Entre Deux Mondes

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Ava se leva avant l'aube, comme à son habitude, pour profiter du calme qui précède l'agitation de la journée. La ville de Paris s'éveillait doucement sous ses fenêtres. Après avoir rapidement avalé un café, elle enfila un pull beige en laine et un jean ajusté, une tenue simple mais confortable, adaptée à ses longues journées entre les cours à l'université et ses stages à l'hôpital.

À l'université, Ava était une élève studieuse, toujours concentrée sur ses études de médecine. Sa rigueur et sa détermination faisaient d'elle une étudiante respectée de ses professeurs, mais aussi de ses camarades. Sa meilleure amie, Zoé, une jeune femme brune aux grands yeux rieurs, partageait avec Ava la même passion pour les soins infirmiers. Bien que plus espiègle et désinvolte, Zoé était d'un soutien indéfectible pour Ava, les deux jeunes femmes formant un duo inséparable.

Dans les couloirs de l'université, Ava attirait souvent l'attention. Avec sa longue chevelure blonde aux reflets dorés et ses yeux bleu perçant, elle ne passait jamais inaperçue. Mais il y avait surtout Pierre, un étudiant de leur filière, qui semblait avoir pris l'habitude de la courtiser à chaque occasion. Grand, sportif, il passait son temps à lui faire des remarques flatteuses et à la taquiner gentiment.

« Ava, tu ne penses pas qu'on devrait réviser ensemble ce week-end ? » lança-t-il avec un sourire charmeur alors qu'ils sortaient du dernier cours de la matinée.

Zoé, amusée, ne put s'empêcher de rire. « Il est vraiment incorrigible, celui-là, » murmura-t-elle à Ava tout en rangeant ses affaires dans son sac.

Ava sourit poliment mais préféra ignorer l'invitation. Elle savait que Pierre n'était pas méchant, mais elle n'avait ni le temps ni l'envie de s'engager dans une quelconque relation, surtout alors que ses études exigeaient toute son attention. Sa priorité restait la même : réussir son cursus et se construire une vie à la hauteur de ses ambitions.

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Pendant ce temps, de l'autre côté de Paris, Paul Montclair, le patriarche de la famille, se préparait pour une grande apparition à la télévision. Son dernier roman, un véritable best-seller, faisait parler de lui partout, et les journalistes littéraires se l'arrachaient pour des interviews. Assis dans une loge luxueuse, il ajustait son costume noir parfaitement taillé avant de rejoindre le plateau.

La présentatrice l'introduisit avec enthousiasme, vantant son succès et son talent incontesté.

« Monsieur Montclair, votre nouveau livre est déjà un triomphe, comme tous les précédents. Dites-nous, qu'est-ce qui vous inspire tant dans vos écrits ? »

Paul sourit de son sourire calculé, celui qui charmait tant le public, mais derrière ses yeux, il y avait un homme froid, calculateur, obsédé par son image et son statut. Les mots qu'il prononça étaient aussi parfaitement maîtrisés que son apparence, et son discours enchantait les spectateurs. Pourtant, ce succès littéraire, aussi éclatant soit-il, cachait des zones d'ombre que personne ne soupçonnait.

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Charlotte, la sœur cadette de Julien, vivait quant à elle une vie bien différente de celle de ses frères. Son appartement dans le 16e arrondissement de Paris, vaste et décoré avec goût, respirait le luxe. Chaque détail, des œuvres d'art accrochées aux murs aux meubles design, témoignait de l'aisance financière de son mari, un avocat puissant dans le milieu des affaires. À première vue, Charlotte semblait avoir tout pour être heureuse : une carrière prometteuse dans l'art contemporain, une belle maison, un mari influent. Mais la réalité était bien plus sombre.

Son époux, bien que charmant en public, était un homme violent en privé. Les disputes éclataient régulièrement et, parfois, dégénéraient en actes brutaux. Charlotte, marquée physiquement et émotionnellement, souffrait en silence. Elle ne voulait pas que sa famille, surtout ses parents, découvrent la vérité. La honte et la peur de briser l'image parfaite des Montclair la retenaient de parler.

Ce soir-là, après une nouvelle altercation, elle se retrouva seule dans le grand salon vide, contemplant les lumières de la ville à travers les larges baies vitrées. Elle se demandait combien de temps encore elle pourrait supporter cette situation, sans jamais oser prendre une décision qui changerait tout.

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Pendant ce temps, dans un coin plus modeste de la capitale, Julien s'était réfugié dans une librairie qu'il fréquentait régulièrement. Ses mains glissaient distraitement sur les couvertures des livres, son esprit ailleurs. Depuis leur première rencontre, il ne cessait de penser à Ava. Il avait espéré la croiser de nouveau, et ce soir-là, le destin semblait lui sourire.

En avançant dans les rayons, son regard se posa sur une silhouette familière : Ava, plongée dans la lecture d'un roman, un air concentré sur son visage. Elle portait une veste en cuir brun et une écharpe légère enroulée autour de son cou, les cheveux légèrement ébouriffés tombant sur ses épaules.

Julien s'approcha doucement, hésitant. Il n'était pas habitué à ce genre de rencontres spontanées, mais quelque chose chez Ava l'attirait inévitablement. Il se racla légèrement la gorge pour attirer son attention.

« Salut, » murmura-t-il, les mains dans les poches de son manteau.

Ava releva la tête, surprise mais souriant en le reconnaissant. « Julien, c'est ça ? »

Il hocha la tête, un sourire timide aux lèvres. « Oui, je me demandais... Tu as faim ? Je connais un McDo pas loin, si tu veux qu'on prenne quelque chose à manger. »

Ava fut un peu déconcertée par l'invitation, mais sa spontanéité lui plaisait. « Pourquoi pas ? »

Ils quittèrent la librairie ensemble, échangeant des plaisanteries et des anecdotes légères sur la littérature et leurs vies respectives. En marchant dans les rues animées de Paris, Julien se sentait étonnamment à l'aise en sa compagnie. Ils arrivèrent finalement au McDonald's, un contraste surprenant avec les lieux plus chics qu'il fréquentait habituellement. Mais ce soir, cela n'avait pas d'importance.

Installés à une table près de la fenêtre, ils continuèrent à discuter. Julien, pourtant peu loquace en général, se surprit à lui poser des questions, désireux d'en savoir plus sur elle.

« Alors, comment tu t'appelles ? » demanda-t-il enfin, réalisant qu'ils ne s'étaient jamais présentés formellement.

« Ava, » répondit-elle avec un sourire, ses yeux bleus pétillant de malice. « Et toi, c'est bien Julien, non ? »

Il hocha la tête, un peu gêné. Ils échangèrent alors leurs numéros de téléphone, un geste simple mais qui marqua le début d'une connexion plus profonde. Ce soir-là, en quittant le restaurant, Julien sentait qu'il venait de franchir une étape importante. Pour la première fois depuis longtemps, il avait l'impression d'avoir trouvé une personne capable de voir au-delà des apparences, au-delà du poids de sa famille et de ses propres doutes.

Et alors que la nuit tombait sur Paris, chacun rentra chez soi avec le sentiment que cette rencontre, aussi anodine qu'elle pouvait paraître, était le début de quelque chose de plus grand.

Les Échos du Destin Where stories live. Discover now