Faux-semblants et Mascarades

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Le lendemain, la journée passa rapidement.
La soirée brillait de mille feux sous les lustres en cristal du palace parisien où Isabelle Montclair, fidèle à ses habitudes, avait organisé une réception somptueuse en l'honneur du succès de son époux, Paul. Encore un livre qui rencontrait un succès phénoménal, consolidant sa réputation déjà établie dans le monde littéraire. Les Montclair étaient au sommet de leur gloire, et cette réception, où se pressaient hommes politiques, journalistes, et chefs d'entreprise influents, était un témoignage éclatant de leur prestige.

Les invités s'étaient dispersés dans les vastes salons du palace, portant des coupes de champagne aux reflets dorés, échangeant des rires et des discussions feutrées. Isabelle se mouvait avec une grâce innée parmi ses convives, souriant avec assurance à chaque compliment. Son époux, Paul, se tenait un peu plus loin, entouré de journalistes et d'admirateurs, la mine joviale. Il jouait son rôle à la perfection, mais derrière ce masque d'écrivain accompli se cachait un homme qui avait appris à manipuler les mots autant que les gens.

Adrien, lui, nageait comme un poisson dans l'eau dans cet univers de faux-semblants. Élégamment vêtu d'un costume sombre et soigné, il se délectait de l'attention qui lui était portée. Les caméras ne le quittaient pas des yeux, et il enchaînait les interviews, toujours prêt à parler de l'entreprise familiale et du talent incontestable de son père. Le jeune homme savait comment entretenir l'image de la dynastie Montclair, jouant le jeu médiatique avec une aisance calculée.

Pendant ce temps, Julien, bien loin de cette mascarade, se tenait en retrait. Il avait pris une coupe de champagne à son arrivée, mais n'avait guère participé à l'effervescence ambiante. Son regard sombre balaya la pièce, observant sa famille sans un mot. Le contraste entre lui et son frère Adrien n'avait jamais été aussi frappant. Julien se sentait étranger à cet univers brillant, étouffé par les attentes et les apparences. Ce monde ne l'intéressait pas. Il restait là, solitaire, cherchant à éviter les discussions superficielles.

Non loin de lui, Charlotte et son mari s'étaient joints à la réception, comme il se devait. Isabelle adorait son gendre, un avocat influent qui, à ses yeux, représentait la stabilité et le pouvoir. Elle ne pouvait deviner un seul instant le calvaire que vivait sa fille chaque jour. Charlotte, magnifique dans une robe de soie bleue, jouait parfaitement son rôle d'épouse modèle. Personne ne pouvait voir la douleur qui se cachait derrière son sourire. Son mari, froid et distant, restait à ses côtés, serrant des mains et engageant des discussions d'affaires, sans jamais montrer le vrai visage qu'il révélait en privé, derrière les portes closes de leur appartement.

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Pendant ce temps, dans un tout autre décor, Ava était loin de cette soirée mondaine. À l'invitation insistante de Zoé, elle avait accepté de sortir dans une boîte branchée de la capitale. Zoé adorait ces soirées où la musique électro résonnait sous les lumières stroboscopiques, et elle avait convaincu Ava de se joindre à elle pour décompresser après une longue semaine à l'université. La jeune femme n'était pas vraiment à l'aise dans ce genre d'endroit, mais elle avait décidé de se laisser aller, espérant que cette soirée lui permettrait de se changer les idées.

La boîte était bondée, et dès leur arrivée, Zoé l'entraîna sur la piste de danse. Les verres de bière et de cocktails circulaient sans relâche, et rapidement, Pierre, l'étudiant qui passait son temps à courtiser Ava à l'université, apparut parmi les groupes de jeunes qui s'agitaient. Après quelques verres de pintes, Pierre semblait avoir gagné en confiance, ses gestes plus sûrs, ses paroles plus directes. Ava, sentant son regard insistant, s'éloigna légèrement, cherchant une excuse pour sortir prendre l'air.

Mais avant qu'elle ne puisse réagir, Pierre s'approcha d'elle, son visage rougi par l'alcool et l'effervescence de la soirée. Sans avertissement, il l'attrapa doucement par la main et, dans un geste rapide, l'embrassa sur la bouche.

Ava, choquée et dégoûtée, le repoussa immédiatement. Son regard se durcit, et sans réfléchir, elle lui administra une gifle retentissante qui coupa court à toute l'agitation autour d'eux. Un silence se fit autour d'eux pendant une fraction de seconde, avant que la musique et les rires ne reprennent de plus belle.

« Qu'est-ce qui te prend ? » s'exclama Pierre, visiblement sous le choc de la réaction d'Ava.

Elle ne répondit pas, tournant les talons pour quitter la boîte. Le cœur battant à toute allure, elle se fraya un chemin à travers la foule pour sortir dans la rue. Zoé la rattrapa à la sortie, essoufflée et légèrement contrariée.

« Ava, attends ! » cria-t-elle en s'approchant d'elle. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu exagères ! Pierre est mignon, et il ne voulait pas te faire de mal. Tu devrais en profiter un peu, tu sais. »

Ava la regarda, incrédule. « Profiter ? Zoé, il m'a embrassée sans mon consentement ! Je ne suis pas intéressée par lui, et encore moins par ce genre de comportement. »

Zoé, toujours insouciante, haussa les épaules. « Tu es trop dure. Il faut parfois lâcher prise et t'amuser un peu. Ce n'était qu'un baiser, pas la fin du monde. »

Mais Ava, profondément ébranlée par l'attitude de Pierre et l'indifférence de son amie, secoua la tête. « Je ne peux pas accepter ça. Si pour toi, c'est normal, je suis désolée, mais pour moi, ça ne l'est pas. »

Elle tourna les talons et s'éloigna dans la nuit parisienne, laissant Zoé derrière elle, confuse. Ava savait qu'elle avait pris la bonne décision. Elle ne voulait pas faire de compromis sur qui elle était, ni sur ce qu'elle attendait des autres. Ce soir-là, alors qu'elle marchait seule dans les rues éclairées de Paris, elle se rendit compte à quel point elle avait changé depuis son arrivée dans cette ville. Paris, avec toutes ses promesses et ses pièges, l'avait forcée à grandir, à se connaître davantage.

Mais alors qu'elle continuait son chemin, une pensée lui traversa l'esprit. Et Julien, dans tout cela ?

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