L'EMPREINTE DU DEUIL

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Les jours qui suivirent l'enterrement furent sombres et silencieux pour la famille Johnson. Le manoir, autrefois vibrant de vie, était devenu un lieu de deuil, où chaque pièce semblait hantée par le souvenir de Benjamin. Nancy, en particulier, était submergée par la tristesse. Le choc de perdre son mari le jour même de leur remariage était une épreuve insupportable. Mais au milieu de ce chagrin, Nancy savait qu'elle devait se montrer forte pour ses trois enfants, encore si jeunes, qui avaient besoin d'elle pour avancer.
Nayman, lui, avait pris sur lui de soutenir sa sœur du mieux qu'il pouvait. Il passait de longues heures à ses côtés, essayant de combler le vide laissé par Benjamin, tout en s'occupant des enfants qui, eux, ne comprenaient pas entièrement la gravité de ce qui s'était passé. Ils demandaient où était leur père, pourquoi il ne rentrait pas à la maison. Nayman, le cœur lourd, leur offrait des réponses simples, essayant de les rassurer sans leur mentir. Chaque sourire arraché à ses neveux et nièces était une petite victoire dans cet océan de tristesse.
Mais il savait qu'il ne pouvait pas se contenter de soutenir Nancy. Il devait aussi prendre des nouvelles de Lauren. La décision ne fut pas facile. Revoir Lauren après la mort de Mentissa avait toujours été douloureux pour lui, mais il ne pouvait pas ignorer sa propre culpabilité. Après tout, Lauren venait de perdre son frère, et même si leur relation avait été tendue ces derniers mois, il se sentait obligé de la réconforter.
Il se rendit donc chez elle, le cœur battant, essayant de ne pas laisser sa propre douleur l'envahir. Quand Lauren ouvrit la porte, une vague d'émotions les submergea tous les deux. Ils restèrent un moment silencieux, se regardant, lisant dans les yeux de l'autre la même tristesse, le même désarroi. Lauren était visiblement touchée par la visite de Nayman, et un mince sourire apparut sur son visage fatigué.
« Merci d'être venu, Nayman. Ça me fait du bien de te voir, » dit-elle d'une voix tremblante.
« Je ne pouvais pas rester sans prendre de tes nouvelles, » répondit-il doucement. « Je sais combien c'est difficile... perdre quelqu'un qu'on aime. »
Ils s'assirent dans le salon, parlant peu, laissant surtout le silence remplir les espaces vides. Pour la première fois depuis longtemps, ils partageaient quelque chose d'authentique, un lien rétabli par la souffrance commune. Pour Lauren, ce geste de Nayman représentait bien plus qu'une simple visite de courtoisie. C'était peut-être le début de la réconciliation, l'espoir de retrouver leur amitié d'antan.
Cependant, cette possibilité, aussi encourageante soit-elle pour Lauren, était source de douleur pour Thomas. Il observait de loin, voyant les signes d'une connexion que, malgré ses efforts, il ne pourrait jamais réellement éteindre. Il connaissait l'histoire entre Nayman et Lauren, et il savait qu'une part d'elle n'avait jamais cessé de l'aimer. Même si elle ne l'avouait pas, Thomas percevait cette étincelle dans ses yeux lorsqu'elle parlait de Nayman, une lueur qu'il n'avait jamais vraiment pu éclipser. Bien que blessé, Thomas essayait de ne pas laisser sa jalousie ternir son soutien à Lauren. Il l'aimait sincèrement et voulait être présent pour elle, même s'il craignait que ce ne soit jamais assez.
Pendant ce temps, Victoria Rockefeller vivait un enfer personnel. La mort de Benjamin l'avait profondément bouleversée, mais la culpabilité la rongeait encore plus. Ce n'était pas simplement la douleur d'une mère qui avait perdu son fils, mais celle d'une femme qui savait qu'elle portait une part de responsabilité dans cette tragédie. Elle avait manipulé une ancienne conquête de Benjamin pour créer des tensions entre lui et Nancy, espérant ainsi préserver la pureté du nom Rockefeller et dissuader le remariage. Jamais elle n'avait imaginé que ses manipulations aboutiraient à un tel désastre.
Victoria était désormais une femme brisée, rongée par le remords. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle revoyait le visage de son fils, et l'image de la femme qu'elle avait utilisée pour accomplir ses sombres desseins. Elle était hantée par la dernière fois qu'elle avait vu Benjamin, plein de vie, ignorant qu'elle avait contribué à son destin tragique.
Elle ne savait plus comment vivre avec ce poids. Elle se sentait piégée dans une prison qu'elle avait elle-même construite, et chaque jour était un calvaire de plus à endurer. Même sa famille ne parvenait plus à la réconforter. L'ombre de sa culpabilité planait sur elle, l'isolant de ceux qui auraient pu l'aider.
Alors que Nayman tentait de soutenir Nancy et Lauren, il ne pouvait ignorer l'impact que cette tragédie avait eu sur Victoria. Il la voyait, dévastée, et même s'il éprouvait de la colère envers elle pour ce qu'elle avait fait, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine compassion. Mais pour le moment, son devoir était clair : être là pour sa sœur, pour ses neveux et nièces, et pour Lauren, qui comptait sur lui pour se reconstruire.
Les jours se transformaient en semaines, et chacun tentait de trouver une forme de normalité, de s'accrocher à la vie malgré tout. Nayman, qui avait longtemps cherché à éviter Lauren pour ne pas rouvrir ses propres blessures, commençait à comprendre qu'il ne pouvait fuir éternellement. Peut-être que le chemin vers la guérison passait par la reconnaissance de ce qu'ils avaient partagé, et de ce qu'ils partageaient encore. Mais cette route serait longue, et pleine d'embûches.
Pour l'instant, ils devaient tous avancer, un jour à la fois, portés par l'espoir que le temps finirait par atténuer leur peine, même si la douleur, elle, ne disparaîtrait jamais complètement.

FOLLE DE DÉSIR TOME 3 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant