FOLLE DE DÉSIR TOME 3

LA NUIT DE L'INFORTUNE

Les mois avaient filé à une vitesse folle. Nayman était devenu une véritable étoile montante dans le monde du journalisme, ses articles incisifs et ses reportages de terrain étant salués par la critique et le public. Travailler pour l'entreprise concurrente de celle de Lauren s'était révélé être la meilleure décision qu'il ait jamais prise. Son nom était désormais synonyme de journalisme de haut niveau, et ses enquêtes avaient un impact réel, secouant les puissants et donnant une voix aux sans-voix.
Pendant ce temps, Mentissa continuait à briller sous les projecteurs de la mode. Le partenariat entre Greco et sa mère, Monica, avait atteint des sommets inimaginables. Leur ligne de vêtements de luxe, avec le visage de Mentissa comme image de marque, était devenue un phénomène mondial. Chaque nouvelle collection se vendait avant même d'arriver en boutique, et les défilés où Mentissa apparaissait étaient des événements incontournables.
Nayman était enchanté par le succès de sa femme. Leur mariage, fondé sur un amour profond et une admiration mutuelle, se portait à merveille. Ils étaient heureux, prospères, et rien ne semblait pouvoir ébranler leur bonheur.
Mais le destin est parfois cruel, et c'est lors d'une nuit pluvieuse que tout bascula.
Il pleuvait des cordes ce soir-là. Les gouttes lourdes martelaient le pare-brise des voitures, réduisant la visibilité à presque rien. Les routes étaient glissantes, les phares des véhicules se reflétaient sur l'asphalte mouillé, créant un jeu de lumières trompeur dans la nuit noire.
Lauren, après une longue journée au bureau, conduisait en silence, fatiguée et perdue dans ses pensées. Les dernières semaines avaient été éprouvantes. Voir Nayman réussir brillamment dans son nouveau poste n'avait fait qu'accentuer son sentiment d'échec. Elle se demandait si elle aurait dû prendre des décisions différentes, si elle n'aurait pas dû être plus souple, plus compréhensive. Ses regrets l'assaillaient, et elle se sentait plus seule que jamais.
Alors qu'elle roulait sur une route de campagne sombre, sa voiture commença à émettre un bruit étrange. Le moteur toussa, puis s'arrêta brusquement. Lauren jura sous son souffle, tournant la clé de contact dans une tentative vaine de redémarrer le moteur. Rien. La voiture était en panne, au milieu de nulle part, sous une pluie battante.
Elle sortit de la voiture pour vérifier sous le capot, mais l'obscurité et la pluie rendaient toute tentative de réparation impossible. Sans signal sur son téléphone portable, elle était seule et démunie. Le désespoir commença à s'emparer d'elle, mais elle essaya de rester calme.
C'est à ce moment-là qu'une autre voiture passa sur la route, ses phares éclairant brièvement la silhouette trempée de Lauren. Le véhicule ralentit, puis s'arrêta. À sa grande surprise, c'était Mentissa qui en sortit.
« Lauren ? » cria Mentissa, sa voix à peine audible sous le vacarme de la pluie. Elle tenait un parapluie, mais le vent le faisait trembler. « Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ? »
Lauren, abasourdie, ne répondit pas tout de suite. L'ironie de la situation ne lui échappa pas : la femme qu'elle avait toujours considérée comme sa rivale était là, dans cette nuit noire, prête à lui venir en aide. « Ma voiture est en panne, » finit-elle par dire, sa voix tremblante de froid et de fatigue.
Mentissa hocha la tête, s'approchant pour l'aider à examiner la voiture. « Laisse-moi t'aider, » dit-elle. « On peut essayer de voir si on peut la redémarrer ou... »
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un bruit sourd et terrible retentit dans la nuit, suivi du crissement des pneus sur la route mouillée. Un véhicule, roulant à toute allure et sans voir les deux femmes dans l'obscurité, faucha Mentissa de plein fouet.
Le temps sembla s'arrêter. Le parapluie s'envola, la voiture dérapa et s'arrêta plus loin, mais le mal était fait. Mentissa gisait sur le sol, immobile, la pluie ruisselant autour d'elle. Lauren, sous le choc, se précipita vers elle, mais elle savait au fond d'elle-même que l'accident avait été fatal.
Les heures qui suivirent furent un brouillard de sirènes, de lumières bleues clignotantes, et de larmes silencieuses. Nayman, averti en urgence, arriva sur les lieux peu après l'accident. Lorsqu'il vit le corps sans vie de Mentissa, son monde s'écroula. Il se précipita vers elle, la serrant dans ses bras, hurlant son nom dans un mélange de chagrin et d'incrédulité. Rien ni personne ne pouvait atténuer sa douleur.
Le conducteur, un homme ivre, fut rapidement arrêté. Mais cela n'avait aucune importance pour Nayman. La seule chose qui comptait, c'était que la femme qu'il aimait, celle avec qui il avait imaginé passer le reste de sa vie, venait de lui être arrachée de la manière la plus brutale qui soit.
Lauren, elle aussi, était en état de choc. Elle n'avait pas pu sauver Mentissa, et la culpabilité la rongeait. C'était elle qui avait eu besoin d'aide, et c'était Mentissa qui avait payé le prix de sa propre impuissance. L'ironie cruelle de la situation lui était insupportable.
Les jours qui suivirent l'accident furent une épreuve insurmontable pour Nayman. Devenu veuf en une nuit, il errait dans leur maison, chaque pièce lui rappelant celle qui n'était plus là. Leur lit, leur cuisine, les petites notes qu'elle laissait parfois sur la table... Tout lui parlait de Mentissa. Son absence était un vide qu'il ne savait comment combler.
Monica et Greco, anéantis eux aussi par la perte de leur muse et belle-fille, tentèrent de soutenir Nayman, mais leur propre chagrin les accablait. Les médias, autrefois fascinés par le succès de Mentissa, se délectaient maintenant de la tragédie, et les journaux étaient pleins d'hommages posthumes à la jeune femme.
Nayman, brisé, devait faire face à une vie sans elle. Son travail, autrefois source de passion, semblait désormais dénué de sens. Il ne savait pas comment avancer, comment continuer sans Mentissa à ses côtés. La douleur était trop vive, trop présente.
Lauren, malgré sa propre culpabilité, assista aux funérailles de Mentissa. Elle se tenait à l'écart, discrète, ne sachant pas comment faire face à Nayman. Elle savait qu'il la tenait, en partie, responsable de ce qui s'était passé, et elle ne pouvait lui en vouloir. Elle-même n'arrivait pas à se pardonner. Cette nuit-là, quelque chose d'irréversible s'était produit, et elle craignait de ne jamais pouvoir se racheter.
Le destin avait pris un tour cruel et inattendu, laissant Nayman seul avec son chagrin, et Lauren avec le poids insupportable de la culpabilité. Ce drame marquerait à jamais leurs vies, les liant d'une manière sombre et douloureuse.