FOLLE DE DÉSIR TOME 3

LE PRIX DE LA COLERE

Nayman arpentait les rues de New York avec un mélange de rage et de désespoir. Depuis la soirée caritative des Johnson, une nouvelle rumeur avait commencé à se répandre, alimentée par les langues vipérines du cercle mondain : Lauren sortait avec Thomas, son ancien ami d'enfance. Les images de Lauren souriante, heureuse aux côtés de Thomas, tournaient en boucle dans sa tête, accentuant un sentiment d'injustice qu'il n'arrivait pas à chasser. Elle semblait avoir retrouvé une forme de bonheur, tandis que lui n'était qu'une ombre de lui-même, incapable de tourner la page, prisonnier de sa douleur et de son deuil.
Il ne pouvait supporter cette idée, cette réalité où elle souriait avec un autre homme alors que lui se débattait avec les fantômes du passé. Chaque sourire de Lauren, chaque éclat de rire partagé avec Thomas était un coup de poignard. Il la détestait pour cela. Il la haïssait pour avoir trouvé la force de continuer, alors que la sienne l'avait abandonné. Mais derrière cette colère brûlante, un autre sentiment se faisait jour, un sentiment qu'il refusait d'admettre : il avait encore des sentiments pour elle.
Chaque fois qu'il essayait de la détester, des souvenirs de leur bonheur passé revenaient le hanter. Les moments partagés, les promesses échangées, tout cela le rappelait à l'amour qu'il avait encore pour elle, enfoui sous des couches de chagrin et de ressentiment. C'était ce mélange d'amour et de haine qui le consumait, rendant chaque journée plus insupportable que la précédente.
Pendant ce temps, dans les salons feutrés de la haute société new-yorkaise, une autre tempête se préparait. La mère de Lauren, Victoria Rockefeller, connue pour son caractère acéré et son influence, ne manquait jamais une occasion de jeter de l'huile sur le feu. Elle avait toujours désapprouvé Nayman, le considérant comme indigne de sa fille, et la mort tragique de Mentissa ne fit que renforcer son mépris. Désormais, elle ne se contentait plus de murmurer des critiques à demi-mot, elle s'assurait que tout le monde sache que Nayman était en train de sombrer.
Victoria  ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre que Nayman était devenu alcoolique depuis la mort de sa femme. À chaque réception, chaque dîner mondain, elle insinuait que Nayman n'était plus qu'un débris humain, se noyant dans l'alcool pour oublier ses échecs. Ces rumeurs se répandirent comme une traînée de poudre, salissant encore plus la réputation de Nayman dans les cercles qu'il fréquentait autrefois avec assurance.
Monica, la mère de Nayman, n'était pas une femme à se laisser intimider. Lorsque les mots de Victoria lui parvinrent, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle avait supporté beaucoup pour le bien de son fils, gardant souvent son calme face aux provocations, mais cette fois, Victoria était allée trop loin.
Lors d'une énième soirée, alors que les invités se mêlaient autour d'un buffet opulent, Monica surprit Victoria en train de répandre ses venins habituels, décrivant Nayman comme un homme perdu, faible, et indigne de la compagnie respectable. Les lèvres pincées, Monica sentit la colère bouillonner en elle. Elle s'approcha de Victoria , interrompant sa conversation avec un regard glacial.
« Victoria , » commença Monica d'une voix basse mais tranchante, « cela suffit. »
Elle se retourna, ses yeux remplis d'une satisfaction malsaine. « Oh, Monica, je ne fais que dire la vérité. Il est important que les gens sachent à quoi s'attendre de quelqu'un comme Nayman. »
Monica sentit une vague de colère la submerger. Avant même qu'elle ne puisse réfléchir, sa main s'éleva et elle gifla Victoria  avec une force qui surprit autant les témoins que la victime elle-même. Un silence de plomb s'abattit sur la pièce, tous les regards se tournant vers les deux femmes.
Victoria porta la main à sa joue, les yeux écarquillés de stupeur. « Comment oses-tu... ? »
« C'est toi qui oses trop, Victoria , » répliqua Monica avec froideur. « Mon fils souffre, et tout ce que tu trouves à faire, c'est d'étaler ses faiblesses en public ? Tu n'es qu'une hypocrite qui se cache derrière son rang. »
Victoria , d'abord figée, se ressaisit rapidement, un rictus de haine se dessinant sur ses lèvres. « Ton fils est un misérable ivrogne, Monica. Et tu ne pourras pas protéger son image aussi longtemps que tu le penses. »
Monica se rapprocha, son visage à quelques centimètres de celui de Victoria . « Ne t'avise plus jamais de parler de mon fils comme ça. » Elle tourna les talons et quitta la pièce, laissant Victoria  seule au milieu des murmures choqués et des regards désapprobateurs.
Ce coup d'éclat ne fit qu'envenimer davantage la situation entre les deux familles. La gifle de Monica était devenue le sujet de conversation de toute la haute société, et les tensions entre les Johnson et les Rockefeller, déjà exacerbées par les événements récents, atteignirent un point de non-retour.
Nayman apprit rapidement ce qui s'était passé. L'incident entre sa mère et Victoria  ne fit qu'aggraver son sentiment de culpabilité. Non seulement il se sentait impuissant face à sa propre douleur, mais il voyait aussi que son mal-être déteignait sur ceux qu'il aimait. Il ne voulait pas être une source de souffrance pour sa mère, ni pour Lauren. Mais il ne savait plus comment inverser le cours des choses.
Seul, assis dans l'obscurité de son appartement, Nayman se servit un verre. L'alcool brûla sa gorge, mais il n'éteignit pas la douleur. Le visage de Lauren lui apparut, souriant à Thomas, et une nouvelle vague de ressentiment l'envahit. Il l'aimait encore, c'était indéniable, mais cet amour se transformait peu à peu en un poison qui le détruisait.
Alors qu'il se perdait dans ses pensées, une question le hantait : pouvait-il vraiment surmonter tout cela, ou était-il condamné à vivre dans cette spirale de haine, d'amour et de regret ? Pour l'instant, la réponse lui échappait, tout comme le contrôle de sa vie. Le verre se vida une fois de plus, mais la douleur, elle, restait, s'accrochant à lui comme une ombre inséparable.