Chapitre 6

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PDV de Rama

Il est 6h du matin et je suis toujours couchée sur le sol entrain de pleurer. Je suis étalée là où ils m'ont laissé hier soir. J'étais tout simplement incapable de me lever. J'étais fatiguée moralement et physiquement. J'avais l'impression que mon corps ne voulait plus du tout supporter mon poids, comme s'il ne voulait plus subir quoi ce que soit.
En juste quelques jours de mariage j'avais l'impression d'avoir vécu 100 ans avec cet homme. Comme si je devais arrêter de vivre à partir de maintenant.

J'ai passé toute la nuit à pleurer, j'avais mal au cou, mal au cœur et mal dans mon âme. J'avais des courbatures partout dans le corps.
C'est fou comment la vie d'une personne peut basculer en juste quelques secondes.
Il y'a un mois je ne me rendais pas compte à quel point j'avais de la chance. Je ne me rendais pas compte à quel point c'était bien de vivre dans la maison de mon père.
Tu te réveilles le matin en toute tranquillité, tu descends dans la salle à manger et ton petit-déjeuner t'attends sagement. Tu ne reçois que de la bienveillance, tu es chez toi, tu as le droit de faire tout ce que tu veux. Tu te sens en sécurité et surtout aimé car tu as tes proches à tes côtés. Personne ne te regarde avec haine ou dédain. Tu es à ta place, tu te sens importante et surtout un membre à part entière de la maison.

En bambara on dit très souvent que : Môkô teh bobara nafa don fo soumouni ka bô ala.
(on ne connaît la valeur de ce que l'on a qu'après l'avoir perdu)
Cet adage prend tout son sens avec la situation que je suis entrain de vivre actuellement.
Je me plaignais quand j'étais dans la maison de mon père, je n'arrêtais pas de dire que je n'avais pas assez de liberté. Qu'est-ce que je n'avais pas d'autre? Rien.
À part le fait que mon père ne voulait pas me laisser sortir toute seule, j'avais le droit de tout faire. Même si je ne pouvais pas sortir toute seule j'avais quand même le chauffeur à ma disposition pour m'emmener où je veux.
Il suffisait que je veuille un nouveau sac, un nouvelle robe ou même un nouveau collier en or pour que mon père me donne de l'argent.
Je n'avais qu'à demander et je le recevais.
Je me plaignais du fait que mon père était énormément autoritaire et qu'il ne me donnait aucun droit. Je me plaignais du fait qu'il ne nous accordait pas assez d'attention et qu'il nous considérait comme ses soldats et non ses enfants.
Je me plaignais sans savoir que j'avais de la chance.
C'est aujourd'hui que je me rends compte que toute cette vie est derrière moi. C'est ma descente aux enfers qui vient de commencer et je ne sais pas quand est-ce que ça va s'arrêter. Je ne sais pas si je pourrais supporter cela. J'ai juste envie de disparaître.

Est-ce normal que je veuille mourir ? Est-ce normal que je demande à Dieu de mettre fin à mon supplice en me coupant le souffle ? Est-ce mal de vouloir que tout s'arrête ? Je me suis couchée hier soir avec l'envie de ne plus jamais me réveiller. Personne ne peut m'en vouloir de chercher la mort à l'heure actuelle.

J'ai pris mon courage à deux mains et je suis parti faire mes ablutions ensuite j'ai prié.
Tout ce dont j'avais besoin maintenant était que tout aille bien et que je puisse obtenir la paix intérieure.
Je ne sais plus pendant combien de temps je suis restée assise sur le tapis. Je n'arrêtais de demander à Dieu pourquoi il laissait de telles choses m'arriver.
Serait-ce une mise à l'épreuve ? Pourquoi je dois subir tout cela? Je ne vais donc jamais connaître le bonheur ? Devrais-je rester dans ce mariage jusqu'à la fin de ma vie? Mes parents finiront-ils par se rendre compte qu'ils m'ont jeté dans la gueule du loup? Et viendront-ils me chercher quand ils se rendront compte de l'enfer que je suis entrain de vivre ici?
Ça je n'en sais rien du tout.

Après un moment j'ai entendu quelqu'un toquer à la porte, j'ai soupiré ensuite je me suis levée pour aller ouvrir en espérant que ce ne soit pas lui. Après ce qu'il m'a fait hier soir, je suis envahie par la peur, je ne sais pas de quoi il est réellement capable.
J'ai cru pendant quelques secondes qu'il allait vraiment me tuer. Si son frère n'était pas venu taper à la porte, je ne sais vraiment pas ce qu'il se serait passé.
Maintenant, je crois que j'ai de sérieuses raisons d'avoir peur de lui. Il vient clairement de me montrer qu'il ne joue pas avec moi et je dois sérieusement prendre ses menaces avec sérieux. Je dois vraiment me méfier de cet homme.

Rama et Hamari : Il ne voulait pas de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant