lauren s'effondra dans son bureau, la tête entre les mains. Elle avait perdu Nayman, mais plus encore, elle se rendait compte qu'elle avait perdu une part d'elle-même dans cette lutte sans fin. Les manigances, la pression, tout cela n'avait servi qu'à la plonger plus profondément dans son isolement.
Peut-être, pensa-t-elle pour la première fois, qu'il était temps de laisser Nayman partir, de vraiment le laisser partir, et de se reconstruire seule, sans chercher à contrôler ce qu'elle ne pouvait plus changer.