Un Week-end en Préparation

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Le lendemain de la réception, Paul Montclair et Adrien se retrouvaient dans le bureau feutré de leur maison d'édition, Les Éditions Montclair. Le soleil pénétrait à travers les fenêtres, illuminant les piles de manuscrits éparpillés sur la grande table en acajou. Paul, un cigare à la main, feuilletait distraitement des dossiers tandis qu'Adrien, les sourcils froncés, évoquait les dernières décisions à prendre pour les publications à venir.

« Les ventes sont excellentes pour le moment », dit Adrien, tout en consultant un tableau de statistiques sur son téléphone. « Mais il va falloir maintenir l'engouement autour de notre prochaine sortie. »

Paul hocha la tête. « C'est pour ça que je compte sur toi. Tu as ce talent pour gérer les aspects stratégiques de l'affaire. »

La conversation glissa doucement vers Julien. Paul, agacé, ne put s'empêcher de l'évoquer.

« Comme d'habitude, Julien s'est tenu en retrait hier soir. Il ne comprend toujours pas l'importance de ces événements. »

Adrien sourit légèrement. « Il n'a jamais été à l'aise avec notre monde. Peut être qu'il se complaît dans son rôle de marginal. »

Paul soupira. « Il est pourtant de notre sang. Un jour, il devra comprendre qu'il a un rôle à jouer ici. Les Éditions Montclair ne peuvent pas reposer uniquement sur toi. »

Alors qu'ils échangeaient sur leur cadet, George Delacroix, leur ami de longue date, fit son entrée. Son charisme naturel emplit aussitôt la pièce, et il félicita Paul pour son nouveau succès littéraire. Les discussions s'enchaînèrent, et George lança une nouvelle qui piqua Adrien au vif.

« Ma fille, Josefina, est de retour d'Italie. Elle a toujours eu un faible pour Julien, tu le sais bien. Peut-être serait-il temps qu'elle tente de le reconquérir. »

Adrien, tout en gardant un sourire poli, ne put réprimer une pointe de jalousie. Il serra les poings discrètement. Mais, comme toujours, il garda son calme.

Plus tard dans l'après-midi, Julien retrouva Ava dans un petit parc parisien. L'air frais et le bruit des feuilles sous leurs pas apportaient une certaine légèreté à l'atmosphère. Assis sur un banc, chacun une glace à la main, ils commencèrent à discuter de tout et de rien.

« Tu étudies quoi, au fait ? » demanda Julien, curieux, tout en léchant sa glace.

« Je suis en études d'infirmière », répondit Ava avec un sourire, ses yeux bleus brillants d'un mélange de fierté et de douceur. « J'ai toujours voulu être proche des gens, les aider. »

Julien hocha la tête, admiratif. « C'est un très beau métier. Moi, je n'ai jamais su vraiment ce que je voulais faire... sauf peut-être écrire. »

« Écrire ? » s'étonna Ava, surprise. « Qu'est-ce que tu écris ? »

« Des histoires, surtout. Mais j'ai du mal à m'y tenir. C'est plus un rêve qu'une réalité pour l'instant », avoua-t-il en haussant les épaules.

Leur conversation continua ainsi, légère et fluide, mais Julien ne tarda pas à remarquer une ombre passer sur le visage d'Ava. Elle semblait soudain mélancolique, les traits de son visage s'étaient légèrement durcis.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Julien, la voix douce.

Ava baissa les yeux avant de répondre. « Parfois, parler de mes études me rappelle des choses... Mon grand-père. Il était tout pour moi. Un vieux pêcheur, un homme simple mais sage. Il m'a élevée dans le sud de la France, et il me parlait souvent de ses origines sardes, de sa vie là-bas, des légendes de son île. Il est parti il y a quelques années, mais je pense souvent à lui. »

Julien écouta en silence, touché par la sincérité des mots d'Ava. Il sentait combien ce lien avec son grand-père était important pour elle, et cela éveilla quelque chose en lui.

« Et... tu es déjà allée en Sardaigne ? » demanda-t-il doucement.

« Non, jamais. Mon grand-père voulait m'y emmener, mais... il est parti trop tôt », répondit-elle, une lueur de tristesse dans le regard.

Touché par cette confidence, Julien eut soudain une idée. « Alors... pourquoi ne pas y aller ? »

Ava leva les yeux, surprise. « Y aller ? »

« Oui. Un week-end, toi et moi. On pourrait découvrir l'endroit ensemble, rendre hommage à ton grand-père, d'une certaine manière. Qu'en dis-tu ? »

Ava hésita, ses pensées tourbillonnant. « Ça me plairait, mais... si on y va, je veux que Zoé vienne aussi. C'est ma meilleure amie, et je ne fais rien sans elle. »

Julien éclata de rire. « D'accord, marché conclu ! Et dans ce cas, je vais aussi inviter Maxime, mon meilleur pote. »

Ava sourit, son humeur s'illuminant à nouveau. « Ça pourrait être un voyage intéressant, alors. »

Leur éclat de rire léger emplit l'air du parc, alors que le projet d'un week-end en Sardaigne prenait forme. Ce moment semblait marquer un tournant dans leur relation, renforçant un lien qui ne faisait que s'intensifier.

Les Échos du Destin Where stories live. Discover now