L'ÉCLIPSE TRAGIQUE

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Le manoir ou la publication du livre de Nancy a lieu est, paré pour un événement grandiose, scintillait sous les feux des projecteurs. Ce jour devait être celui du bonheur, de la rédemption. Nancy, la sœur de Nayman, se tenait radieuse dans sa robe de mariée, prête à sceller  de nouveau son amour avec le sénateur Benjamin Rockefeller, malgré les doutes qui avaient parfois assombri leur relation. Leurs familles, bien que souvent opposées, s'étaient rassemblées pour célébrer cette union, espérant qu'elle marquerait le début d'une nouvelle ère de paix entre les Johnson et les Rockefeller.
Mais ce qui devait être une journée de bonheur se transforma en un cauchemar inimaginable.
Alors que Nancy et Benjamin échangeaient leurs vœux devant les invités, un silence solennel régnant parmi les convives, une silhouette s'avança de la foule. Personne ne remarqua d'abord la tension dans son regard, ni la détermination glaciale qui émanait d'elle. Ce n'est que lorsqu'un coup de feu retentit que l'horreur frappa tout le monde.
L'ancienne conquête de Benjamin, une femme que personne n'avait vue venir, s'était infiltrée parmi les invités. Animée par la rancœur et la jalousie, elle avait attendu le moment précis pour agir. Le coup de feu résonna encore dans l'air alors que Benjamin s'effondrait, une tache de sang s'étendant rapidement sur son torse. Le chaos éclata. Les cris des invités se mêlèrent aux pleurs et aux ordres hurlés, mais tout cela ne changeait rien à l'inévitable : le sénateur Benjamin Rockefeller, l'homme que Nancy aimait, gisait mort devant elle, assassiné en plein jour, en plein cœur de leur cérémonie de mariage.
Nancy tomba à genoux à ses côtés, hurlant son nom, secouant désespérément son corps inerte, refusant de croire à ce qu'elle voyait. Mais il n'y avait rien à faire. Benjamin était parti, arraché à la vie dans un acte de violence insensé.
Ce fut un drame qui plongea non seulement les Rockefeller, mais aussi les Johnson, dans un deuil profond et bouleversant. Ce jour qui devait être une célébration de l'amour se transforma en une tragédie nationale, et la nouvelle fit les gros titres, ajoutant à la douleur des proches l'attention incessante des médias.
Pour Lauren, la mort de son frère fut un choc insupportable. Benjamin avait toujours été une figure centrale dans sa vie, un repère, et le voir partir ainsi, brutalement, la laissa dévastée. Elle errait dans le manoir familial, incapable de comprendre comment le destin avait pu être aussi cruel. Chaque pièce, chaque objet lui rappelait Benjamin, et l'idée qu'il ne franchirait plus jamais le seuil de leur maison la brisait un peu plus chaque jour.
Thomas, fidèle à lui-même, était à ses côtés. Il la soutenait du mieux qu'il pouvait, essayant de combler le vide laissé par Benjamin, bien conscient que rien ne pourrait jamais réellement atténuer sa douleur. Il était là pour elle, dans les moments de silence, lorsqu'elle ne parvenait même plus à pleurer, simplement assise à regarder dans le vide. Il était là aussi pour absorber sa colère, sa révolte contre un monde qui semblait résolu à lui arracher tout ce qu'elle aimait.
Nayman, quant à lui, se trouvait à nouveau confronté à l'impensable. Le deuil de sa sœur, qu'il devait désormais soutenir, réveillait des souvenirs encore trop frais de sa propre tragédie. Voir Nancy effondrée, consumée par le chagrin, lui rappelait son propre désespoir après la mort de Mentissa. Il se souvenait de ce sentiment d'impuissance, de ce vide immense qui semblait tout engloutir, et l'idée de revivre cela, même par procuration, lui était insupportable.
Pourtant, il n'avait pas le choix. Il devait être fort pour Nancy. Elle avait besoin de lui plus que jamais, et il ne pouvait pas la laisser tomber avec les enfants qui étaient encore petits. Avec l'aide de Nolan, leur frère, ils formèrent un rempart autour de Nancy, essayant de la protéger autant que possible des tourments qui l'assaillaient de toutes parts. Ils l'accompagnèrent dans les préparatifs de l'enterrement, un événement qui, en raison du statut de Benjamin, prit des proportions dantesques.
L'enterrement d'un sénateur, encore plus lorsqu'il s'agit d'un Rockefeller, n'est pas une affaire privée. C'est un événement d'État, et Nancy dut affronter non seulement son propre chagrin, mais aussi la pression publique, les caméras braquées sur elle, les discours officiels, les visages graves de politiciens venus honorer la mémoire de son défunt mari. C'était comme si son deuil n'avait pas de place, éclipsé par la pompe et la solennité imposée par les circonstances.
Nayman, debout à côté de Nancy lors de la cérémonie, sentait son propre cœur se serrer. Il voulait être là pour Lauren aussi, la réconforter comme Thomas le faisait, mais chaque fois qu'il pensait à elle, la douleur de sa propre perte ressurgissait avec une intensité insupportable. Il se sentait piégé entre son désir de l'aider et l'incapacité de faire face à son propre deuil non résolu.
À la fin de la cérémonie, alors que les derniers mots étaient prononcés et que le cercueil de Benjamin descendait dans la terre, Nayman tourna son regard vers Lauren. Elle se tenait entre les bras de Thomas, le visage dévasté, mais il pouvait voir, même à cette distance, la force qu'elle mettait dans chaque respiration pour ne pas s'effondrer. Leur regard se croisa un instant, et Nayman sentit une douleur aiguë traverser sa poitrine. Il l'aimait toujours, mais il ne savait plus comment lui montrer sans rouvrir ses propres blessures.
La nuit qui suivit l'enterrement fut longue et silencieuse. Nancy resta cloîtrée dans sa chambre, refusant de voir qui que ce soit, tandis que Nayman errait dans la maison vide, repensant à tout ce qu'ils avaient perdu. Il se rendit finalement au salon, où il trouva Lauren assise, une coupe de vin à la main, regardant les flammes danser dans la cheminée.
Il s'approcha lentement, et sans un mot, s'assit à côté d'elle. Ils restèrent ainsi, silencieux, chacun perdu dans ses pensées, mais pour la première fois depuis longtemps, Nayman sentit qu'il n'était pas seul dans sa douleur. Peut-être que, même s'ils ne pouvaient pas se guérir l'un l'autre, ils pouvaient partager un peu de ce fardeau, en silence, dans cette nuit marquée par la perte.

FOLLE DE DÉSIR TOME 3 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant